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21/03/2007

Pour fêter le printemps, un petit tour sur les toits...

Des jardiniers artistes et militants plantent des graines dans les villes de Grenoble et d'Angers pour lutter contre le  béton...
Pourquoi pas, mais quelle utilité? Le vent, les graines, capables d'attendre plusieurs années que les bonnes  conditions soient réunies pour leur germination, capables de s'immiscer dans le plus petit interstice doté d'un peu de terre, n'ont besoin de  personne pour envahir la ville. Il suffit d'ouvrir les yeux, de regarder par terre, de9782020685863 regarder en l'air et on les remarquera toutes ces plantes acrobates qui témoignent du "dur désir de durer".
Allez donc faire un tour ici, vous m'en direz des nouvelles !
Sur le thème de l'invasion de la ville par les plantes, Ruines de Rome de Pierre Senge, une très belle écriture mais un roman un tout petit peu trop long à mon goût...

20/03/2007

Ames sensibles, passez votre chemin !

9782253118527Ceux qui espèrent trouver des histoires victoriennes et policées de fantômes et de vieux manoirs en resteront pour leur frais : toutes les nouvelles de Joyce Carol Oates composant le  recueil Hantises se  déroulent à l'époque contemporaine.
Ce qui les rend d'autant plus efficaces car les personnages, oscillant entre réalité et fantasmes, au lecteur de  décider, ce pourraient être  nos voisins ou nous mêmes ...Ces personnages sont d'ailleurs souvent des femmes, à tous les âges de la vie, tour à tour victimes ou bourreaux.
Avec une grande  économie de moyens  Oates bâtit un univers familier où  le grotesque est roi. Ce grotesque auquel elle consacre une étude à la fin du recueil, elle le définit comme "une sensibilité qui concilie le génie de Goya et le surréalisme kitsch de Dali ", "un art qui promet de nous faire peur, de nous bouleverser et parfois de  nous révulser".  Contrat rempli avec Hantises dont j'ai  hésité à lire plusieurs nouvelles tant le sujet me  bouleversait ("le coupable" ou pire encore "Circonstances atténuantes").
Du grand art dont on ne sort pas indemne.

19/03/2007

Cornes d'abondance...

Après avoir passé allègrement sans les lire les 14 pages du "générique de début et indicatif musical" (une  description longuette de Los Angeles);
après avoir survécu, en me bouchant le nez (très difficile à faire  en lisant, essayez pour voir) à la description détaillée des ennuis intestinaux de la mère de l'héroïne;
après avoir suivi la version des mêmes faits par l'héroïne,au téléphone, dans un taxi (très américain et très moderne tout ça);
après avoir suivi la dite héroïne dans sa quête,aux quatre coins de la  ville, toujours en taxi (note : 140 dollars), de beignets plus gorgés d'hydrates de carbone et de calories tu meurs tout de suite; 9782879294988
après avoir vaguement suivi un script ellaboré exnihilo ex abrupto par un acteur à la Bruce Willis, script ne s'embarrassant ni de vérités historiques pas plus que géographiques, j'ai jeté l'éponge et Le script de  Rick  Moody par la même occasion.
Trop d'intensité dans ce roman, trop de descriptions, trop de personnages excessifs, j'ai été saturée d'emblée et la description des milieux cinématographiques de la côte ouest,sujet rebattu s'il en est, ne m'a  pas intéressée du tout.

18/03/2007

.Pour lutter contre la grisaille

Le printemps est reparti,ça ne pétille plus sur les blogs, lectures sinistres ou presque..., rien de  bien enthousiasmant.
Alors pour lutter contre la grisaille (intérieur ou extérieure),que (re)lisez-vous ? Quels sont les  livres , mêmes pas classiques, que vous avez toujours à portée de la main pour en relire au moins quelques lignes ? 
Je compte sur vous pour alimenter cette nouvelle rubrique !Couv_lechappee_belle
Pour ma  part, je me déride en relisant L'échappée belle , d'Anna Gavalda, une épopée burlesque et pleine de fraîcheur où une fratrie se fait la belle pour échapper à un mariage empesé et renouer des liens distendus. C'est plein d'humour et très bien observé. Malheureusement ce texte n'était destiné qu'aux lecteurs d'un club de livres mais vous le trouverez peut être  dans les  vide-greniers, virtuels ou pas.9782873883140
J'adore aussi Le monde fou du jardinage, tout petit livre par la taille , mais bourré de dessins humoristiques anglais , pleins de  nonsense  et d'humour pince-sans-rire Vous ne regarderez plus vos plantes d ela même façon!

