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11/01/2008
A la maraude...
La gourmandise entretient souvent des liens étroits avec
le pays de l'enfance et Pierrre Pelot, qui vit toujours dans ses
Vosges natales, ne déroge pas à la règle.
Avec La croque buissonnière
, nouvel opus de la collection "exquis d'écrivains",c'est à une balade
gourmande entre passé et présent qu'il nous convie.
Equipons-nous
et emboîtons-lui le pas au coeur des forêts,pour une
cueillette gourmande de champignons, n'ayons pas peur de la
pluie
car "La pluie aussi c'est bien.Pas le mêmes couleurs.
Pas les mêmes odeurs. Bon, c'est sûr,ça
mouille. Chez toi tu te sécheras. Il n'y
a pas mieux que le retour chez soi où c'est sec et chaud et à l'abri
, après que tu t'es trempé dehors sous les arbres. Je te
le dis. Et un chocolat chaud , tandis que tu nettoies le
tas, sur la table, un grand journal étalé. Couper les
pieds, grattouiller la terre et les fragments de végétaux, râper
les lamelles, virer les petites bêtes, les limaçons,
décoller les tubes, enlever les peaux grosses des chapeaux...mais
ne JAMAIS les laver ! Les essuyer, certes. Et puis c'est pas non
plus parce que tu avaleras trois grains de terre que tu
seras malade, ho ça va."Tenez-vous le pour dit ! Mais comme
l'auteur n'est pas un mauvais bougre, il partage même ses
alliances secrètes de plats mais ne comptez-pas sur moi pour vous les
révéler !
Les évocations de plats roboratifs (choucroute éllaborée avec du chou
maison et du lard fumé chez un ami) voisinent avec une saynette très
drôle mettant en scène l'auteur, sa femme ,"aidés" dans la confecion
de rouleaux de printemps par le chat de la
maison... Coup de gueule contre certains chasseurs qui
tirent même sur les oiseaux protégés en toute connaissance de
cause alterne avec l'évocation des meilleures frites que Pelot ait
jamais mangées, des frites encore plus délicieuses car elle avaient le goût de l'enfance et de la maraude...
Tout un
monde de saveurs, d'odeurs se livre à nous dans une langue
où j'ai entendu parfois (même si les régions sont différentes)
l'accent de la Grande Colette car Pelot est comme elle aussi
gourmand de mets que de mots. A consommer sans modération, à lire
et relire pour faire durer le plaisir !
PS:Je m'étais tellement régalée avec les précédents dont j'avais parlé ici , ici et ici qu'apercevant celui de Pelot dans un bac, en attente d'être rangé,j'ai fondu sur lui de crainte que quelqu'un me le pique !
06:11 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (15)
10/01/2008
Parlez-vous la langue d ebois
Elle claque un peu partout...
"Agrégée de lettres, Martine Chosson a longtemps enseigné à l'étranger avant de s'apercevoir que cela n'avait aucun intérêt." Vous voilà prévenus dès la 4 ème de couv': l'auteure n'utilise pas ce qu'elle analyse en détail dans Parlez-vous la langue de bois ? (petit traité de manipulation à l'usage des innocents).
La langue de bois késaco ? Dès la préface, l'auteure constate que si l'expression s'est imposée d'abord pour désigner un" langage figé de propagande politique", elle s'est imposée durablement dans la langue car son champ d'action s'est élargi...
Martine Chosson , dans un style imagé, traque donc tous les indices nous permettant de la répérer dans notre vie quotidienne et si elle ne prétend pas se livrer à une étude exhaustive, chacun ,après la lecture de cet ouvrage sera plus à même de repérer les flatteries, les euphémismes,les formules vides ou signalant exactement le contraire de ce que l'on prétend (dressons l'oreille quand nous entendrons des "Honnêtement,"réllement", "véritablement"... employés à tour de bras), tous les "floutages de gueule" et autres "valorisations du vide" que l'on veut nous imposer, pour nous vendre des objets ou des idées...
Une analyse fine et détaillée d'un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur et qu'un style très agréable et plein d'humour rend particulièrement savoureuse.
06:19 Publié dans l'amour des mots, très utiles! | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : martine chosson
09/01/2008
ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?
