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11/05/2009
"Les arbres, ça vous réconforte toujours, après les gens."
"Treize ans, c'est un âge misérable." Surtout quand on bégaie, que vos condisciples vous harcèle et que vos parents se disputent, de manière feutrée certes, mais bon, Jason n'est pas dupe : " Les questions ne sont pas juste des questions. ce sont des munitions." Heureusement il y la poésie où l'enfant peut exprimer exactement ce qu'il veut et la forêt. Cette dernière prend parfois des aspects à la limite du fantastique et Jason y fait des rencontres tour à tour effrayantes, chaleureuse ou drôles car il a le chic pour se fourrer dans des situations délicates !
Tout cela pourrait être empesé de pathos mais David Mitchell, sait à la fois jouer sur le rythme haché du récit, utilisant l'ellipse ou arrêtant l'action juste au moment où elle pourrait devenir trop poignante, et sur le style allègre. Les situations sont souvent fort drôles, même si la violence est présente, Jason entendant des conversations intimes bien involontairement mais n'étant pas toujours capable de les décrypter.Le tout sur fond de tubes des eigties , kate Bush en tête, mais aussi de politique Thatchérienne, dont les échos rythment le récit.
L'auteur, parce que son alter ego est poète glisse aussi quasi subrepticement des notations poétiques qui sont autant de petites pépite qui illuminent le roman: "Le feu c'est le soleil qui se dévide d'une bûche." Bref, David Mitchell confirme ici tout le bien que je pensais de lui après avoir lu Ecrits fantômes. (pas de billet).
David Mitchell, Le fond des forêts, Editions de l'Olivier. 474 pages délicieusement britanniques.
Merci Cuné !
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : le fond des forêts, david mitchell, roman d'apprentissage, poésie, humour british
10/05/2009
"On a nulle part. On a rien."
Dans un mois, Todd aura treize ans. Dans un mois, il sera un homme. Il vit à Prentissville, unique ville du Nouveau Monde, un monde tout bruissant des pensées des êtres vivants, un monde sans femmes.Mais une découverte dans les marais va précipiter Todd dans une course effrénée pour sauver sa vie ...
Roman initiatique, SF mâtinée de western, La voix du couteau n'avait a priori rien pour me plaire. Et pourtant, cet anti-héros, parfois agaçant, cet adolescent qui aimerait juste "que ce monde ait un sens , de temps en temps, si ce n'est pas trop demander..." a su m'embarquer dans ses aventures, dans cet univers où les femmes ont un statut si particulier, où la violence est érigée en mode de vie, où la manipulation règne en maître, où la religion a été pervertie, mais un monde aussi où subsistent malgré tout des ilôts d'amitié et de solidarité.
Si le récit, rempli de péripéties, a su me tenir en haleine, j'ai aussi beaucoup apprécié la manière dont l'auteur rend compte de la manière si particulière de communiquer des habitants de cette planète qui perçoivent de manière continue le flot de pensées des êtres vivants qui les entourent, ce Bruit, comment ils y font face, comment ils s'en servent ...
L'orthographe, la syntaxe fautives du héros accentuent l'aspect mal dégrossi de l'adolescent qui, certes pêche du point de vue scolaire, mais a plus d'un tour dans son sac pour se tirer d'affaire, ce qui ne peut que plaire aux adolescents à qui est destiné ce livre.
Un vraie découverte donc mais une légère frustration:devoir attendre la parution des deux prochains tomes!:)
La voix du couteau, Patrick Ness, gallimard jeunesse, 441 pages palpitantes. (à partir de 13 ans)
L'avis de Fashion.
Celui de Lael
Ps: Ferdi l'a commencé avec beaucoup d'intérêt. Affaire à suivre:)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : la voix du couteau, patrick ness, sf, western, homme femmemode d'emploi, roman pour adolescents
09/05/2009
"En son fort intérieur , l'esprit ne demande qu'à être trompé."
Alternant le récit de captivité d'un otage américain au Liban, et celui de la construction d'une caverne virtuelle qui veut créer l'illusion par l'immersion dans des images et des sons, L'ombre en fuite interroge notre rapport à la réalité, confronte les illusions qui nous entourent.
