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30/04/2009
"La maison ...? J'écris un livre sur la maisonoù la maison s'efface."
"Aujourd'hui la globalisation des échanges, la facilité des transports et le tourisme engendrent un nouveau nomadisme. Pour autant, le principe d'un habitat n'est pas remis en cause. Il faut un terrier. Une adresse." Et puisque l'accès à sa maison de famille lui est interdit, Gilles Clément se construit une cabane de pierres dans la campagne creusoise dans les années 70. Cette habitation va lui permettre d'interroger les liens qui unissent l'intérieur et l'extérieur de la maison,ainsi que les rapports qu'elle entretient avec les plantes que les animaux, la manière dont s'inscrit la maison dans ce paysage. Il lui faudra aussi faire face aux règlements kafkaïens, qu'il contournera avec aisance et habileté, sans conflits...
De très jolis portrait de paysans viennent émailler ce récit atypique. Atypique, tant par la vision de la maison qui nous est proposée que par la conséquence de 'achèvement de ce "terrier". En effet, à peine l'habitation terminée, Gilles Clément est parti en voyage, renouant ainsi avec le nomadisme qui lui est cher...Une approche originale qui rompt totalement avec les précédents livres de cette collection.
Un grand merci à Ptitlapin et à Aifelle pour cette découverte !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : gilles clément, le salon des berces, maison, nature, nomade
29/04/2009
"à la maison, l'atmosphère était vénéneuse."
"Quand Sylvia ouvrait son sac à main, on ne savait jamais ce qui allait en sortir. Ce pouvait être un tract, aussi bien qu'un revolver." On pourrait en dire autant de chacun des personnages du roman d'Hilary Mantel, La locataire, car chacun d'eux agit selon une logique faussée.Et quand Muriel Axon, après un séjour de dix ans dans un hôpital psychiatrique, rentre dans dans sa petite ville des environs de Londres, bien décidée à récupérer sa maison et à se venger de ceux qui sont intervenus dans sa vie des années auparavant, cela ne pourra que virer à l'aigre...
Dans le premier tiers du livre, le malaise règne car nous subissons la vision d'une personne, Muriel, qui , complètement coupée de la réalité dans sa jeunesse a appris, au fil du temps, à se grimer et à simuler des sentiments. Heureusement, ce point de vue est contrebalancé par la vie à la fois banale et pleine d'humour de la famille dans laquelle Muriel va s'introduire et où elle va semer, à petits pas, la désolation...On hésite un peu, balançant entre l'inconfort et la gêne, puis on se laisse aller et on apprécie pleinement l'humour très noir et l'atmosphère vénéneuse à souhait de ce roman. Quiproquos, rebondissements, surprenants, le lecteur est à la fête car lui seul peut , avec Muriel, relier et donner du sens à tout ce qui perturbe la vie d'une poignée de personnes tout à fait ordinaires au premier abord.
On parle souvent dans le livres de psychologie de ces personnalités nocives, hé bien , à elle seule, Muriel les bat tous à plates coutures ! Un livre réjouissant pour tous les amateurs d'humour très noir !
La locataire, Hilary Mantel, Editions Joëlle Losfeld, taduit de l'anglais par Catherine Richard.295 pages vénéneuses et réjouissantes à la fois.
Merci à Clarabel pour le prêt !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : la locataire, hilary mantel, humour très très noir, vénéneux à souhait
28/04/2009
"Elle était pour ne pas secouer les crânes."
Qui est Alice ? La douce et patiente mère de famille? La maladroite congénitale qui crée des catastrophes en série ? La jalouse hystérique qui ligote dans une baignoire celle qu'elle soupçonne être la maîtresse de son mari ? Est-elle folle à lier ou harcelée par un homme mystérieux comme elle le prétend ?
Le brave inspecteur Picasso, bientôt plus impliqué qu'il ne le voudrait, va mener l'enquête et se retrouver sur les bords de la Loire pour démêler avec la jeune femme les noeuds de secrets familiaux.
A la recherche d'Alice est un roman qui chahute le lecteur, autant que l'inspecteur Picasso. Tour à tour exaspérante, touchante, surprenante par ses réactions, Alice se révèle insaisissable , ou presque.
Le récit est fertile en rebondissements et la personnalité de l'héroïne, qui échappe à tous les cadres ,déroute autant qu'elle charme.
La fin perd un peu en intensité mais ne gâche cependant pas notre plaisir de lecture. Un petit bonheur à s'offrir sans attendre.
A la recherche d'Alice, Sophie Bassagnac, Denoël, 196 pages chatoyantes.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : sophie bassignac, a la recherche d'alice, soeurs, portrait de femme
27/04/2009
"Tout ça pour en arriver là ..."
Une femme , que rien apparemment ne destinait à cela, participe à l'attaque d'un fourgon pour libérer un activiste allemand. Puis c'est la cavale , la clandestinité. D'abord dans la baie de Somme , puis à Paris avant que la tragédie ne se dénoue au Luxembourg. Au cours de cette errance, nous découvrirons peu à peu quelles ont été les motivations de Kyra, sans pour autant que le récit tombe dans la psychologie à outrance. Bien au contraire.