Ni sales,ni bêtes, les arthropodes pour Gilles Bonotaux ! Dans Les sales bêtes
, il entreprend de réhabiliter les insectes,les arachnides et les
myriapodes alias les cafards qui grouillent, les iules qui envahissent,
les scolopendres, les guêpes, les puces, les punaises de lit qui
piquent, les taons qui mordent, les mouches qui agacent, les
moustiques qui démangent, les poux qui grattent,les tiques qui vampirisent, les
punaises qui puent, les araignées qui font peur !
Rude
tâche,il est vrai, mais l'humour de l'auteur, tant dans les textes
que les dessins, fait mouche et l'on apprend au passage plein
d'informations sur les petites bêtes qui grouillent autour de
nous. Saviez-vous que le seul animal a ne pa être envahi
par les poux était le kangourou ?
Seul inconvénient de ce livre, tout comme Pars vite et reviens tard de Vargas, il m'a donné une folle envie de me gratter le crâne !
06:09 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (26)
08/01/2008
Une grenade-puzzle
Le récit, donné comme fortement autobiographique, commence sur un
ton d'humour grinçant : l'évocation façon
puzzle de la famille du narrateur avec des personnages
pittoresques: "Oncle Helmut était farci d'éclat de grenad
qui sortaient de son corps à intervalles réguliers,et à l'occasion de
chaque rencontre,il me faisait cadeau d'un nouveau morceau et
d'un nouvel épisode" (de ses histoires de guerre), et des
notations caustiques :"...et elles tombaient dans le bras l'une de
l'autre en se haïssant par dessus tout".
Mais
au fur et à mesure, le roman devient plus sombre et poignant : cet
enfant, né en 1960 dans une petite ville danoise, pourrait avoir une
vie tout à fait ordinaire si sa mère n'était pas allemande. Et
bien que la guerre soit finie depuis longtemps, la vindicte des
villageois ne cessera pas contre cette femme et sa famille.
Hildegard n'a pas eu une vie facile,que ce soit avant ou pendant la
guerre mais toujours elle a su faire preuve de courage , d'opiniâtreté
et de débrouillardise.
Son fils, en butte aux tracasseries permanentes,
à l'hostilité de ses camarades, aux injures, d'où le titre, Cochon d'Allemand,
fait face lui aussi sans se plaindre. On a le coeur serré en lisant des
phrases telles que : "Le seul cadeau que je souhaitais pour mon
anniversaire, c'était de ne pas avoir d'anniversaire."
Il
faut savoir accepter l'apect fragmentaire du récit et son absence de
linéarité (on passe du passé d'un personnage à un autre, d'une époque à
une autre sans transition) , mieux se perdre pour mieux se trouver,
épouser les mouvements des souvenirs qui affluent comme les morceaux de
grenade de l'oncle Helmut et ainsi échapper-un peu- à la moirceur
de l'histoire.Le style est dense et acéré.
Intrigué
autant par le titre que par la couverture, Ferdinand , 8 ans, m'a
demandé de quoi parlait ce livre. Je lui ai résumé l'histoire et lui ai
lu le passage cauchemardesque de l'anniversaire. Il a
réfléchi un instant et m' a demandé : "Et il s'est vengé ?
".
Knud Romer a fait mieux que ça : il a écrit ce livre.
Un vrai coup de coeur pour commencer l'année !
L'avis d'in cold blog
de Cathe
de Fashion
ça y est,j'ai trouvé le billet de Chiffonnette !
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (25)
07/01/2008
Un monde cruel
En Afghanistan, on sait très bien que la situation des femmes n'est
pas facile (comme dans plein d'autres pays ,hélas). Mais on en a
une connaissance abstraite,
désincarnée. Avec Spôjmaï Zariâb,cette réalité on la prend en plein
plexus solaire.
