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28/02/2007
Pour lutter contre la grisaille...
25 auteurs se sont associés à Christophe André,
spécialiste de la psychologie des émotions pour nous
concocter Le petit livre des plaisirs, supplément au numéro de mars de "Psychologies magazine".
On
pourrait être agacé de cette nouvelle attaque de Delermite mais,
si l'on trouve des plaisirs "classiques" tels, "croquer du
chocolat" par I. Frain, d'autres sont plus originaux: "Suivre une
série télé" (par M Winckler, évidemment !)ou "Marcher dans la
nuit"d'E. Barillé.
Quant à Régine Deforges, elle arrive à associer la broderie aux plaisirs solitaires voire interdits...
Picorer
dans ce recueil de textes courts donne aussi l'occasion de découvrir
des auteurs moins connus (Belinda Cannone, Jacqueline Kelen) et
de saluer le talent de ceux qui creusent leur sillon (Dominique
Mainard et son très réussi "Vivre avec un chat").
Cependant mon
texte préféré est celui de Jean-Louis Fournier : "Jouer avc
les mots" qui se termine ainsi : "Même fauché,
on peut s'offrir le luxe d'utiliser les mêmes mots que Flaubert,
Stendhal ou Proust ...Parce que les bons livres et les mauvais sont
souvent écrits avec les mêmes mots".
06:01 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (27)
27/02/2007
Un si joli petit livre...
Les nouvelles du recueil de Claire Castillon, Insecte, sont à couper le souffle et c'est pourquoi j'ai dû m'y reprendre à deux reprises avant de les terminer.
En
effet, les relations mère/fille qui y sont disséquées sont loin de l'image édulcorée ou idyllique qu'on nous en donne trop
souvent.
Inceste, abandon, trahison...sont traités avec une
cruauté jubilatoire. On se dit qu'elle n'ira pas jusque là, hé
bien, elle y va et avec le sourire encore! Pas de répit pour le
lecteur qui encaisse autant que les personnages et ne sort pas indemne
de cette lecture qui fouette les sangs comme une
brassée d'orties !
Ce livre est sorti chez France Loisirs et devrait donc bientôt sortir en poche.
La critique de Cuné.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (17)
26/02/2007
L'Austenite gagne; le Pelletierisme aussi...
Au tout début de Tirez sur le caviste,le narrateur tue
sa femme qui a raté une fois de trop le céléri
rémoulade. Ce devrait être horrible mais tout l'art de
Chantal Pelletier est de nous entraïner à un rythme effréné et
avec le plus grand naturel dans les situations les plus
scabreuses , le tout assaisonné d'un humour féroce.
Nous suivons
donc sourire aux lèvres la suite des aventures de notre assassin qui ,
signe du destin? , rencontre un jour une paumée qui
mange...du céléri rémoulade. Notre héros engage la conversation
et sa future cuisinière mais pas plus car pas d'affinités. Qui pourrait
d'ailleurs en avoir pour cet handicapé des sentiments qui n'envisage
les autres que par ce qu'ils peuvent ou non lui apporter ?
La
situation se dégrade vite et ...suspense,fondu au noir et changement de
narrateur , de rythme et d'ambiance. L'apprentie cuisinière prend la
parole, revient sur son passé (glauque) et nous donne
sa version des faits. Tout s'éclaire donc par petites
touches et là est tout l'art de l'auteure, qui en 93 pages arrive
à nous faire comprendre toute l'intensité et la profondeur de
personnages qui au début auraient pu passer pour de simples
fantôches. Une petite merveille !
Tirez sur le caviste
est en outre, c'est si rare qu'il faut le souligner, un magnifique
objet que l'on a plaisir à tenir en main: format agréable,
reliure soignée et couverture rigide agréable à caresser du plat de la
main.
Les éditions La branche ont fait un travail remarquable.
Cet ouvrage fait partie d'une collection (suite noire) dirigée par Jen-Bernard Pouy, un gage de qualité s'il en est.
06:01 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
25/02/2007
Célébration de l'araignée # 2
L'araignée est un être à la fois poétique et pratique. Elle
tisse une nappe arachnéenne , sublimée par la rosée ou le givre, se
cache , et attend que son repas tombe du ciel. Des fois, j'aimerais
bien être une araignée.
