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21/05/2009
La maison en chantier, éloge du plâtre, de la poussière et du pot de peinture
Allez savoir pourquoi le mot "éloge" (malgré de nombreuses déconvenues made in folio,2 euros) exerce sur moi un attrait irrépressible. Quand, de plus, lui sont accolés des mots aussi incongrus que "plâtre " et "poussière", ma curiosité est aussitôt mise en éveil et je craque bien évidemment!
Bien m'en a pris car si en matière de chantier (et non de bricolage ou rénovation, comme le précise l'auteure) je ne fais que subir et non agir, j'ai été totalement conquise par le texte de Christine Brusson.
Comme elle le souligne "Rares sont les travailleurs manuels qui écrivent" et on pourrait ajouter :d'une manière aussi originale , poétique et iconoclaste qu'elle.
Parce qu'elle s'est elle même consacrée à cet art du chantier après des études de lettres et d'architecture , l'auteure -qui a par ailleurs rédigé Rénovation intérieure de A à Z- a donc toute légitimité pour nous parler de manière pratique (schémas à l'appui), mais aussi vivante et charnelle des liens qui unissent le corps humain, la maison et le monde.
Dans ce court livre, composé de 64 chapitres mêlant références littéraires-une petite sélection de livres clôt le texte-architecturales , poétiques , Christine Brusson , balaie les idées reçues,dédramatise le chantier, nous montre tout ce qu'il lui apprend et nous transmet son "même amour passionné des livres et des maisons".
Elle nous dit la matière (très belles pages à la fois instructives et poétiques sur le plâtre et la poussière), le rapport au corps , à la vie, à tout ce qui s'inscrit dans les maisons et en nous. "Mettez-vous au travail. Commencez par planter un clou, puis deux , puis dix. Vous verrez, cela ira de mieux en mieux. De mieux en mieux, je vous assure". Et on a envie de la croire tant son énergie est contagieuse.
Un livre total, où l'humour et la sensualité se faufilent, -qui aurait pensé que le chantier donnait envie de faire l'amour ?-,un livre où piocher citations à l'envi , tant sur la chantier que sur une pratique de vie et de liberté. Un livre charnel et puissant qui va m'accompagner longtemps, je le sens car après l'avoir lu et corné abondamment, je vais régulièrement y piocher au hasard et recorner sans vergogne de nouvelles pages...
Christine Brusson, La maison en chantier, éloge du plâtre et de la poussière et du pot de peinture.
Editions des Equateurs, 200 pages intenses.
A propos du mot chantier: "Il évoque un lieu interlope empli de matériaux et d'outils, où le corps, oublieux de lui-même et du temps, avec générosité, s'use et s'amuse."
"Les maisons ressemblent aux arbres. On s'y hisse pour s'y cacher.
On sent cela dans les romans : les maisons sont des personnages. Chez Dickens, par exemple, écrit l'architecte danois Rasmussen, "les maisons et les intérieurs acquièrent de façon démoniqaue une âme correspondant à celle des habitants."
Oui, elles abritent une âme, ou quelque chose qu'on peut nommer ainsi, une conscience. Elle est là, elle vous regarde dans les coins d'ombre, la lumière de midi, l'élégance des courbes où tremblent les rideaux de mousseline, le vent dans la cheminée, la présence et l'absence des gens aimés. On pense à ceux qui ont habité là avant nous.Parfois dans une pièce, d'où vient cette impression que quelqu'un nous regarde ? "
06:05 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christine brusson, poésie, chantier, réflexion, matières, maison
20/05/2009
Refaire le monde .
Les trajectoires professionnelles de Greenie, pâtissière émérite, et celle de son mari, thérapeute à Greenwich village, suivent des trajectoires tout à fait opposées: plus la clientèle de la pâtissière augmente, plus celle de son mari diminue...Le sentant s'enliser dans une mélacolie incompréhensible, la jeune femme va accepter une offre de travail pour le gouverneur du Nouveau-Mexique et partir à l'autre bout du pays avec son jeune fils George.
Ce départ va alors déclencher toute une série d'événements incontrôlables.Centré autour de la crise de ce couple, Refaire le monde présente toute une galerie de personnages pittoresques qui, comme dans le précédent roman de Julia Glass (billet ici) vont se croiser, se rencontrer et former ainsi une constellation des plus sympathiques. Il y a là Walter, l'ange gardien de Greenie , ses amours malheureuses, son bouledogue Le Bruce et son neveu Scott, musicien à ses heures, mais aussi Saga une jeune fille qui souffre de la perte de sa mémoire et toute une kyrielle de second rôles tout aussi attachants, dont un amoureux qui offre des briques ! On y retrouve aussi , dans un rôle moins central, le libraire Fenno et son oiseau pittoresque.
Julia Glass s'attache à chacun d'eux (et nous avec elle) et les fait évoluer sous son regard bienveillant, sachant dénicher en chacun d'eux l'étincelle qui le fera échapper au cliché (et Dieu sait que cela aurait été facile en particulier avec le Gouverneur haut en couleurs !).