Livre, ordinateur, chacun à leur façon sont utilisés par l'homme pour créer de l'illusion et pour Richard Powers un livre est "un monde fabriqué, astucieux" auquel l'otage se raccroche pour ne pas sombrer définitivement dans la folie ; d'un autre côté, "Grâce au logiciel, la chose et sa description ne font plus qu'une . Si tu peux apprendre à dire un objet, tu peux en quelque sorte le fabriquer à même la syntaxe."
La manière dont s'effectue la "rencontre" des deux univers évoqués, celui des fondus d'informatique, au jargon souvent impénétrable pour la profane que je suis et celui de l'otage, beaucoup plus parlant et émouvant, m'a complètement dépassée. J'aime souvent être déroutée mais pour ma première lecture de Richard Powers j'avoue qu'il m'a fallu du temps pour me laisser embarquer dans cet univers virtuel de la caverne. Le personnage d'Adie, cette artiste qui a renié son talent artistique, a cependant su me toucher, elle apporte en effet un soupçon de fraîcheur en jouant le rôle du Candide qui se prend finalement au jeu...
Beaucoup de virtuosité mais une virtuosité qui trop souvent étourdit le lecteur et le laisse un peu désemparé.
L'ombre en fuite, Richard Powers, le cherche-midi éditeur.
L'avis de Cuné.
Celui de d'Amanda .Keisha , Leiloona ,
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : richard powers, l'ombre en fuite
08/05/2009
"On est ni plus ni moins qu'à l'hôtel des coeurs brisés et je suis logée à la suite Lacrymale"
"Nom d'un crabier chinois à ventilation intégrée. J'ai le battant qui fait des huit."On la comprend Georgia : ces vacances s'annoncent pour le moins mouvementées. Jugez-en : son amoureux le sublimo Massimo est parti au pays Au-pays-de-la-mozarella-et-tomates-à-là et les parents de notre héroïne refusent de lui octroyer les 500 misérables livres qui lui permettraient de rejoindre El sublimo !Il est vrai que Muti et Vati sont plutôt à couteaux tirés...Pour parachever le tout , Angus le chat terreur des facteurs, le chat qui chasse l'automobile plus hardiment que la souris, vient de se faire écraser ! On comprend que Georgia en ait "le cervelet qui dépose l'arrêt de travail" !
Ayant lu au fur et à mesure de leur sortie les sept premiers tomes de l'hilarante série des Georgia Nicolson, il m'a cependant fallu un petit temps de réadaptation au sabir si particulier de la bougresse.Mais ensuite quel bonheur ! Mêlant petits mots de français , d'allemand et d'italien disséminés de -ci de- là, néologismes qui fleurent bon leur Ségolénitude, mots anciens ,argot, expressions toutes faites mais revisitées à la sauce synonymes, images perso particulièrement percutantes, jurons utilisant au sens propre des noms d'oiseaux, cette créativité est tout simplement réjouissante ! Saluons au passage le talent de la traductrice, Catherine Gibert , qui sait garder le nord face à cette déferlante purement Georgiesque !
Retrouver les personnages a été aussi un vrai plaisir et mon petit coeur a palpité plus fort quand je me suis inquiétée du sort de mon chat de roman préféré...*
Bref, un vrai bonheur de lecture et comme Georgia, grâce à ce livre je peux dire : "J'ai la jauge à joyeuseté qui remonte sensiblement."
Le coup passa si près que le félidé fit un écart. Louise Rennison, Gallimard. 254 pages top marrades.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : le journal intime de georgia nicolson tome9, louisse rennison, angus le chat-rottweiller
07/05/2009
"Je voulais vivre, moi."
Après La mère horizontale où s'exprimait la fille mourante, c'est au tour d'Emma la "mauvaise mère" assumée de prendre la parole aux derniers jours de sa vie.
S'adressant à sa fille disparue,Emma déclare: "Je fouille, je brasse et je déterre les éléments pour le procès que tu ne m'as pas fait." Et d'expliquer pourquoi, prise d'une frénésie de plaisir,"mon désir dévorant de jouir hors des consignes" elle a abandonné ses premiers enfants pour se livrer aux plaisirs de la chair , en bonne baby-boomer qu'elle était.
Evidemment, ce personnage ne peut que paraître antipathique de prime abord mais sa franchise sans fard finit non pas par emporter l'adhésion du lecteur mais du moins par lui inspirer un certain "respect" pour cette femme qui affirme: "En fouillant, en te racontant ce que j'exhume, je viens à ta rencontre, je te tends la main."
