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10/06/2008
"Le destin m'a fait le cadeau de me tuer très tôt pour que je commence à vivre."
Celui qui parle ainsi, nous le découvrirons progressivement, est Antoni Casas Ros. Défiguré à la suite d'un accident, le narrateur vit retiré du monde et réfléchit sur la solitude, la différence, le désir et cherche à découvrir s'"il ya une fête au centre du vide."
Le théorème d'Almodovar, roman de Antoni Casas Ros, est à la fois un roman qui s'écrit sous nous yeux, un texte où vont se glisser un transsexuel, un cerf, et le cinéaste Almodovar. Chacun à sa manière vont lui permettre d'évoluer,d'apprivoiser sa différence. Réalité, fantasme ? Peu importe ! Passé le barrage du premier paragraphe, nous entrons dans un univers à la fois déroutant et fascinant. Beaucoup de lucidité, pas une once de complaisance, quelques pointes d'humour "...La chirurgie réparatrice n'a pu enlever à mon visage son style cubiste. Picasso m'aurait haï car je suis la négation de son invention(...) Je suis une photo bougée qui pourrait faire penser à un visage."
A chaque page ou presque, une réflexion à souligner, un passage particulièrement juste sur la mort, les oeuvres d'art et leur puissance révélatrice...Une écriture à la fois aiguë et poétique: " Ecrire comme un guerrier pourfend le ciel en sachant qu'il coupe des mots, sectionne des liens douteux, remet en évidence la nudité extrême de l'être."
Une écriture puissante dont l'écho résonne longtemps après que nous ayons refermé le livre.
06:01 Publié dans Prix Landerneau | Lien permanent | Commentaires (15)
09/06/2008
"C'est l'école de la sénilité ici !"
Ambiguïté du titre d'abord : Nous vieillirons ensemble qui peut à la fois se voir comme une référence optimiste au titre du film de Pialat Nous ne vieillirons pas ensemble (où le couple interprété par Marlène Jobert et Jean Yanne se déchire) mais aussi comme une sentence implacable, les pensionnaires de la maison de retraite Aux Bégonias n'ayant pas de possibilité de sortir vivants de ce huis-clos à perpétuité...
Une journée dans une maison de retraite voilà ce que nous propose de départager le roman de Camille de Peretti. Unité de temps et d'action donc mais une multitude d'histoires, drôles, touchantes ou acides qui nous sont dévoilées avec une grande justesse de ton. Ni misérabilisme ni optimisme forcené. C'est avec plaisir que nous retrouvons le personnage à la fois fantasque et tragique de Nini, la marraine de Camille.
Visiblement Camille de Peretti connaît bien le monde des maisons de retraite et écrit avec pertinence et sensibilité sur le dur métier d'infirmière : "A l'école, on leur apprenait "l'accompagnement en fin de vie. A l'hôpital, on leur apprend à remplir des papiers administratifs. Caser les malades, cocher les morts. (...) Elle a presque hâte de perdre sa douceur et sa sensibilité."
Pour la structure, l'auteure a choisi de se référer aux contraintes suivies par Georges Perec dans la Vie mode d'emploi, nous en donnant le cahier des charges à la fin du roman.
Point n'est besoin de s'y référer pour apprécier le tour de force de Camille de Peretti : avoir su donner de la chair et de l' âme à ce qui chez Perec tenait davantage de l'exercice de style.Un beau roman tendre et cruel .
06:10 Publié dans Prix Landerneau | Lien permanent | Commentaires (18)
08/06/2008
C'est parti !
Recevoir un coussin (je collectionne les coussins prétend l'Homme qui est bien contents de les trouver à l'heure de la sieste...), mais un coussin bourré de livres, voilà qui est original et réjouissant !
Et quand en plus ces livres entrent en lice pour un prix littéraire voilà qui va faire du bruit dans le Landerneau de la blogosphère !
Papiillon en a déjà parlé ici,
Anne et
Lou sont aussi de l'aventure !
Un grand merci à Elodie Giraud pour avoir pensé à nous!
06:00 Publié dans Prix Landerneau | Lien permanent | Commentaires (15)
07/06/2008
"Guérir est une chose étrange."
Thornytorinx n'est pas un roman sur l'anorexie (le meilleur à mon avis écrit sur le sujet étant Le pavillon des enfants fous , de Valérie Valère.) quoique veuille nous le faire croire la peu ragoûtante couverture.
