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11/04/2009
"Saute dedans, sardine, voilà ta boîte."
Rien que le titre et l'utilisation de cet adjectif gentiment désuet m'enchantent : Agrippine déconfite ! Qui prononce encore ce mot ? Enfin une nouvelle BD de Claire Bretécher qui nous donne des nouvelles de toute la famille : les parents sur le point de divorcer ou pas, le petit frère Biron qui traverse une mauvaise passe, la grand-mère qui refuse d'arrêter son antidépresseur car "les effets secondaires me font trop de bien", sans oublier l'arrière grand-mère, Zonzon, qui a entamé une brillante carrière de graffeuse. Parfois on se demande si Agrippine n'a pas raison et si elle n'est pas la plus normale de la bande !
Mais plus que toute cette vie familiale trépidante c'est l'inventivité langagière de Bretécher qui me ravit : que ce soit lagrand-mère qui demande "Combien la rançon mademoiselle? "pour connaître le prix de LA paire de boots ou qui s'exclame: "Putain,j'ai la rage en fleur",on en redemande !
Du coup, nous nous offrons, grâce à la médiathèque, une relecture intégrale de la série car Ferdi est mordu ! Gare aux effets secondaires!
Ps: dans le volume Allergies, un dessin de chambre d'ado plus vrai que nature...
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : agrippine déconfite, claire bretécher, ados, inventivité langagière, humour à fond la caisse
10/04/2009
"On refait toujours son enfance, on revisite les mêmes lieux, on recopie."
"Ma vie d'apprenti rebelle ou celle de dealer de shit, père de famille ou musicien bagarreur, citoyen antisocial ou canaille acceptable...Mes différentes existences se superposent comme des plaques tectoniques, et les souvenirs remontent à la surface, radoubés par ton omniprésence à jamais pétrifiée." Ainsi parle le narrateur des Clous du fakir,star de la scène rock alternatif dont la fille vient de mourir. Dès lors il ne rêve plus que de vengeance...
Le roman de Pierre Hanot est tout sauf confortable , et c'est tant mieux. Il faut accepter de se laisser secouer par la houle de ses mots, par la houle des sentiments extrêmes qui n'ont rien de consensuels. J'ai failli arrêter ma lecture car comme le narrateur l'avoue lui même , à trop se "bronsoniser", à se muer en vengeur implacable et non politiquement correct, la saturation pointait le bout du nez. C'eût été dommage car j'aurais raté le dernier saut périlleux du récit ...Une oeuvre sombre et puissante. Dérangeante.
Les clous du fakir, Pierre Hanot, Fayard noir.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pierre hanot, les clous du fakir, sexe, drogue, rock'n roll, vengeance
09/04/2009
A picorer pour se remonter le moral !
D'emblée la couverture est délicieuse et le contenu l'est tout autant !Imaginez : les "classiques" de l'humour anglo-saxon (Woody Allen, Groucho Marx , entre autres) mais aussi et surtout plein de petits "nouveaux" qu'on n'imaginait pas forcément aussi drôles, se sont donné rendez-vous et rivalisent d 'autodérision et de finesse pour nous faire rire et sourire !
Ouvert au hasard : " Dieu a offert aux hommes un cerveau et un pénis, mais pas suffisamment de sang pour que les deux fonctionnent en même temps." Si c'est Robin Williams qui l'affirme, on peut le croire , non ? !
J'ai remarqué beaucoup d'autodérision chez les acteurs et actrices , ainsi Joan Rivers : " Ma meilleure méthode de contraception en ce moment est de laisser les lumières allumées.". On y retrouve aussi cet absurde flegmatique dont les Anglo-saxons ont fait leur marque de fabrique : "Ma grand-mère était une femme très forte. Elle a enterré trois maris dont deux seulement faisaient la sieste."
Un régal où piocher quand la morosité pointe son nez !
Le petit livre de l'humour anglo-saxon, le cherche midi, 4 euros.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : le petit livre de l'humour anglo-saxon, ah si les stars françaises avaient autant d'humiour
08/04/2009
"La morosité n'est pas l'alliée de la victoire."
Poussant tour à tour coups de gueule et cris d'amour, Pascal Dessaint dans ces Chroniques vertes et vagabondes nous emmène dans une drôle de balade, un pied dans son Nord natal, un pied dans le Sud-Ouest, sa région d'adoption.
