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22/10/2008

Quand les enfants sont dangereux...

Il est des enfants dont on sent  tout de suite qu'il vont avoir une influence  néfaste sur leurs camarades. Tulipe  est de ceux-là. Les parents de  Nathalie, trop occupés peut être par leur travail mais également séduits, même s'ils ne sont pas dupes, par cette collègienne attachante malgré ses défauts , ne vont pourtant pas interdire à leur fille de la fréquenter.4186QYE3S4L._SL500_AA240_.jpg
Menteuse, manipulatrice, Tulipe va exercer ainsi son ascendant sur une Nathalie qui  se rend bien compte de l'anormalité de  la situation et parviendra  à secouer le joug de cette servitude librement  consentie et ce pour le meilleur et pour le pire...
Mon amitié avec Tulipe
souffre d'un titre français anodin,The Tulip touch original mettant davantage l'accent sur la touche de Tulipe , cette manière si particulière qu'elle a de mentir.  Anne Fine a  écrit ce roman suite à la mort d'un très jeune enfant en Grande -Bretagne  assassiné par des  gamins à peine plus âgés que lui. Elle n'y fait qu'une très brève allusion, son propos étant de se demander comment de tels enfants peuvent en arriver à agir de manière aussi horrible. Dans un dialogue argumenté, les parents de Nathalie  échangeront ainsi leurs points de vue sur  l'attitude destructrice de Tulipe.Sans manichéisme, Anne Fine analyse avec finesse le comportement des deux adolescentes.Un livre qui met parfois mal à l'aise mais qu'il est à mon avis nécessaire de lire et de faire lire afin d'en discuter avec nos  enfants.

A partir de  13 ans.

21/10/2008

Et le bébé était cuit à point

Une mère toxique,exhibant sa sexualité active, une fille trentenaire célibattante malgré elle. Entre les deux ,un chat, Harmonie, qui  change de mains et va aussi transformer la vie de la bussiness woman, Blanche.
Ce félin ne serait-il pas un peu magicien ? Si l'on ajoute un prince charmant qui tombe à point nommé, nous avons ici tous les ingrédients d'un conte de fées mais ce serait compter sans l'humour grinçant de Mary Dollinger qui, dans ce conte ô combien cruel , rajoute soudain un bébé cuit à point qui va changer la donne...img_3183_2_3_3_3_2.jpg
Evoluant avec bonheur dans le monde de l'industrie agro-alimentaire , où les mots ont encore plus d'importance que les produits vendus, où mensonge et nourriture sont inextricablement liés, Mary Dollinger complote une nouvelle fois pour nous faire rater notre bus. Sa plume , trempée  alternativement dans l'aigre et le doux, nous emmène dans un univers où pas un chat digne  de ce nom ne hasarderait les pattes. Un petit bonheur de lecture à s'offrir pour 5 euros ! (61 pages)

Un grand merci à Mary et André  !

L'avis de  Joëlle

20/10/2008

"Ma petite fille en fer blanc".

Delphine Bertholon, dans le roman Twist,traite  d'une de nos  angoisses les  plus profondes  quand on est mère ou père de  famille : l'enlèvement d'enfant. Mais  heureusement il ne sera pas question  de pédophilie ici : R. qui  a  enlevé Madison,  11 ans, est bien évidemment un être  dérangé mais  il n'a pas l'intention de faire le moindre mal  à la fillette qu'il gardera prisonnière durant cinq longues  années.411PeBYoa2L._SL500_AA240_.jpg
Même si ce roman  fait écho à  des faits d'actualité, l'auteure dépasse le simple fait-divers en l'envisageant de manière polyphonique.  Par le  biais d'abord  des lettres que la mère écrit secrètement à sa fille  qu'elle refuse de croire morte, par les  cahiers que Madison parvient  à  extorquer à son ravisseur car "Ecrire (...)  m'emploie les mains et la cervelle, ce qui m'évite de taper dans les  murs et de tourner sur moi même jusqu'à  ne plus tenir droit."En effet,  elle a du répondant Madison, elle a du caractère et ce qui lui permet de tenir  bon et de manipuler tant bien que mal R.
Le dernier point de vue , qui prendra  toute sa signification à la fin du livre, est celui du professeur de tennis pour qui la fillette avait le  béguin. A la fois proche et extérieur, il offre un regard plus distancié: "Son prénom devint une marque déposée, le code-barre en sept  lettres d'une société déglinguée".
L'évolution psychologique des personnages et particulièrement bien rendue et l'apect dramatique de la situation est contrebalancé par des pointes d'humour qui évitent  tout pathos  : "(Et un mec qui lit Auto-moto pour s'endormir  ne peut vraiment pas être  normal.)"
A mille lieues du thème exploré dans son précédent ouvrage, Delphine Bertholon confirme tout le  bien que j'avais pensé d'elle  car,  tout en finesse, elle réussit à établir la bonne distance entre émotion et pathos. Une  totale réussite même si j'ai  trouvé  le  roman un tout petit peu trop long.