J'ai lu la première des sept nouvelles composantle recueil Dessine-moi un coq,
et j'ai dû marquer un temps d'arrêt dans ma lecture tant j'ai été
choquée par la puissance d'évocation de l'auteure. L'irruption dans
cette famille unie et aimante d'un oncle que la religion et les
traditions appliquées à la lettre rendent proprement terrifiant, en
particulier pour la petite fille sur laquelle il s'acharne avec une
cruauté sans pareille m'a laissée groggy. Cette chape de plomb
qui s'abat sur la maisonnée et la violence des propos de la narratrice
adulte qui se souvient de cet événement valent meiux qu'un long
discours sur les droits des femmes : "J'en venais parfois à souhaiter,
avec une sorte d'innocente cruauté, que tous les hommes du monde
perdent la vue pour que ma mère puisse s'asseoir tranquillement avec
eux et entamer la conversation avec eux sans avoir à cacher sa bouche
avec son voile, pour que ses lèvres roses puissent se mouvoir avec
langueur, s'étirer et laisser apparaître une à une, dans un
sourire, la blancheur de ses dents et qu'ainsi elle nous fasse
rayonner nous aussi, la maison et moi."
Les
petites filles tremblent devant les hommes, les professeures, les
mères craignent pour la vie de leurs fils qui partent à la
guerre les enfants se montrent cruels envers les inférieurs
ou les animaux, parfois même ce sont les hommes eux mêmes qui se
font volontairement souffrir...On se sent parfois étouffer dans cet
univers si dense et si dur , éclairé par de rares instants de
bonheur.
Spômaî Zariâb maîtrise totalement l'art de raconter et son
style puissant, vigoureux mais aussi sensuel , jamais pontifiant, se
révèle d'une efficacité totale pour évoquer non seulement son pays mais
aussi l'universalité du mal.Magistral.
06:06 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (15)
06/01/2008
Un petit morceau de soleil ...
Ma BAL brillait très fort. Bizarre, bizarre ...
Normal,
Ptitlapin m'avait gâtée !! Merci encore pour cette enveloppe rebondie
Ptitlapin, une vraie surprise qui me réchauffe le coeur !
06:17 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (6)
05/01/2008
Et de trois !
Nous avions déjà le premier volume à la maison, mais d'après
Ferdi, celui-ci, déniché à la médiathèque est encore meilleur !
destinés aux petits et grands curieux , Toutes les réponses aux questions que vous ne vous êtes jamais posées est une mine !
Si
vous voulez savoir ce que sont devenues les sept merveilles du
monde, comment on appelle l'apparition furtive d'un réalisateur dans
son propre film (un cameo),quel est le lien entre une peur panique,un
musée et une sirène de pompier, alors lisez sans hésiter ce
fourre-tout touffu et rigolo qui aborde aussi bien l'origine des
marques (Google par exemple) que des questions historiques,
scientifiques ou de la vie quotidienne . Pour épater en société !
06:10 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (11)
04/01/2008
"et je décolle...et je vole"
"Amour", "aimer" sont sans doute les mots qui reviennent le plus
souvent sous la plume de Clémentine Célarié. Encore une
comédienne qui se mêle d'écrire diront certains. Hé oui et Clémentine
n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà écrit les
textes de son spectacle "Madame sans chaînes" dont elle nous livre
d'ailleurs trois textes.
Ni roman, ni autobiographie, Mes ailes
est un joyeux bazar qui se donne des airs bien organisé : 37
chapitres et leurs titres mais ça part dans tous les sens, c'est plein
d'humour et de tendresse, de joies, de peines,de conseils pour aller
mieux , le tout dédié à "tous les êtres qui s'appliquent à
êtres humains", ce qui n'est pas facile tous les jours vous en
conviendrez.
Dessins, écriture à la main agrémentent ces textes
pleins de fantaisie, chaleureux comme leure auteure,une femme que
l'on imaginait pas si solitaire, qui se définit avant tout comme une
mère et dont les trois enfants sont plus des frères qu'autre chose.
Clémentine a mis du temps à comprendre que tout le monde n'avait pas
cette générosité dont elle fait preuve cet immense besoin
de donner de l'amour. Elle nous révèle (un peu) ses failles et
beaucoup ses convictions : prêter attention à ce que disent les
enfants, l'importance qu'elle accorde au fait de parler et
encore parler...Elle est bien consciente de la chance qu'elle a
de recevoir tant d 'amour du public dans les sourires qui lui sont
adressés un peu partout, dans le rue,au supermarché. elle nous fait
partager ses émotions, et on ne peut que les partager avec elle. Le début du livre est parfois brouillon, on sent que l'auteure veut nous livrer toutes ses idées, ça bouillonne, ça fuse, c'est plein d'énergie. Tout s'apaise à la fin et Clémentine Célarié nous brosse un portrait tout en douceur etdélicatesse du bonheur retrouvé.