A vous !

17/03/2007

Le vaillant petit élève

Luigi s'est imposé une diète drastique pendant trois mois: pas plus de 8 heures de cours par semaine et surtout pas de cours de Mâme Cathulu: les allergies ça ne se  commande pas.
De retour parmi nous, il  s'avance vers moi et me  glisse en confidence: "J'étais absent car on m'a enlevé une dent  de  sagesse." Je note  mentalement  de penser à renouveler mon stock de mouchoirs en papier.
Luigi pour fêter son retour arbore un jogging  dont le  bas est rentré dans les chaussettes elles-mêmes  glissées dans des baskets. Le tout impeccablement blanc. D'ordinaire, les vêtements de mes  élèves ont été blancs dans une vie antérieure et tirent plutôt sur le gris moyen.
Dans quelques années,  Luigi se fera greffer de la moquette sur le torse et achètera une chaîne en or.  Il roulera en voiture décapotée et son klaxon chantera "La  cucaracha" pour saluer Mâme Cathulu quand il  la  croisera sans l'écraser. Luigi n'est pas  rancunier.
Pour bien plomber l'ambiance , je fais étudier à la classe un texte sur les causes de la vitesse au volant. Luigi relève le défi et s'exclame tout à trac: "Oh, Madame, y a une mouche". Je rappelle à ceux qui auraient un doute  que nous sommes en cours d'une matière qui deviendra bientôt une langue morte ou agonisante :le français, et qu'il  ne sagit pas  d'entomologie.
Je soupire intérieurement et attend tranquillement la suite qui ne manque pas d'arriver."J'aime  bien les mouches . (avec un grand sourire) Je  leur arrache les ailes et..."
"Tu te prépares un lourd karma",  Dis-je l'air sinistre et d'un ton pénétré.
Il n'a  pas dû comprendre  mais au moins ça lui a  coupé  le sifflet.
Une règle plate apparaît miraculeusement dans la main droite de celui qui n'a en général qu'un crayon gris qu'il vient soigneusement tailler au-dessus de la poubelle.  Quelques gesticulations et la mouche est bientôt estourbie.
Triomphalement, il vient déposer son trophée sur le bord du bureau,  je lui montre la poubelle, puis souriant Luigi retourne à sa place. Le cours peut continuer.

16/03/2007

Ah, j'ai vu, j'ai vu... Compère qu'as-tu vu ?

A l'initiative de Bouquin, Jules, Cuné et ...

J'ai vu des draps roses pendus au soleil 
Un vieux canapé au bord du trottoir
La pâture givrée doucement embrumée
Des gens vêtus de laine
Et d'autres de coton
Un pied  en hiver
Un pied au printemps...

De l'air, del'air !

Comme Didier Daeninckx dans Meurtres pour mémoire , l'anglaise  Mo Hayder utilise le genre du roman policier pour revenir  sur un épisode tabou de l'Histoire, en l'occurence ici les  massacres perpétrés par les Japonais à Nankin.
La forme est très classique (plongée abrupte dans le passé, suspense, divulgation progressive et alternée  concernant le passé des  deux principaux protagonistes), mais les personnages le sont nettement moins. 
Grey, la jeune anglaise au passé pour le moins particulier, s'est littéralement construite autour d'un épisode partuiculèrement barbare de ces massacres. En quête du seul film témoigant de cet épisode sanglant, elle  va trouver à Tokyo un vieil universitaire chinois qui lui veut découvrir  une information capitale pour lui liée à ce  massacre.9782258066052
J'avoue avoir lu en diagonale les passages évoquant Nankin,  pour établir une certaine distance avec cette barbarie et aussi pour trouver des bouffées d'air dans ce huis-clos  étouffant que devient sous la plume  acérée de Mo Hayder la ville de Tokyo. Cette velle je l'ai  ressentie comme étant le véritable personnage central de ceroman,  le seul auquel on puisse  s'attacher.J'ai particulèrement aimé les descriptions nourries visiblement de l'expérience de l'auteure des paysages nocturnes. Le seul hâvre de paix dans cette jungle urbaine est la maison, gigantesque et vouée à la  démolition ,où se réfugie Grey.  La maison et son jardin où la  végétation pousse férocement...
Impression de malaise donc ,non seulement par les faits historiques évoqués mais aussi par les personnages tous troubles et dont la  quête n'est pas dépourvue d'ambiguïté ...
Je  ne pensais pas aller au bout de ce roman mais Mo Hayder écrit d'une manière efficace et prenante.