Merci à Clarabel pour le prêt.

19/10/2008

collectionneurs ou lecteurs acharnés ?

Présenté comme un petit traité de l’art de vivre avec trop de livres , Des bibliothèque pleines de fantômes fourmille d’informations sur les bibliomanes. Jacques Bonnet les divise d’ailleurs en deux catégories, les collectionneurs et les lecteurs acharnés .
Faisant référence à plusieurs reprises au fameux Penser/ classer de Georges Perec, l’auteur , après nous avoir détaillé avec force précisions son propre système de classement finit par avouer qu’il faut en tout cas savoir être souple car des exceptions il s’en trouvera toujours pour venir perturber votre rangement.

Une autre référence récurrente est celle du Journal d’un lecteur d’Alberto Manguel, que je lis en pointillés depuis quelques temps. Mais là où Manguel insuffle de la vie, on sent Jacques Bonnet davantage bridé dans son écriture. Certes de jolies envolées nous présentant la bibliothèque 51V0BWDB7SL._SL500_AA240_.jpgsoit comme une plante dévorant l’espace mais aussi comme le reflet de la structure mentale de son propriétaire viennent donner de la saveur à ce livre mais les trop longues énumérations de titres et d’auteurs, les ratiocinations quant aux langues des romans à classer empêchent le lecteur de savourer ce qui s’annonçait pourtant comme un régal. Bonnet intellectualise trop à mon goût et ne nous fait pas partager pleinement son amour des livres. Pour ne pas rester sur une déception, , je vous renverrai à l’excellent Bouquiner d’Annie François , inégalé jusqu’à présent .

18/10/2008

Ouvert au hasard, en attendant à la caisse...

""Mais vous avez une méthode de lecture  rapide ?" Oui, bien sûr et une  seule : cela fait cinquante ans que je passe une  grande partie de mon temps à lire toutes sortes d'ouvrages , dans toutes sortes  de circonstances, à toutes sortes de  fins.  Comme pour n'importe  quelle activité devenue familière (manuelle, artistique ou sportive), cela donne forcément une relation quelque peu spéciale avec l'objet en question, en 51icjUuAadL._SL500_AA240_.jpgl'occurence la  chose imprimée ("des années  de travail  sont nécessaires avant que les  rouages  cérébraux de la lecture, bien huilés, se fassent  enfin oublier", Stanilas  Dehaene). l'important n'est pas de lire vite mais  de lire chaque livre concerné à la vitesse qu'il mérite. Il est aussi dommage de passer trop de temps sur certains  que d'en lire  d'autres trop vite. Il y a  des livres  qu'on connaît en feuilletant, d'autres qu'on ne saisit qu'à la deuxième ou troisième  lecture, d'autres encore  qu'on peut relire  toute sa vie avec profit."

Des bibliothèques pleines de fantômes, Jacques Bonnet p 56-57 Denoël septembre  2008

17/10/2008

Des vaches dans les nuages...