Beaucoup d'attente dans ce roman d'Anne Secret, Les villas rouges, jamais d'ennui car l'auteure va à l'essentiel, sans apitoiement ni détails inutiles. les sentiments ne sont pas gommés mais juste bridés.
Les villas rouges est une tragédie en mouvement.Un récit qui avance apparemment en louvoyant , les trajets en train ou en voiture y ont une place prépondérante, mais ce n'est qu'un leurre : le récit est tendu comme une flèche qui ne peut qu'atteindre sa cible. Une vraie découverte.
Anne Secret, Les villas rouges, Seuil, 190 pages denses et aiguës.
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : anne secret, les villas rouges, amour, terrorisme, tragédie, baie de somme
18/04/2009
Cure de désintoxication : blog en pause !
Pas d'ordi, pas d'internet, les pieds dans le sable ou l'eau (froide :)) A bientôt !
05:15 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (0)
17/04/2009
"Un jour ou l'autre, la vérité trouvait toujours sa voie. Question de temps."
Ancien psychanalyste devenu flic, François Marchand, aidé par le lieutenant Julia Drouot,, se lance à la poursuite d'un meurtrier en série qui sévit un peu partout en France et dont la cible sont des adolescents. On s'attend donc à un thriller classique,love-story chaotique entre les principaux protagonistes qui traînent chacun un lourd passé affectif en prime, mais ce serait sans compter sans le talent d'Olivier Descosse .
Ses héros sont terriblement humains et faillibles, on est loin de la figure d'autorité implacable qui résoud une enquête en deux hypothèses et trois courses poursuites.Les certitudes du profileur sont souvent battues en brèche , vu sa difficulté à intégrer les références de la culture et du mode de vie des adolescents auxquels il est confronté. L'histoire d'amour apporte quelques bouffées d'air pur dans cette atmosphère saturée de violence et de tension , même si j'ai trouvé que l'auteur n'était pas à son meilleur dans la description de la scène" hot".
Plus séduite par la maîtrise du récit, que par le style, un peu trop convenu à mon avis, je n'ai néanmoins pas lâché ce thriller une minute !
Olivier Descosse, les enfants du néant, Michel Laffon, 436 pages intenses.
A paraître le 23 avril, date à laquelle je serai loin de tout ordi, ceci explique donc cela !:)
06:07 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : olivier descosse, les enfants du néant, thriller, psychanalyste, profileur
16/04/2009
"La réalité sera toujours plus forte que la fiction."
"Ce livre relate le destin d'une famille: Les Mendelson, dont l'histoire, cinq générations durant, s'est confondue avec celle du vingtième siècle." Le tome 1 de cette saga est intitulé "les exilés" car la première génération, l'horloger Isaac, sa femme Basheva et leurs enfants , David et Leah devront successivement fuir Odessa puis Vienne avant de se réfugier aux Etats-Unis où certains d'entre eux participeront aux premiers pas du cinéma, art encore balbutiant.
Ils sont exceptionnels les Mendelson, tant par leur propension à affronter avec énergie les tourments de l'Histoire que par leur capacité à rebondir, aussi bien dans leur vie privée que dans leur vie professionnelle. La variété des documents (photos, fac-similés de lettres) ajoute encore au plaisir de lecture en renforçant l'impression de réel . Les entrevues que le narrateur a eues avec certains des Mendelson permet également d' "aérer" le récit qui, fait rare dans un roman historique, parvient à établir un juste équilibre entre les informations nécessaires à la compréhension du contexte, et la narration proprement dite. Trop souvent en effet, le lecteur, dans ce type de roman se trouve saturé de détails qui entravent son plaisir.Ce n'est pas le cas ici, la fiction étant dotée d'une structure souple , sans être lâche, qui laisse la part belle à l'imagination .Le lecteur est ainsi happé par un récit qui ne ménage pas les rebondissements , tout en brossant le portrait d'individus aux personnalités fortes et variées. On croise également au passage un certain peintre raté dont le prénom est Adolf ou ,plus plaisant, Louis B. Mayer , grand producteur de cinéma.
J'ai pris un plaisir fou à dévorer ce roman et pourtant la partie n'était pas gagnée d'avance: seul le nom de Fabrice Colin* m'avait décidée car je n'éprouve pas de goût particulier, loin s'en faut , ni pour les sagas, ni pour les romans historiques d'ailleurs. Je me suis d'ailleurs surprise à différer la lecture de la fin de premier volume , pour mieux la savourer et attend déjà avec impatience la sortie du 2 ème volume en novembre 2009 !
Un grand merci à Lily et ses livres !
L'avis de Cuné qui a été conquise aussi !
Celui d'ICB
Celui de Clarabel
*dont j'avais beaucoup aimé Le syndrome Godzilla.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : la saga mendelson, fabrice colin, exil, famille juive exceptionnelle
15/04/2009
"Son image s'est pyrogravée en moi."