Attentif à la vie sous toutes ses formes, Dessaint s'émerveille tour à tour de la présence d'un hérisson dans son jardin clôturé et urbain ou se réjouit (et nous avec lui) de la réapparition d'une espèce d'oiseau que l'on croyait disparue.
On se régale avec lui de magrets saignants arrosés de Buzet, de balades en compagnie d'amis, écrivains ou pas, on s'identifie "Je n'ai toujours pas lu Dostoïevski" mais c'est pas grave car "C'est un beau jour pour le compost" et on sourit car Pascal Dessaint partage avec nous la même manière d'accélerer le compost (évidemment, je fais appel aux hommes de la maison !).On glane au passage plein de références de lecture que l'auteur a eu la bonne idée de collecter en fin de volume (je sens que je vais craquer sur Rick Bass!) et on s'étonne au passage d'apprécier ici un texte qui était apparu plutôt décevant dans la revue où il était précédemment paru , "Au Nord, toute !". Bref, il ne faut pas résister à L'appel de l'huître ! une savoureuse collecte de textes où l'on sent à la fois Dessaint apaisé mais toujours prêt à se révolter contre l'usage que l'Homme fait de la nature . En même temps l'auteur est dans la transmission et rien n'est plus émouvant que les interstices par lesquels se glissent quelques bribes de sa vie familiale...On se sent parfois sur des montagnes russes, Dessaint passant de la colère à l 'appréciation sensuelle des plaisirs simples de la vie mais au final on se sent tout ragaillardi ! Pascal Dessaint est définitivement quelqu'un de bien.
L'avis d'Anne .
Merci encore à Cath pour l'envoi !
Le site de l'auteur.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : pascal dessaint, l'appel de l'huître, chroniques vertes et vagabondes
07/04/2009
"Il faut le dire dès le début, sinon on t'apporte toujours plus de bols."
1984. Une petite fille qui joue les détectives en herbe disparaît.2003.Un agent de sécurité du centre commercial Green Oaks à Birmingham aperçoit sur un écran de contrôle une fillette et sa peluche. Cette image furtive lui permettra de nouer le contact avec Lisa, employée surmenée d'un magasin de disques. A eux deux, ils mèneront une enquête dans les couloirs de service du centre commercial, autant sur Kate, la petite fille disparue ,que sur eux-mêmes, renouant les fils d'un passé où règnait peut être l'innocence... Au coeur de ce récit, fascinant et menaçant, un immense centre commercial.
Tout cela semble sinistre à première vue mais se révèle un mélange subtilement dosé d'émotion , d'humour, de suspense, de critique de la société de consommation, où les gens sont bien contents d'aller faire un tour au centre commercial le dimanche pour combler le vide de leur existence, où l'on assiste à une hilarante formation commerciale. Sans compter que Catherine O'Flynn , dont c'est ici le premier roman , possède tout à la fois l'art de rendre ses personnages attachants, Kate la première, mais aussi de maîtriser totalement l'art de la narration. Rien n'est gratuit, tous les détails ont leur importance mais tout se met en place harmonieusement, comme les pièces d'un puzzle. Quand la date 1984 est réapparue dans la dernière partie du livre, j'ai eu le souffle court tout en tournant les pages... Quant à la polyphonie des narrateurs, elle permet aussi bien de donner le point de vue de chacun des protagonistes que de mimer les voix peuplant cette tour de Babel qu'est le centre commercial.Jusqu'au bout du récit , les éléments s'imbriquent pour le plus grand plaisir du lecteur qui sort de ce roman, ravi, le coeur battant la chamade et le sourire aux lèvres devant une telle réussite. Magistral ! Voilà longtemps que je n'avais pas connu une telle émotion de lecture !
Ce qui était perdu, Catherine O'Flynn, traduit de l'anglais par Manuel Tricoteaux, Editions Jacqueline Chambon.
Ps : un seul bémol : dans le jargon commercial , le client qui vient incognito pour tester l'accueil etc, s'appelle en français un "client mystère".
Pps :Cath, écrit par une Catherine, mettant en scène une Kate, ce livre est pour toi et va bientôt te parvenir !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : ce qui était perdu, catherine o' flynn, un énorme plaisir de lecture, coeur battant et tout et tout
06/04/2009
"De toutes façons,ça n'est jamais ça avec maman. je ne lui conviens pas."