Et qu'on m'emporte s'exclame la mourante, qui, même battue par la maladie, fait preuve de sursauts de son énergie indomptable.
Un roman où l'on retrouve avec plaisir l'écriture à la fois fine et puissante de Carole Zalberg.
Et qu'on m'emporte, Carole Zalberg, Albin Michel, 131 pages frémissantes.
Le blog de l'auteure
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : carole zalberg, et qu'on m'emporte, famille de femmes
06/05/2009
Ya un zazou au Paraguay !
Transplantez un zazou de 1946, sorte de Candide accompagnant un philosophe en mission dans une communauté vivant à la manière de Kant et vous obtiendrez un décalage tout à la fois détonant et plein d'humour !
Utilisant le personnage de Jean-Baptiste Botul,philosophe qui n'a laissé aucun écrit, pour résoudre le problème qui se pose à ces habitants hors du monde et du temps : "to fuck or not to fuck" pour rester dans la ligne kantienne, Paul Vacca réussit avec verve et jovialité un roman où la philosophie devient un aimable mode de vie, pas du tout indigeste.
Truffé de citations littéraires adaptées "Qu'allait-il faire dans cette charrette ? ou cinématographiques "Mon nom est Botul, Jean-Baptiste Botul", de paroles de chansons,l'auteur en profite au passage pour nous donner un petit cours de cinéma, ce roman revisite une flopée de titres de films célèbres, mêlant ainsi les époques mine de rien , pour le plus grand plaisir de son lecteur avec qui il établit une complicité des plus sympathiques.
On suit sans aucun mal de tête les argumentations de Botul, on admire le sens de la formule: "Un ennui abyssal suintait de cette uniformité proprette.", on suit avec plaisir l'évolution du héros, bref on s'amuse autant que l'auteur . Si un jour on m'avait dit que la philo pouvait être aussi agréable !
Nueva Könisberg, Paul Vacca, Editions Philippe Rey.210 pages malicieuses. Sortie le 7 mai.
L'avis de Bellesahi, celui de Keisha, de Lily.
Du même auteur, avec un tout autre ton mais tout aussi bon, c'est ici !
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : paul vacca, nueva könisberg, zazou, jean-baptiste botul to fuck or not to fuck?
05/05/2009
"L'essentiel était l'authenticité."
La mort de Peter Hansome va causer bien de la peine : à sa femme, à sa maîtresse et au bel iranien venu se réfugier chez la veuve officielle, Bridget.
Traité à la française ce point de départ donnerait au mieux un vaudeville sautillant, au pire une gaudriole grasse. A l'anglaise , cela nous donne un roman explorant toutes les combinaisons du chiffre trois, roman plein d'humour et de surprises où l'on rencontrera un ramoneur amateur de poésie, un spectre revenu discuter avec sa veuve, un artiste bourru, un pasteur lubrique et une voisine pleine de ressources.
Et si vous revez d'un bon crêpage de chignon entre l'a veuve et la maîtresse, passez votre chemin car "la simplicité constituait l'un des traits saillants de sa personnalité [il s'agit de Bridget], au point que certains la jugeaient brutale."
Au fil du roman, les couples se font et se défont, en combinaisons pas si improbables que cela, comme les pièces d'un kaléidoscope. Mon seul regret ? Que mon personnage préféré ne trouve pas la sérénité dans les bras de celui qu'elle aime...
Trois et caetera, Salley Vickers, Jean-Claude Lattès 2003, 348 pages pétillantes
Du même auteur : c'est ici !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : trois et caetera, salley vickers, humour anglais, apparences, trois et plus si affintés
04/05/2009
"Nous recommençons, nous n'abandonnons jamais." Lars Gustaffson, La mort d'un apiculteur.
Une petite fille disparaît sur une plage, dans le brouillard, alors qu'elle était sous la responsabilité de sa future belle-mère,Abby, une jeune photographe.
La narratrice , Abby, va passer L'année brouillard à chercher avec obstination cette petite Emma, faisant fi de la police et du père de l'enfant qui ont baissé les bras. Elle sortira meurtrie mais grandie par cette quête.
Même s'il envisage avec minutie les conséquences psychologiques de cette disparition traumatisante entre toutes, le roman de Michelle Richmond est surtout l'occasion d'une réflexion sur le temps et la mémoire. Ce n'est pas un hasard si la narratrice est photographe et si elle va mettre sa mémoire visuelle "à la torture " pour retrouver le moindre indice, même si "On ne peut se fier à sa mémoire. Elle est trop influencée par nos désirs et nos émotions."