Monsieur Araignée est un être charmant
et astucieux qui offre à sa belle (arrêtez de ricaner !) un
cadeau bien enveloppé dans un peu de toile parce qu'il sait bien que
l'emballage est tout à fait vital : si sa fiancée déballe trop
vite le cadeau, il n'aura pas le temps de l'honorer ni de se carapater
pour sauver ses huit pattes !
Monsieur Araignée est en effet à la fois l'heureux époux et le repas de noces. Pratique, vous-dis je !
Madame
Araignée n'est pas une femmelliste assoiffée de sang mâle
mais une pragmatique qui sait qu'elle aura besoin de protéines
pour assumer sa grossesse.
L'araignée est altruiste : elle attrape
mouches et moustiques qui sont de véritables catastrophes ambulantes
dans certains pays, même s'ils ne sont que vaguement
dégoûtants ou enquiquinants par chez nous.
Pendant longtemps elle a
même joué le rôle de météorologiste pour les paysans :
"Araignée du matin, chagrin, araignée du soir..." mais elle n'a
même plus le temps de continuer son petit refain qu'un pied
énorme et inconnu l'a déjà sauvagement assassiné car dans nos contrées
urbanisées ce dicton a pris une connotation de malchance.
Alors, l'araignée, elle en a marre.
Marre
qu'on l'écrase pour rien ou parce qu'on la trouve moche, marre qu'on l'appelle insecte alors qu'elle a
huit pattes et les insectes, ces minus, seulement six.
Alors l'araignée, elle se cache dans les salles de bains,
dans les couloirs et elle s'arrange pour débouler
devant sa proie encore toute titubante de sommeil jusqu'à ce qu'elle ait réussi à déclencher la
sirène arachnophobe:
"AHHHHHHHHHHHH y a une araignée et elle est énorme et pleine de pattes !!!"
Alors
l'araignée rigole un bon coup et s'en va rêver à une tasse de
chocolat qu'on mettrait à sa disposition car si l'on en croit Colette,
l'araignée aime le chocolat...
06:01 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (20)
24/02/2007
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie (V Hugo) #1
Si vous voulez lire en entier le poème d'Hugo c'est ici.
Mais
ce poème je le trouve sinistre et noir et empesé. Bref, il
ne fait guère avancer la cause de mes chouchous.
Hé
oui, même si je m'emporte contre la podagraire que je menace de
mille morts, tout un automne passé à patiemment enlever les
orties d'un jardin laissé à l'abandon pendant deux ans , fourche-bêche
et gants à l'appui, m'a donné du respect et même de la tendresse pour cette mal-aimée pleine de ressources.
Obstinée,
le plus petit tronçon de racine laissé en terre la fera renaître
et je dois dire que ça m'épate. D'autant que là où
poussent les orties ,la terre est aérée, ainsi les framboisiers qui
voisinent avec cette plante fournissent de plus gros fruits ,heureux hasard ?
Une
brassée d'orties dans le compost et pas besoin
d'activateur.
Purin
d'orties aux mille ressources, soupe d'orties que je ne désespère
pas de faire goûter à ma petite famille (non, ça ne pique pas
!), l'ortie est pleine de qualités (mais en la
cueillez pas aux bords des routes quand même !) .
Quand
elle est en
fleur, elle ne pique même pas et d'ailleurs si elle n'est pas trop
grosse en la cueillant à la base, c'est à peine si on sent sa
piqûre ... Et quand bien même elle vous taoue la peau de
vésicules rouges,un peu de vinaigre et hop, c'est oublié.
Quand je vous dit qu'elle est presque parfaite,
un peu rebelle certes, juste ce qu'il faut ! Alors ne la
traitons plus d'herbe indésirable et laissons lui un peu de place dans
un coin discret du jardin que
l'on baptisera pompeusement "jardin sauvage"...
PS: autrefois, nous appelions dans ma région les orties les"
picots" et cette appellation pouvait aussi s'appliquer à
des personnes qui vous infligeaient des piqûres bien plus
urticantes...
06:04 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (27)
23/02/2007
A la recherche du père perdu...
Marie Nimier est fille de...Roger Nimier, écrivain un peu oublié
aujourd'hui mais qui eut son heure de gloire quand sa fille était tout
petite.
Marie
a mis du temps à s'avouer qu'elle voulait devenir écrivain et l'on
retrouve ces détours dans ce récit qui louvoie entre passé et présent.