Grâce à Bellesahi qui m'avait envoyé ceci, j'ai découvert les  Editions Motus. En me baladant sur leur site, je ne pouvais que craquer sur  Une vache dans ma chambre .
Avec des mots en apparence très simples,Dominique Cagnard nous entraîne dans un monde à la fois onirique et très ancré dans la réalité :

"ETINCELLE

Elle mâche en dormant

et dort en se frottant à la lune.

Penchée

sur le livre de la prairie

Elle se laisse écrire par le vent."

En vis à vis de chaque texte, un photo montage en dégradés de noirs et blancs, qu'il faut prendre le temps d'observer pour ne rien rater des détails qu'y a semés Aude Léonard.
Dès la couverture d'ailleurs nous entrons  dans une autre dimension (j'ai d'abord cru que le titre avait été imprimé à l'envers avant de me  rendre compte que c'était le reflet d'une vache (invisible sur la berge) qui se donnait à voir dans l'eau :))livre18.jpg
Quant au papier , épais juste ce qu'il faut et visiblement recyclé, il contribue à ce magnifique travail d'édition.

Dominique Cagnard aux mots et Aude Léonard aux images ont concoté une pure merveille, aussi bien pour les  amateurs de poésie que pour  les amoureux des vaches !

Un extrait du livre ici.

16/10/2008

"Ressaisissez-vous, nom d'une écrevisse !"

La France a  été envahie , pacifiquement, par des Nods qui ne veulent que notre  bien . Mais la résistance  s'organise  , demanière quelque peu iconoclaste certes mais elle s 'organise car "Ils veulent nous aider à évoluer dans le  bon  sens ? Qu'ils  aient  celui d enous foutre la paix, clamaient ses chefs de file".
Après une scène initiale où nous entrons dans le cerveau en ébulltion d'une  pervenche qui  jubile à l"idée  de  mettre un procès à une maison sur le point de dépasser sa durée limite de  staionnement, où nous croisons une poubelle dotée de  peseudopodes  et de pensées, le récit démarre sur les chapeaux de roues ! (Une petite baisse de régime en fin de parcours qui sera pardonnée).
On croisera au passage quelques allusions clin d'oeil à des faits d'actualité concernant un président en exercice( mais qui  ne sont que pure  fiction, bien entendu), mais le propos de Guillaume  Suzanne est davantage de nous montrer que ceux qui nous gouvernent  et veulent notre bonheur malgré nous ne sont pas toujours dotés de bonnes intentions...
J'ai retrouvé dans ce texte la folie déjantée de Douglas Adams (je  garde en mémoire un canapé coincé à vie dans un escalier !) et j'ai passé  un excellent moment, le sourire aux lèvres.  poubelles_200-200x307.jpg
Les poubelles pleurent aussi. Comment résister à titre  aussi loufoque? Surtout s'il est relayé par un billet enthousiaste de Fashion qui aura su vaincre  mes  réticences en matière de science-fiction !

Le site des Editions Griffe d'encre

L'avis de Brize qui  a  insisté ! :)Guillaume  Suzanne

15/10/2008

Une sorte de boîte à souvenirs en mots et en phrases

Stuart Terence  Oliver, dit Stol ou Stolly ,collectionne les accidents à une cadence impressionnante.Mais là il a dépassé la mesure  et se retrouve à l'hôpital avec pas mal d'abbattis cassés.  Sonné mais vivant. Son meilleur ami, Ian, décide de rédiger la biographie de Stol pour lui prouver que "c'est important que tu existes."41AKAZF5HYL._SL500_AA240_.jpg
Stol  est un personnage follement attachant, plein d'invention ,"spécialiste des histoires abracadabrantes",que les profs estiment "juste un  peu fantasque"et dont tous disaient"qu"il avait de l'avenir,  à condition  de rester en vie et qu'il apprenne un jour à lacer ses chaussures." Vous l'aurez compris  le ton est plein d'humour , le mot "suicide"  ne sera  jamais prononcé , pour ne pas dramatiser et aussi pour échapper à tout cette menace de prise en charge socio-psychologique dont Ian se méfie au plus haut point. Les parents de  Stol,  trop pris par leur travail ne sont jamais stigmatisés. D'ailleurs Stol  s'est quasiment  fait adopter par les  parents de  son "ange-gardien" autoproclamé. Au passage, remarquons aussi que Ian est un enfant trouvé dans une boîte à chaussures et que "pour l'instant, j'avoue que  ça m'est complètement égal. Parfois, je me sens coupable : je me dis  que  c'est dommage que quelqu'un comme moi ait bénéficié d'une adoption.  Il auarit mieux valu que ça tombe sur un enfant comme Stolly, quelqu'un qui  a assez d'imagination pour en profiter  pleinement."
Même s'il évoque  des  thèmes graves,La tête à l'envers  in'est jamais "plombant". Tout est traité de manière intelligent et optimiste, sans  jamais verser dans la mièvrerie. Anne Fine fait confiance à ses  personnages-aux ados parfois pluq qu'aux adultes  !- pour faire  face avec efficacité et humour aux problèmes qui les touchent parfois de plein fouet. Un roman revigorant !