Une mère, trois soeurs qui font bloc pour échapper à l'emprise maternelle, destructrice, mortifère. La folie qui rôde et qui est repoussée ou apprivoisée. Des hommes enfin qui vont essayer de se frayer un chemin, de se trouver une place au sein de cette lignée de femmes. Et tout autour, la forêt. Celle dont la narratrice principale, Rose tire sa force. Car chaque soeur a sa propre méthode pour tenter de se libérer et cela ne va pas sans risques...
Alternant les points de vue, Laurence Albert tisse un texte empreint de sensualité charnelle ,qui mêle les éléments naturels , brasse ces vies de femmes, cette lignée maternelle où l'amour a pris des formes perverties. Il faut se laisser envoûter par cette écriture prenante et entrer "Dans cette maison de folles où aucun homme n' a jamais vécu.".
Un grand merci à Laure pour cette découverte et pour le prêt !
L'hypothèse des forêts, Laurence Albert, éditions Delphine Montalant
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : l'hypothèse des forêts, laurence albert, mère filles mode d'emploi, sororité
04/04/2009
Trois petits pingouins et Dieu
La métaphysique n'est définitivement pas ma tasse de thé mais avec Ulrich Hub et ses trois pingouins, cela devient un délice !
Imaginez le mythe du déluge (présent dans de nombreuses civilisations) envisagé sous l'angle d'animaux réfugiés sur l'arche, en l'occurrence des pingouins qui s'interrogent sur l'existence de Dieu tout en rêvant de tarte au fromage et en réalisant des prodiges pour préserver leur amitié ... Hé bien , il ya tout cela dans L'arche part à huit heures . Et plus encore car l'humour et la tendresse ont la part belle, sans oublier un brin de poésie qui volète comme un certain papillon jaune sur la banquise...
On frémit, on s'interroge, on sourit , on a envie de serrer dans ses bras les trois pingouins craquants, de poser délicatement un baiser sur le bec de la colombe affairée qui houspille tout le monde, sorte de lapin d'Alice qui s'agite à travers tout le récit et se révèle tout à fait charmante. Dieu, pas Dieu ? A chacun sa réponse, Ulrich Hub nous laisse libre et il n'est pas d'âge pour commencer à se préoccuper de cela.
Un récit plein d'invention (vous y croiserez des serpents qui jouent aux cartes et une valise rebondie qui parle) qui donne le sourire et qui plaira à tous à partir de 9 ans.
L'arche part à Huit heures , Ulrich Hub illustrations pleines de tendresse de Jörg Mülhe, traduit de l'allemand par Emmanuèle Sandron* qui nous livre en post-face dans une superbe lettre tout le plaisir qu'elle a ressenti à incarner chacun des personnages et ce plaisir bien évidemment, nous le ressentons aussi ! Editions Alice jeunesse.
Livre déjà couvert de prix :-prix de la meilleure pièce radiophonique et prix de la meilleure pièce de théâtre 2006 (Allemagne)
- Prix Tam-Tam j'aime lire 2008 (salon de Montreuil)
-prix Sorcières 2009
* que je remercie au passage car c'est elle qui, la première,m'a signalé ce livre !
Ps: ce livre va bientôt voguer vers une petite Clémentine ...
11:50 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ulrich hub, l'arche part à huit heures, emmanuèle sandron
03/04/2009
"Les lecteurs sont sacrés, n'est-ce pas ? "
Notre chère Thursday Next reconvertie dans la pose de moquettes ? Tsstsstss, elle a bien trop à faire : entre sa vie de mère de famille et son boulot, pas une minute à perdre !D'autant que la fin des Temps est à craindre, tout ça à cause du charmant petit Friday devenu un ado ronchon et léthargique (pléonasme ?!) qui refuse de s'engager dans la Chronogarde.
Quant au monde de la Fiction, il va être perverti par l'irruption de l'interactivité dans un roman de Jane Austen (je vois d'ici les cheveux des participants d'un certain challenge se dresser sur les têtes de leurs propriétaires !). Aux lecteurs de décider quel personnage sera évincé. Que ne ferait-on pas pour faire remonter le nombre de lecteurs dans le monde !