Elle peint aussi , avec sensibilté ,un monde qui connaît une mutation brutale, choisissant pour cela d'évacuer tout pathos et se concentrant sur la vie quotidienne des gens et leurs émotions.
Comme Walter et Greenie, à la fin de ces 700 pages qu'il faut prendre le temps de savourer, le lecteur peut à son tour déclarer : "...Ils ont passé tant d'heures au téléphone, partagé tant d'émotions, de bouleversements, les meilleurs comme les pires, qu'ils sont à présents liés par une incomparable connivence."
Un livre choral réconfortant.
Julia Glass Refaire le monde, traduit de l'anglais par Sabine Porte, Editions des deux terres, 700 pages savoureuses.
06:05 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : refair le monde, julia glass, amour et pâtisserie
19/05/2009
"Je ne suis plus qu'un occupant du monde."
C'est à une expérience étrange que nous convie Olivia Rosenthal dans son texte On n'est pas là pour disparaître : écrire sue la maladie de A.; Comprendre Alzheimer. D'autant que l'auteure l'annonce d'emblée : écrire sur cette maladie est voué à l'échec.
Partant d'un fait-divers tragique: Un malade, Monsieur T. atteint de cette dégénérescence a poignardé sa femmee de cinq coups de couteaux, Olivia Rosenthal mêle réflexions, exercices qui interpellent le lecteur, informations sur la biographie d'Alzheimer, ainsi que son histoire personnelle à elle.
Une écriture qui va au plus près de nos peurs et de nos sensations et dont les "blancs" permettent de mimer ce qui est affirmé dans cette phrase:
"Je suis constitué de fragments très distincts et séparés les uns des autres par de grands vides."
A tenter.
Olivia Rosenthal, on n'est pas là pour disparaître, Folio, 234 pages qui interrogent.
L'avis de Laure
Celui d'Antigone
de Lily
De la bibliothèque du dolmen
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : on n'est pas là pour disparaître, olivia rosenthal, alzheimer, mémoire
18/05/2009
L'année du bac
Année du bac pour Linnea. Année où elle va tomber amoureuse du frère de sa meilleure amie qui s'est suicidée. Mais cet amour n'est-il pas pour chacun d'eux, l'occasion de retrouver l'image de Pia, la jeune fille disparue ?Par ailleurs, plus âgé et autoritaire le beau Per entend bien régenter la vie de Linnea. Celle-ci se laissera-telle dominer ?
"Pourquoi es-tu toujours obligée de me contredire Linnea ? " a-t-il demandé. Sa réplique habituelle. Toujours le contredire ? Est-ce qu'on parle comme ça à un partenaire émancipé ? Non. Plutôt à un gosse énervé ou un subordonné. A quelqu'un qui"n'obéit pas".
Mazetti aborde également le problème de la violence physique faite aux femmes mais la solution me paraît traitée de manière caricaturale .
De manière globale j'ai trouvé que la narration était trop abrupte, manquait de "liant" et ne donnait pas suffisamment de détails sur la vie des personnages. Une déception en demi-teintes.
Katarina Mazetti, La fin n'est que le début, Gaïa.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : katarina mazetti, la fin n'est que le début, amours adolescentes, violence faite aux femmes
17/05/2009
Vonne van der Meer : le retour !
Une de mes auteures préférées, sur qui, paradoxalement, je n'arrive pas à écrire de billet digne de ce nom : Vonne van der Meer ! Le troisième tome de sa trilogie va (enfin) paraître le 20 août aux éditions Héloïse d'Ormesson !
Amis libraires, préparez-vous : le 20 août, je déclenche l'opération Van der Meer. A savoir: coup de fil préparatoire le matin pour vérifier que le livre est bien entre vos mains (et vous laisser le temps de le sortir des caisses, je ne suis pas chienne). Après-midi,je me rue chez vous et cherche fièvreusement l'objet de mon désir.Deux solutions: Il trône sur la table de présentation- ce qui n'est que justice- je le rafle et me précipite à la caisse avant de le dévorer derechef. Autre cas de figure, je ne le trouve nulle part, hurle à la mort, vous consulte et vous aide , avec le zèle d'un fox-terrier ,à fouiller dans les caisses. je vous rappelle quand même au passage que pour le deuxième tome, il se trouvait, bien évidemment dans la DERNIERE ...Tirez-en les conclusions qui s'imposent, je ne vous force pas la main...
En attendant, ici, un entretien de Vonne van der Meer avec son traducteur français, Daniel Cumin.
Rappel : -1er tome de la trilogie : La maison dans les dunes, devenue en passant chez 10/18 Les invités de l'île.
-2ème tome: Le bateau du soir.
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : vonne van der meer, l'enfant au bout du voyage
16/05/2009
sorti en poche
Un livre sympathique et optimiste ! Billet ici !
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : mange, prie, aime, elisabeth gilbert
15/05/2009
"Tu n'as pour te réchauffer que l'amitié muette d'un chien et le souvenir d'une toute jeune fille."