Ni
portrait-charge (et pourtant cela aurait pu être facile !)ni
hagiographie, ce texte hésite un peu ne tranchant ni d'un côté ni de
l'autre au gré des hésitations de l'auteure.
Parce qu'il n'avance pas droit devant lui ce texte est émouvant mais m'a laissée un peu sur ma faim (sa fin ? !).
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13)
22/02/2007
Coïncidence
06:31 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (22)
21/02/2007
Le livre doudou
Après avoir vaillamment résisté il ya quelques années au livre
en forme de sac (et dieu sait si j'aime les livres et les sacs
!), j'ai craqué pour le livre doudou alias Qui a tué Glenn? de Léonie Swann.
Pourquoi
une telle appellation ? Tout simplement parce qu'un très mignon
mouton en peluche se trouve sur la couverture et qu'il gambade au bas
de chacune des pages du roman, ce qui permet de le voir bouger si on le
feuillette.
Serais-je retombée en enfance? peut être car si ce
roman est vendu comme étant le premier livre policier mettant en scène
des moutons, l'intrigue est digne du "Club des cinq " ou du "Clan
des sept",mais à la limite on se moque de savoir qui a tué le
berger si original de ces ovins.
Même si le style est parfois
maladroit, on sent une véritable affection de l'auteure pour ses
personnages à quatre pattes et elle réussit ma foi assez bien son
pari de nous montrer la réalité à travers les yeux des moutons. De bout
en bout, en effet, ce sont eux qui vont mener l'enquête et découvrir
la vérité.
Dans un genre moins bucolique, Jean-Bernard Pouy nous avait montré le début de Larchmutz 5632
à travers les yeux d'une vache , mais avait dû rapidement passer la
main à d'autres narrateurs davantage susceptibles de faire avancer
l'action.
Une douce régression que le roman allemand de Leoni Swann (et une bonne opération marketing? )
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17)
19/02/2007
PATCHWORK
52 ou la secondes vie , ce sont 52 textes, un par
semaine, pour composer le roman qui veut dire l'imbrication du
politique et du personnel.
52 aussi, dixit l'auteure, Geneviève Brisac, pour évoquer le passage à la seconde moitié de la vie....
Je
suis restée perplexe face à ces textes car, bizarrement, alors que je
n'ai jamais ressenti le sentiment de "rester sur ma faim" dans un
recueil de nouvelles, tel a été le cas ici. la srtucture m'a paru
trop lâche, les personnages récurrents, aux noms très évocateurs
(Ivraie, Polder...) ne suffisant pas à créer ces liens. Le conte
de fées m'a agacée ainsi que l'expression "Alos cinco de
las tarde" qui revient comme un tic de langage.
J'ai par contre
beaucoup apprécié un texte déja paru dans "Elle" et que l'on peut lire
ici ,ainsi que celui mettant en scène ces enfants adultes responsables
qui veulent prendre en charge et "cadrer" leurs trop fantasques parents.
Invoquer
les grandes Aînées (V. Woolf, M. Duras), posséder un style
à la fois élégant et charnel ne suffit pas toujours à charmer
les lecteurs. Mais peut être avais-je trop attendu ce roman de G.
Brisac...
La critique , plus enthousiaste, de Clarabel.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)
18/02/2007
Exquis d'écrivains # 2
Il ya quelques années, Claude Pujade -Renaud dans la nouvelle qui donnait son titre au recueil Un si joli petit livre faisait glsser un ingrédient bien particulier dans un plat mijoté : un livre ...
Pour elle , on trouve Sous les mets les mots.
Si
,chez Chantal Pelletier, nous mangions avec les doigts, rien de
tel ici. Une rigueur héritée de l'histoire familiale (et de l'Histoire
également), des interdictions alimentaires erratiques de sa mère ont
plus donné à Claude Pujade-Renaud semble-t-il le goût des
mots que vraiment celui de la nourriture. Approche plus
intellectualisée donc,l'auteure se délectant des termes culinaires ou
rédigeant une nouvelle où l'on trouve une repas chromatique raté,( rien
à voir donc avec celui-ci ...).
Une sensualité plus mesurée que chez Pelletier mais réelle.
La critique de Cuné, c'est ici !
06:18 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (8)