Vous l'aurez compris , j'ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans le monde créé par Jasper fforde, toujours aussi en verve et plein d'imagination. Quelqu'un qui écrit "La poésie est la cocaïne de la littérature" ne peut qu'être mon ami. Il nous réserve de belles surprise tant au niveau des péripéties que des descriptions, ainsi un superbe ballet de pianos, très cinématographique ou une superbe incursion dans un poème. L'humour et l'inventivité sont au rendez-vous,mais pour autant je ne sais pas si un tome supplémentaire s'avérerait nécessaire. Thursday sexagénaire, je ne suis pas sûre d'apprécier...
Un grand merci à Chiffonnette qui me l'a envoyé et à SBM qui l'a fait voyager , nous épargnant ainsi l'attente de sa sortie en poche !
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : jasper fforden le début de la fin, thursday next, jane austen, sherlock holmes et cie, humour, policier
02/04/2009
"Il a quinze ans, dit Pietro.C'est un âge cruel."
Mattia, Alice vont avoir des parcours parallèlles dans leur enfance. Mais leurs chemins finiront par se croiser au moment de l'adolescence : "Les années du lycée avaient constitué une blessure profonde, que Mattia et Alice avaient jugé trop profonde pour qu'elle cicatrise. Ils les avaient traversées en apnée; lui refusant le monde; elle, se sentant refusée par le monde, et ils s'étaient aperçus que cela ne faisait pas beaucoup de différence. Ils s'étaient construit une amitié bancale et asymétrique, composée de longues absences et de grands silences...". Et en effet, leurs parcours ne cesseront de se séparer et de se rejoindre, prolongeant une adolescence qui n'en finit plus de se terminer...
Très beau livre sur l'adolescence, la nécessité de marquer ce corps en pleine mutation pour mieux en affirmer la possession, La solitude des nombres premiers sait très bien rendre aussi le sentiment détouffement et la difficulté à entrer dans le monde des adultes.Si l'un des héros se réfugie dans l'univers des maths, l'autre se tient derrière le viseur d'un appareil photo pour mieux tenir le monde à distance.
Rien de plus périlleux que d'écrire sur ce passage de la vie et Paolo Giordano s'en tire à merveille, nous livrant un roman à la fois frais et poétique,sans gommer pour autant les aspects noirs de ces héros.On retrouve comme si on y était encore les meneurs de classe, ceux qui donnent le ton et s'entourent d'une "cour" servile, et les exclus, volontaires ou non, qui subissent sans broncher parfois les avanies les plus cruelles. Un très beau roman.
Merci à Suzanne de Chez les filles pour l'envoi, ainsi qu'aux éditions du Seuil.
L'avis d'Aifelle et de Cuné qui ont su me convaincre de lire ce roman et vous amèneront chez plein d'autres lecteurs enthousiastes!
01/04/2009
"Ce monde serait meilleur pour les enfants si c'étaient les parents qui étaient obligés de manger les épinards." Groucho Marx.
Popeye n'ayant pas réussi à convaincre nos chers bambins de consommer des légumes, c'est Nathalie Cahet, qui "cobayes maison" à l'appui s'est lancé le défi :arriver, mine de rien, en douce, à garnir de légumes honnis les assiettes familiales.
Savez-vous planquer les choux ? est à l'image de son titre : sympathique et bon enfant. Les recettes semblent faciles, équilibrées (l'auteure a suivi des études de diététique) sans aliments trop exotiques,à quelques exceptions près. J'ai apprécié les commentaires introductifs de chaque plat , les photos alléchantes, l'organisation du livre : tableau récapitulatif "Les acheter au bon moment", la répartition, "Collection printemps-été", "Collection automne-Hiver", l'index alphabétique, l'index par types de plats, l'index par légumes, qui permettent de multiples entrées. Je reste cependant plus sceptique sur les légumes jusque dans les desserts ,mais ne demande qu'à me laisser convaincre. Il n'y a plus qu'à ! Je vous tiens au courant des résultats !:)
Savez-vous planquer les choux ?,Nathalie Cahet (aux fourneaux), Lavande (textes) Raphaële Vidaling (photos).Edtions Tana.
Le blog de Nathalie Cahet : Ligne et papilles.
06:01 Publié dans Gourmandises, très utiles! | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : savez-vous planquer les choux ?nathalie cahet, légumes enfants : oxymoron ?, rapahël vidaling, lavande