L'aspect policier de ce roman est très vite gommé - d'ailleurs j'avais très vite deviné qui était impliqué dans cette affaire- et j'ai davantage été intéressée par la quête faite de "clairvoyance et de persévérance" d'Abby, aidée par une bibliothécaire" qui croit que nous pouvons être sauvés par les livres ."
Un roman riche et foisonnant très loin du sirupeux Aussi profond que l'océan (roman et film), qui abordait quasiment le même thème.
Michelle Richmond, l'année brouillard, Bucher-Chastel.506 pages denses et passionnantes.
L'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : michelel richmond, l'année brouillard, disparition d'une enfant, temps, souvenir, obstination, mémoire
03/05/2009
Tag à tag
Vu chez Cuné, Amanda et Fashion, un tag qu'on prend plaisir à compléter...
Un plaisir des yeux ?
Les Van Gogh à Amsterdam, un vrai choc.
Une balade,un repas, avec des amis que l'on n'a pas vus depuis longtemps.
Un plaisir d'enfance ?
Aller chercher un volume de la série "Fantômette" chaque dimanche matin à la maison de la presse.
Un plaisir odorant ?
L'odeur de foin dans la fourrure de mon chat.
Un plaisir égoïste ?
Etre seule à la maison.
Un plaisir de l'oreille ?
Massacrer du Kate Bush dans la voiture, (et danser en même temps , tant qu'à faire( oui ,la folle qui gesticule dans sa voiture c'est moi!)
Un plaisir charnel ?
Top secret.
Un plaisir inconnu ?
Une thalasso
Un plaisir du goût ?
Découvrir une nouveauté et être transportée.
Un plaisir anachronique ?
Lire de la poésie ?
Un plaisir qui ne coûte rien ?
Marcher pieds nus dans l'herbe.
Un plaisir hors de prix ?
Découvrir l'Islande.
Un plaisir défendu ?
Dire ce que l'on pense...
Un plaisir à venir ?
Installer ma méridienne dans la cuisine (vint-cinq ans que j'attends ce moment !)
Un plaisir du toucher ?
Masser (mon homme, mon chien, mon chat( les autres fuient) )ou me faire masser.
Un plaisir de l'esprit ?
L'humour british
Un plaisir narcissique ?
Et éphémère : la sortie de chez le coiffeur (quand c'est réussi !:))
Un plaisir simple ?
Prendre le thé dans mon jardin.
Prend la suite qui veut...
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : tag, pour le plaisir
02/05/2009
"Heureuse ,aussi, que la vie ait ses côtés moches, sales, qui rendent la perfection plus supportable."
Trente ans que Nell, oenologue accomplie, n'a pas mis les pieds en Irlande où vivent sa fille, Ali et sa petite fille, Grace. En femme indépendante et qui a réussi sa vie, Nell ,qui chérit pourtant les femmes de sa famille , les protège et les fait régulièrement venir en France où elle s'est installée , entend bien néanmoins maintenir une distance entre elle et le reste du monde. Son vieil amoureux, Henri risque aussi d'en faire les frais, alors qu'il lui annonce qu'il va quitter son épouse, ce que Nell ne lui a jamais demandé de faire.
Un coup de fil nocturne va tout faire basculer et obliger notre héroïne à affronter un passé dont témoignent Les Pierres de mémoire., ces pierres que sa propre mère ramassait à chaque moment important de sa vie.
Avec ce roman, je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Kate O'Riordan, commencée ici avec un énorme coup de coeur et je ne suis pas déçue. J'y ai retrouvé la finesse de l'analyse psychologique, ici des relations qui unissent cette famille matrilinéaire, et une construction habile qui distille révélations et rebondissements. La tension dramatique est soutenue et les personnages sont plein de facettes. Le style est à la fois charnel et poétique, avec de superbes descriptions de la pluie irlandaise , ou plutôt des pluies, comme l'auteure s'attache à le préciser. Aussi attachant et chaleureux que le pub où se déroule une grande partie de l'action.
Kate O ' Riordan, Pierres de mémoire, Editions Joëlle Losfeld.347 pages apaisantes.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : pierres de méméoire, kate o'riordan, irlande, femmes, relations mère fille