D'aucuns trouveront sûrement ce texte parfois naïf, il n'est pas bien vu de ne pas être ronchon, mais on s'en fiche, on a le sourire en refermant ce livre.
Mes ailes
n'est sûrement pas un grand texte littérature , et d'ailleurs ne se
donne pas pour tel mais, en le lisant, on entend son auteure parler à
chacun de nous comme s'il était unique c'est un formidable cadeau que
Clémentine nous livre là et on ne peut que l'en remercier.
06:04 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (15)
03/01/2008
Fantasia chez les ploucs ou comment lutter contre le blues
"C'est une chose d'être recruté sur un poste parce que vous êtes un
tantinet demeuré, mais c'est une autre paire de manches que de
conserver sa réputation."Ainsi s'exprime Théo , l'adjoint du shériff de
Melancholy Grove qui se mêle un peu trop d'un suicide qui vient rompre
la monotonie de la vie de cette station balnéaire...
A
partir de là, les événements s'enchaînent à une allure folle, aussi
folle que les habitants de cette tranquille bourgade qui semblent pris
d'une frénésie lubrique,influencés par un lézard gigantesque qui vient
de se réveiller d'un sommeil de plusieurs milliers d'années...
On
croit d'abord entrer dans un récit digne des films de série Z,
mais, larguant toute volonté de rationnalisation, on se
laisse rapidement embarquer dans cette épopée mêlant intrigues
policières,histoires sentimentales, le tout assaisonné d'un humour
déjanté et parfois caustique : "Au pays des Terres inconnues,y a belle
lurette qu'on vous aurait expédiées au royaume de la connerie, c'est
moi qui vous le dit!"... Les plus fous ne sont pas forcément ceux
que l'on croît et les personnage , plus frappadingues les uns que les
autres sont follement ...attachants.L'auteur tire à boulets rouges sur
les biens-pensants, les fanatiques religieux de tout poils et passe à
la moulinette les psys et leurs traitements.
On se demande comment
l'auteur va se tirer du pétrin dans lequel il s'est lui même
fourré mais avec une virtusoité remarquable Christopher
Moore s'en donne à coeur joie et retombe sur ses pattes. Il
arrive même à nous faire verser une petite larme sur le sort du Lézard lubrique de Melancholy Cove , un lézard qui n'engendre certainement pas la mélancolie !
"Le résultat ressemblait à un puzzle imaginé par Salvator Dali." et on en redemande !
Merci à celles qui m'ont donné envie de découvrir ce roman mais en ces temps de fêtes,je ne retrouve plus les billets ! N'hésitez pas à vous signaler !
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19)
02/01/2008
Petit bonheur de début d'année
Il ne vous suivra pas (vu son poids et ses dimensions) dans tous vos déplacements mais si vous aimez la poésie, cet Agenda du (presque) poète , il vous deviendra vite indispensable, vous le feuilleterez chaque jour car c'est une mine !
Mine
de citations, mine de manipulations, de jeux avec l'espace, les mots,
le rythme, les gestes, Bernard Friot, (oui, celui des Histoires pressées !) nous régale avec cette année entière en poésie.
Fourmillant
d'adresses internet, cet ouvrage s'avérera vite indispensable , tant
pour les enseignants que pour ceux qui aiment jouer avec les mots, les
sons et les images.
La poésie ici n'est pas intimidante, elle est
quotidienne, familière, gourmande et farceuse...Elle donne envie
de se lancer à la découverte de nouveaux textes,de nosveaux auteurs et
parfois même on a des fourmis dans les doigts et des mots qui
sonnent dans la tête , n'attendant plus que d'être notés...
Les
illustrations d'Hervé Tullet, à la façon cahier de brouillon d'écolier,
jouant avec des couleurs franches et gaies, contribuent à donner
un air pimpant à ce très bel objet littéraire.
Petit rappel : dans la même collection, paru en 2005 , le fameux Agenda de l'apprenti écrivain, de Susie Morgenstern, lui aussi une Bible !
Et pour commencer l'année en poésie, une citation choisie (presque) au hasard :
"Les poèmes sont des cadeaux
des cadeaux pour ceux qui sont attentifs." Hans Bender
06:13 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (23)