De lui nous ne connaîtrons rien ou presque. Pas de localisation précise, pas de prénom, il sera juste désigné par ce pronom : "tu", comme si toute individualité lui était refusée. "Ils ne sont déjà plus des individus, ils sont les organes provisoires d'un être supérieur", défintion qui s'applique aux membres de l'entreprise à laquelle appartient, Magali, celle qu'il aurait pu aimer, mais qui concerne tout aussi bien l'armée dans laquelle" Tu "s'est enrôlé pour aller dans le désert.La Mort n'a pas voulu de lui alors, rentré dans ce village qui est le sien et qui pour lui est moribond, il tente de se raccrocher à un souvenir...
Se soumettre, se plier aux règles pour mieux se dissoudre, affronter un monde où la cruauté est inhérente à celle de Dieu, voilà le destin des personnages de Un dieu, un animal.
Jérôme Ferrari tisse ici une toile dense entre l'histoire de ces deux personnages apparemment si dissemblables . Aucun chapitre, aucune coupure pour permettre au lecteur de reprendre son souffle. Pas de pause, ni dans l'horreur , feutrée ou non, pas plus que dans la narration.
Mais un style brûlant et âpre pour dire la violence pour laquelle "Il n''est pas possible de désigner un coupable. Les choses tournent mal."
Jerôme Ferrari, Un dieu, un animal, Actes Sud, 110 pages puissante et cruelles.
L'avis de Lily.
Celui de Fashion
06:10 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : jérôme ferrari, un dieu, un animal
14/05/2009
Un grand moment de solitude
Alléchée par une entrevue de l'auteure avec le beau Vincent Josse de France Inter, alléchée par tout plein d'articles dans la presse, j'ai d'un clic commandé Le remplaçant d 'Agnès Desarthe.
J'ai lu le livre.
Sans déplaisir.
Sans plaisir non plus. Jusqu'au bout de ces 87 petites pages.
Le style m'a paru plat, l'histoire insipide et pourtant ce grand -père remplaçant du grand-père génétique disparu dans les camps, il ya avait de quoi faire . Mais non, tout est figé, comme si l'auteure avait tenu ses sentiments à distance. Ou alors c'est moi qui n'ai rien compris . Au choix.
06:00 Publié dans livre poisson | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : livre qu'on aurait aimé aimer mais qui nous a bel et bien écha
13/05/2009
Apprivoiser le renard ?
Des citadins qui s'installent à la campagne avec leurs enfants, Juliette et Louis. Leur voisin est un fermier, vieux garçon,Arsène Le Rigoleur, dont l'attitude contredit plutôt le patronyme. Les deux gamins sont toujours fourrés dans les pattes du fermier, ce qui n'est pas sans inquiéter leur mère, car il n'inspire pas franchement la sympathie l'Arsène...
Choisissant comme narrateur ce fermier qui "a laissé courir ses racines à travers champs", Fabienne Juhel distille au compte-goutte allusions et révélations qui génèrent une tension extrême. Arsène est-il juste un être taciturne "Je suis de la race des hêtres", sans histoire ou un individu potentiellement dangereux ?
Tout au long du roman court cette image de l'incendie, réel ou imagé, cette rousseur qui va de la couleur des cheveux d'un enfant à la lueur de rouille dans un regard, sans oublier celle des différents renards qui hantent ce récit, renards qui n'ont rien à voir avec celui du petit prince, même s'il est aussi question d'apprivoisement dans ce texte maisd'une façon toute particulière, A l'angle du renard....
Un roman prenant qui charrie des émotions sourdes et féroces, une écriture ancrée dans la terre qu'elle célèbre de manière charnelle.
Fabienne Juhel, A l'angle du renard, Editions du Rouergue, collection La Brune, 235 pages ardentes.
06:10 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : a l'angle du renard, fabienne juhel
12/05/2009
Hymne aux vertus du tricot.
Récit polyphonique aux narratrices très différentes (histoire de toucher beaucoup de catégories de lectrices ? ) Un printemps à Blossom Street a comme point central l'ouverture d'une boutique de tricot dans une petite rue de Seattle. Vont s'y croiser et y tisser des liens :Lydia qui se bat contre un cancer mais aussi contre l'amour, Carole qui s'efforce de tomber enceinte, Jacqueline , bourgeoise dont le couple est en crise et Alix, jeune rebelle esseulée. Comme de bien entendu, les ennemies d'hier deviendront les meilleures amies, mais bon , c'est la loi du genre. Il ya pas mal de péripéties, c'est sans prétention mais idéal pour se "décrasser la tête" et passer un bon moment.
Mon snobisme m'interdisait d'acheter ce livre (éditions Harlequin!!!) mais l'avis d'une blogueuse m'a décidée !:). je en garantis pourtant pas que j'achèterai la suite en juin !: )
Un printemps à Blossom Street, Debbie Maccomber, Harlequin, 370 pages sucrées. (et de temps en temps ça fait du bien !)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : un printemps à blossom street, debbie maccomber, tricot