Premier roman de Camille de Peretti , il traite davantage de la volonté de l'héroïne, Camille, qui se veut "princesse",et pour cela se conforme avec une volonté sans faille à ce que l'on attend d'elle, contrôler son poids n'étant qu'un des aspects de cette exigence farouche.
On sent beaucoup de sincérité dans ce roman mais en même temps beaucoup de distance car l'auteure ne s'attarde guère sur chacun des épisodes de la vie de son héroïne. L'épisode du Japon où Camille va devenir une star del a télé étant traité d'une manière particulièrement frustrante pour le lecteur .
Premier roman, Thornytorinx souffre d'un manque évidentde structure et il est vrai que si j'avais commencé par ce texte ma découverte de cette auteure aurait tourné court.
06:01 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15)
06/06/2008
"Comme prof, les aînés ont toute les qualités: exigeants, avares de conseils, souvent grognons."
La couvée, une tribu de huit enfants où chacun lutte pour trouver et garder sa place mais où l'on fait souvent front commun contre les parents, Elastiss (la mère) et le Crocodile rouillé, figure paternelle incarnant l'autorité rigide.
Les aînés, ça ne devrait pas exister,pensent certains, quant au petit dernier, Denis, surnommé Roger fesse d'araignée, il apprendra vite que dans une famille nombreuse en cascade comme la sienne, sa place risque vite d'être usurpée même si "Tout le monde n'a pas le talent pour faire un authentique petit dernier. Brillant, réfléchi, pas abusif. le point final à une famille il faut le soigner.Dans ton cas, c'était un vrai point d'exclamation."Inventant des langues , celle des poissons, des moufles, du linge, les enfants tracent des idéogrammes dansla purée ou les miettes sous les yeux ignares des adultes et s'approprient le monde.
Dominique Louise Pélegrin a choisi de nous montrer quelques mois de vie de cette famille chahuteuse et haute en couleurs, transplantée dans un pays étranger où leur père doit construire un pont.
On sent chez cette auteure un grand amour des mots, des gens, une réelle sensualité pour transmettre les sensations et les sentiments de ses personnages. Ce roman, d'une fluidité parfaite réussit le pari d'évoquer le monde de l'enfance , tour à tour cruel et drôle ,avec une pertinence inouïe et beaucoup d'humour. Un coup de coeur qui confirme celui que j'avais eu pour ce texte.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
05/06/2008
De l'influence des livres...
Août 1939. Les cinq neveux et nièce de Richard et Helena se retrouvent en Cornouailles dans une sorte d'Eden symbolisée par La pelouse de camomille dui donne son titre au roman de Mary Wesley.
Quand la guerre éclate, bien sûr elle bouleverse tout et comme le dit Helena bien des années plus tard:
"-Voilà une chose que je dois à la guerre.
- Quoi?
-Les livres, plein de livres. On ne trouvait pas de serviettes hygiéniques, mais des livres, ça oui. Des gens comme moi se sont mis à lire: nos esprits se sont assouplis, en même temps que nos moeurs se relâchaient."
Et en effet des personnalités riches et complexes vont se révéler, des ménages à trois vont se former dans une indifférence quasi générale..Chacun des personnages fait preuve d'une franchise à la fois désarçonnante et jubilatoire ; ainsi Helena parlant de son mari doté d'une jambe artificielle: "Son handicap, c'était d'être un vrai casse-pieds."
A propos d'une de ses nièces qui ne se cache pas d'avoir fait un mariage d'intérêt , elle remarque:"Elle est imprévisible. Je lui connais des moments d'altruisme."
Mary Wesley manie avec brio cet humour britannique teinté d'une
cruauté réjouissante pour le lecteur. Elle a le chic pour nous
présenter avec aplomb des comportement qu' ordinairement la morale
réprouve comme étant tout à fait normaux et nous acceptons sa vision des faits sans broncher, le sourire aux lèvres, tant son talent est grand... Un régal !!!
Les Editions Héloïse d'Ormesson ont l'excellente idée de rééditer aujourd'hui ce roman de Mary Wesley, l'occasion de (re) découvrir l'oeuvre de cette grande écrivaine anglaise.
Ps: désolée pour les caractères gras que je ne parviens pas à faire disparaître !
06:07 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13)
04/06/2008
Autour d'une tasse de thé...