A partir de 13 ans

 

14/10/2008

manipulafiction

Clara, atteinte d'un cancer, tient un journal intime où son mari, Clemente, n'apparaît pas sous son jour le plus favorable.  Quand  ce dernier découvre  ce cahier, le malaise s'installe car il y lit  que Clara est au courant de  l'existencee de sa liaison de 7ans avec Eliana.  De plus, Clara avoue dans  cet écrit qu' elle  a aussi  été infidèle...4170QbZ1pvL._SL160_AA115_.jpg
Les faits sont-ils réels ou juste sortis  de l'imagination fertile de Clara , fervente adepte du mensonge ? Qui manipule qui? Clara? L'auteure, Elisbeth Subercaseaux , qui dans ce roman Une semaine en octobre ne permet pas  au lecteur de s'installer confortablement dans le mensonge  de la fiction  et instille ainsi  un  sentiment permanent de malaise ?
Il m'a fallu du temps pour terminer ce texte et encore plus pour démêler l'écheveau de pensées qu'il m'inspirait.

Merci à Cuné pour cet envoi dérangeant ! :)

L'avis de Laure.

13/10/2008

"Rien ne change jamais ici, n'est-ce pas ? "

Rien ne change ? Que nenni ! Et Willie Upton, rentrée rechercher du réconfort auprès de sa mère, l'ancienen hippie,  Vivienne, va vite l'apprendre à ses  dépens.51B43494F6L._SL500_AA240_.jpg
Tout commence  par l'apparition soudaine du cadavre d'un monstre,  sorte de Nessie local, apparition qui  va subtilement déséquilibrer le bel ordonnancement de cette ville américaine tranquille,  placée  sous l'égide  de ses fondateurs, les  Templeton. Les Templeton auxquels Willie  est apparentée par sa mère mais  aussi par son père comme  elle l'apprend soudainement.
Pour découvrir l'identité de songéniteur, la  narratrice se lance alors dans une recherche historique qui montrera que les Monstres de Templeton ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Le monstre  ici n'est qu'un symbole et ceux qui s'attendraient à un récit fantastique  en seraient pour leurs frais. Non, il est davantage question de cette quête d'identité dans laquelle s'engage la narratrice, personnage haut en couleurs, dotée d'une amie tout aussi attachante. Remarquons au passage que les personnages frôlent à chaque fois le cliché et l'évitent subtilement. Lauren Groff éprouve visiblement  de la sympathie pour  chacun d'entre eux,  sans pour autant tomber dans la mièvrerie (un  échange de correspondance féminine se révèle particulièrement vénéneux et savoureux tout à la fois). Elle  entremêle  avec dextérité les liens passé/présent ,  même si  ,comme Cuné,* je  me suis parfois perdue dans cette généalogie complexe (mais  le  plaisir de lecture  était toujours là, que  ce soit pour les périodes  contemporaines ou plus anciennes).  Fertile en rebondissements, agrémenté de photos vieillottes,  ce premier roman vous embarque et on le lâche plus , regrettant à la  fin de devoir quitter ce monde si féroce et charmant à la  fois. Une réussite !

* Merci pour l'envoi !