La critique de Gachucha,
Celle de Solenn

15/03/2007

Long comme un jour sans pluie...

Martin Page nous parle De la pluie et non pas du beau temps car, comme Victor hugo  qui aimait l'araignée et l'ortie, ces délaissées, la  pluie a souvent mauvaise presse (Il suffit d'écouter les  bulletins météorologiques...).
Avec lui, la pluie fait des  claquettes, elle est dotée  de vertus poétiques et sensuelles qui nous la  rendent  éminemment sympathique.2841148513
Dans cet opuscule élégant pleuvent les phrases qui nous accrochent l'oeil et le coeur,  l'on se prend à  guetter la  bonne drache qui viendra lessiver ce ciel monotone et bleu. Ainsi rejoindrons nous l'auteur dans le cercle fermé des adorateurs du déluge, de l'ondée, de l'averse.
Un livre pétillant...comme la  pluie !

Pour trouver une autre critique et des citations, allez faire un tour dans le Souk de Moustafette !

14/03/2007

Amours adolescentes

Sur la 4 ème  de couv' de La  fille du docteur  Baudoin,  est juste évoqué un mystère: que fait la fille du dit docteur dans la salle d'attente de son cabinet ?
Sous prétexte de préserver un suspense qui dans le livre ne dure guère,il est dommage de ne pas avoir évoqué clairement d'entrée de jeu la problématique de ce roman destiné aux ados : les grossessses adolescentes.
Marie-Aude Murail semble s'être bien documentée sur la question et les précisions tant psychologiques que pratiques sont très intéressantes. 9782211084314
Pour ne pas paraître "coincée", trop de jeunes filles cèdent sans passion à un garçon manipulateur et doivent ensuite faire face seule à une grossesse non désirée.
Pas  de discours moralisateur pas plus que lénifiant d'ailleurs, l'héroïne, Violaine,aura autant affaire à des gens qui sauront l'écouter et la comprendre qu'à des gens débordés ou vaguement brutaux.
Le roman évite toute pesanteur et présente en contre-point la famille de Violaine; un père médecin  devenu un prescripteur qui ne supporte plus ses patients devenus ses clients , une mère qui a  elle aussi souffert et saura comprendre sa fille , des frères et soeurs plus vrais que nature et un jeune associé idéaliste .
Beaucoup d'humour et une narration qui permet aux lecteurs de s'identifier aux personnages , voilà un livre qu'on devrait trouver dans toutes les chambres des ados...

13/03/2007

L'écriture pour lutter contre l'insupportable

Vincent court rejoindre Geneviève qui va mourir. Vincent et Geneviève qui se sont séparés il y a quinze  ans, leur couple n'ayant pas résisté à l'insupportable : la  disparition de leur petite fille.
Chacun d'eux a fait face de manière différente mais même si  la vie les a séparés, un lien indéfectible les unit toujours...9782234059276
Je reste indécise quant aux émotions que ce roman m'a procurées. Certes il y a des passages qui broient  le coeur ,et en particulier celui-ci :
"Si jamais tu ne revenais pas, t'aurais-je donné assez d'amour ?  Aurai-je pris le temps de te regarder, de t'écouter, de te voir grandir, de m'émerveiller de toi? Auras-tu reçu assez de caresses, de baisers ? Aurons-nous suffisamment ri ensemble?
Qu'au moins personne ne t'ai fait de mal".
Nul ne peut rester indifférent face au drame qui est évoqué mais j'aurais aimé que certains thèmes, justes effleurés, soient approfondis, le lien entre les deux soeurs en particulier, mais sans doute cela aurait-il  nui à l'économie du roman qui ne s'apitoie jamais, qui va à l'essentiel,  dont les personnages restent dignes même s'ils sont détruits.

L'avis d'Anne