07:02 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (14)
Zarbi, vous avez dit zarbi ?
Quel est le point commun entre le douroucouli et le colibri? ; le rat-taupe nu et le tatou velu ? ; le poisson promeneur et le crapaud accoucheur ?
Ce sont quelques uns des quarante animaux bizarres, tant par leur aspect que par leur comportement que nous présente Charline Zeitoun chez Mango jeunesse dans l'album Zarbi !. Une photo pleine page et une page en vis-à vis sont consacrées à chacun des éléments de cette encyclopédie des animaux les plus bizarres.
Une mention particulière pour le ratel, espèce de blaireau qui, sous sa fourrure , possède une couche de graisse insensible à la douleur, ce qui lui permet de s'emparer en toute impunité des nids sauvages d'abeilles que lui a signalé...un oiseau, l'indicateur, oiseau friand non de miel , mais de cire d'abeilles dont il se régalera quand le ratel aura terminé son festin.Bel exemple de coopération !
Quant à l'individu de couverture, il décroche sans coup férir le César du maquillage, et s'amuse à faire peur aux touriste de Madagascar dont il envahit sans vergogne les chambres, (mais il est sans danger )c'est le gecko à queue plate. Vous voilà prévenus !
06:03 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (4)
03/06/2008
"Let the Nothern Lights Erase your Name" (titre original)
Un coup de gueule pour commencer: la platitude du titre français , Soleil de minuit (!)comparé au poème de la poétesse sami Marry Ailoniedia Somby qui a inspiré un sujet et un titre à Vendela Vida.
Certes, il est question de lumière et d'obscurité dans ce roman, celles propres au cercle polaire vers lequel Clarissa se met en route pour faire la lumière justement sur sa naissance car, à la mort de son père, elle découvre que celui-ci lui a juste donné son nom avant de l'élever avec affection et de suppléer à la disparition de sa mère, partie sans explications depuis quatorze ans.Le pire étant peut être que son amoureux connaissait la vérité et ne lui avait rien révélé...
C'est donc seule que Clarissa va tenter de reconstruire le passé, se confrontant à un monde où on laisse tourner les moteurs des voitures pendant qu'on fait ses courses, où on dort dans un hôtel où tout est en glace y compris les verres que l'on ramasse dans un seau quand ils commencent à fondre...
Des rebondissements, de l'humour par petites touches,de l'émotion, la narratrice a une manière bien particulière d'affronter la réalité : "Les portefeuilles d'hommes me rendent triste. Ils sont trop épais ou trop plats, trop vieux ou trop neufs. Il y a toujours un truc qui cloche."Un roman à chérir .
Embarquez-vite pour le cercle polaire !
Merci à Clarabel
et à Cuné de m'avoir donné envie de faire le voyage !
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10)
02/06/2008
"Un bon livre a bien plus d'effet sur toi que n'importe quel antibiotique."
Dans Cherche auteur désespérément,les membres de l'agence littéraire, parlant des livres en devenir se réfèrent sans cesse à des best-sellers. Adoptons donc cette attitude et disons que le roman de Debra Ginsberg s'apparente évidemment au Diable s'habille en Prada, par le portrait sans complaisance du monde de l'édition et par le personnage de Lucy, manipulatrice de haute volée, mais aussi par son aspect "Love story " gentillet à "Vous avez un message", le film avec Meg Ryan. S'y ajoute néanmoins une intrigue prenante qui fait que j'ai lu ce livre d'une traite mais avec des réticences quant au style. (Avancer tout en freinant n'est pas facile ! :))
Même s'il s'agit d'une citation d'un livre reçu par l'héroïne, Angel, , je hurle de rire en lisant ceci : "Elle agrippa son immense virilité et la conduisit en elle, par le corridor humide et brûlant." ! La narratrice chargée de juger le texte en question ne bronche même pas et on sent que l'auteure s'est sans cesse bridée pour ne pas écrire de la même façon. J'ai retrouvé (entre autres) dans sa prose un "évanescent" digne des romans de Delly (ancêtre de Barbara Cartland et consorts) du plus bel effet !
Ce roman avait tout pour être un cran au-dessus de la littérature pour poulettes , personnages bien croqués, récit bien agencé, dommage qu'il patauge dans l'eau de rose.
L'avis de Cuné.
Celui de Clarabel
06:07 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14)