Un roman sur l'enfance, quoi de plus banal? Et pourtant Dominique Resch, avec Les poules, réussit le tour de force de nous embarquer dans le récit de ses vertes années avec une fraîcheur et une drôlerie revigorantes.
On commence le roman et immédiatement on est embarqué dans cette description drôle et poétique du monde familial SANS les lunettes de l'enfant et nous voilà accrochés à l'hameçon de Dominique Resch! On se laisse balader avec bonheur dans ces années soixante où la télé commence juste à faire irruption dans les foyers : Alors, le soir, ma mère hésitait à se déshabiller devant l'écran et quand ma grand-mère venait chez nous, elle s'habillait en dimanche pour se présenter devant Catherine Langeais et l'armée française. C'était comme ça. Il fallait le temps de s'habituer à ces choses nouvelles : les vedettes de la chanson, les speakerines et les chars d'assaut dans le salon." Vous l'aurez compris, il y a un ton Dominique Resch et parfois en le lisant ce premier roman, j'ai pensé aux premiers textes de Jaenada (les parenthèses en moins !), la tendresse en plus car c'est bien aussi de cela qu'il s'agit, la tendresse envers ses deux grands-mères si différentes et la tendresse pour le petit garçon qu'il était ... Un vrai bon moment et une bonne nouvelle: ce roman n'était plus donné comme disponible mais l'est de nouveau et c'est ici !
Les poules, Dominqiue Resch, éditions Anota.
Et plein de surpises en rapport avec le livre : ICI
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : les poules, dominique resch, enfance, tendresse, humour
14/04/2009
"On se fera écraser une autre fois, le coeur n'y est plus."
"Ne les regardez plus. On les a assez vus." Ah ça bataille ferme, mine de rien, dans les familles observées à la loupe par Isabelle Minières ! ça se déchire à belles dents ou à petit bruit mais on ne sait pas ce qui est le mieux. Ou le pire. Mieux vaut peut être se balancer "il n'y a qu'un prof de lettres pour être aussi bête !" que de ruminer de sales pensées par devers soi. Quant aux enfants, ils ont tout compris quand ils affirment : "C'est pas une histoire pour les grandes personnes. ça leur fait peur. C'est une histoire pour les enfants." Et du coup, parfois, les personnages d'Isabelle Minières préfèrent partir, faire Maison buisonnière , partir voir "dehors si j'y suis", au moins ils ne traîneront plus dans les pattes des atres membres de leur famille...Alors évidemment c'est noir , très noir mais plein aussi d'un humour féroce. L'auteure a l'art de traquer les petites noirceurs quotidiennes, tout ce clapotis d'eau nauséabonde qu'on feint d'ignorer pour préserver les apparences et "la paix du ménage".Une petite merveille de noirceur !
ps: une seule nouvelle m'a paru un tantinet trop longue : la dernière, mais c'est ma seule restriction .
Un grand merci à Laure pour le prêt !
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : maison buissonnière, isabelle minière
13/04/2009
"L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant." René Char
Trois romanciers français sont victimes de manoeuvres d'intimidation (ou de tentatives de meurtres ?). Leur point commun ? Faire partie du comité secret de sélection qui préside aux belles heures de la librairie "Au bon roman". Qui a pu fomenter toutes les basses manoeuvres dont a été successivement victime cette librairie hors du commun qui fait fi des nouveautés commerciales et privilégie la qualité à la quantité ? Dans un monde où le livre est devenu une marchandise comme les autres, ce que certains feignent de déouvrir, une telle exigence de qualité ne peut que susciter le rejet voire la haine...
497 pages . Malgré les avis enthousiastes de Cuné, Amanda et Clarabel, mes poignets criaient grâce d'avance. Pourtant, un jour je me suis lancée dans la lecture d'Au bon roman et...je ne l'ai pas regretté !J j'ai cormé fièvreusement les pages où se trouvaient références littéraires , citations de tous ordres ou passages complets suscitant mon enthousiasme de lectrice boulimique. Une telle librairie évidemment nous en rêvons tous et Laurence Cossé joue sur du velours en nous la proposant virtuellement. Pourtant son roman, même s'il aligne arguments et contre-arguments, se révèle une mine d'informations concernant le fonctionnement d'une librairie ,fait aussi la part belle aux personnages, que ce soit Ivan , le libraire passionné,ou Francesca, la femme blessée qui joue en toute discrétion les mécènes. Nous les regardons avec tendresse se frôler, esquisser des gestes l'un envers l'autre, sans que rien ne soit dit jusqu'au jour où... Les portraits d'écrivains, chacun dans un genre très différent, sont aux aussi très réussis. Du début à la fin, nous sentons le grand amour de Laurence Cossé pour la littérature, un amour dont elle sait témoigner avec ferveur et enthousiasme.
Ps: cela n'est sans doute pas un hasard si la librairie ouvre ses portes un 31 août, titre d'un précédent roman de l'auteure...
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : au bon roman, laurence cossé, amour de la littérature, librairie idéale