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27/02/2025
Hildur
"Je ne pense jamais que les gens sont bizarres. Le problème, c’est qu’on se présente trop comme des gens normaux. On croit que tout le monde autour de nous est rationnel et prudent, même si ce n’est pas vrai. On a tous tout le temps des idées des plus étranges les unes que les autres. C’est juste que la plupart des gens n’osent rien faire de ces idées, mais se contentent de jouer, eh bien, la normalité. "
Hildur, inspectrice de police , est restée dans la région des Fjords de l'Ouest, en Islande, là où ses deux petites sœurs ont disparu vingt-cinq ans plus tôt. Aidée par un stagiaire finlandais, Jakob, expert en tricot, occupation qui le déstresse, elle va devoir élucider une série de morts , en commençant par celle d'un pédophile notoire.
En utilisant cet étranger, l'autrice, elle-même finlandaise installée en Islande permet d'avoir un regard extérieur sur les particularités de ce pays, ce qui ajoute beaucoup au charme de cette enquête, par ailleurs originale quant au motif déclencheur du meurtre. Pas sûr pour autant, vu la météo, qu'on aille passer le mois de novembre en Islande !
Les personnages sont bien campés et nous deviennent vite sympathiques, par leurs failles et leurs personnalités contrastées. Une suite est annoncée, j'ai déjà envie de la dévorer !
L'avis d'Antigone qui m'a donné envie : clic.
Traduit du finnois par Aleksi Moine.
Seuil 2025.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : satu rämö
26/02/2025
Western...en poche
"Si le western est un genre, c'est le féminin. Il articule en un seul trajet l'idée du destin, l'idée du tragique de la condition humaine à celle de la plus fascinante liberté.C'est quoi, tout ça en une seule forme, sinon une femme."
Alexis Zagner, comédien en vogue, alerté d'un vague danger qui le menace, a disparu à quelques jours de la première de Dom Juan, dont il incarnait le rôle titre.
Nous découvrirons peu à peu les raisons de sa cavale, qui ont beaucoup à voir avec son attitude avec les femmes.
Quelques mois plus tôt, Aurore qui élève seule son fils Cosma , a appris le décès de sa mère, et ,bombardée "coordinatrice chargée des paramètres humains détachée à l'adaptation aux ressources digitales à cent pour cent de télétravail" (sic), a décidé de déménager à l'ouest, dans la maison maternelle, située sur un causse.
Évidemment, nos deux héros ne pourront que se rencontrer, mais pas forcément dans les circonstances que nous pourrions imaginer.
Faire cohabiter dans un roman le personnage de Dom Juan de Molière et le genre du western voilà qui paraît quelque peu iconoclaste. Mais cela fonctionne très bien et permet de dézinguer au passage le fonctionnement de notre société avec un humour acide.
Maria Pourchet analyse aussi avec férocité ,par le biais des Fragments d'un Discours Amoureux de Roland Barthes, l'avalanche de messages dont Alexis avait accablé une apprentie comédienne dont il croyait être tombé amoureux.
Alternant les temporalités, Maria Pourchet imprime à son récit un rythme vif et multiplie les rebondissements mais néglige peut être au passage ses personnages qui manquent un peu d'épaisseur. Je suis restée parfois perplexe devant certaines de leurs réactions mais il n'en reste pas moins que Western marquera sans doute cette rentrée 2023.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : maria pourchet
25/02/2025
Labeur
"Homo neanderthalensis n'aime jamais les filles d'amour. Et cela est très difficile pour les filles, on s'en doute. Il n'est pas méchant, au fond. Ce sont les émotions qui voyagent mal de sa tête à son cœur. "
Dans la ville de M. ,"en ce 12 novembre de l'an deux mille et quelque" ,des personnages vont se croiser, voire se rencontrer ,en une sorte de ballet virtuose, chacun d'entre eux d'abord en tant que personnage secondaire, puis principal . Roman choral donc qui brosse avec humanité et empathie des destins variés.
Avec malice, "Moi" et "Vous" apparaissent également, car l'humour et les surprises sont aussi au rendez-vous dans ce texte qui ménage un certain suspense et annonce d'emblée une catastrophe qui touchera certains personnages...
Une structure intéressante et vivante, un texte émaillé d 'expressions québécoises juste ce qu'il faut dépaysantes, un très bon moment de lecture.
Editions La Contre Allée 2025. 138 pages qui se tournent toutes seules.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : julie bouchard
24/02/2025
Soeurs ( roman à l'origine du film September & July)
"Le chagrin est une maison sans fenêtre ni porte, sans possibilité de voir le temps qui passe."
Septembre et Juillet sont des sœurs nées à dix mois d'intervalle mais entretiennent une relation quasi gémellaire, même si elles ne se ressemblent pas physiquement. Sheela, leur mère est bien consciente de l’emprise, de la manipulation , confinant parfois à la cruauté, que l'aînée exerce sur sa cadette mais n'intervient pour autant pas de manière efficace.
Harcelée à l'école, "cette bête de Juillet " donnera lieu à un premier incident, puis à un second dont la gravité vaudra à cette famille de trois femmes de se réfugier dans une vieille maison au bord de la mer où l'atmosphère oscillera entre cauchemar et réalité.
Daisy Johnson excelle à créer ces mondes entre deux eaux où ses personnages se perdent pour mieux se retrouver. Elle y entraîne son lecteur, le déroutant parfois, le faisant douter avant que de dévoiler ce qui était devant nos yeux et ne pouvait mener qu'au drame. Un roman envoûtant qui confirme le talent singulier de cette autrice.
Traduit de l’anglais par Lætitia Devaux. 216 pages . Stock 2021
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : daisy johnson
22/02/2025
Les filles du chasseur d'ours...en poche
"Tant que vous n'avez pas séjourné au milieu des très anciens et majestueux pins gris au tronc orné de polypores qui peuplent les forêts profondes , vous ne savez rien de la Finlande."
Comme dans les contes, elles sont sept sœurs. Comme dans les contes, elles vont habiter seules dans la forêt. Ne les imaginez pas comme des petites choses fragile, elles sont fortes, intrépides, ingurgitent des flots de gnôle maison et de bière quand l'occasion se présente. Elles affrontent les éléments, la faim, le froid, la folie aussi.
Sauront-elles trouver leur place à la ville ces femmes sauvages et libres ?
Un roman surprenant qui emprunte au conte certains de ses motifs pour mieux envisager d'un point de vue extérieur la société finlandaise contemporaine et proposer des modèles féminins , rudes mais attachants . Un roman féministe plein de vigueur.
07:33 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anneli jordhal
20/02/2025
Le signal...en poche
"Je n'en reviens pas.
Que le signal soit capable encore, après toutes les souffrances , d'offrir cette poésie folle, d'inventer ce paysage nouveau, de la mer en transparence, presque en symbiose."
Quelle drôle d'idée que de consacrer un ouvrage à un immeuble et de le voir évoluer au fil des ans !
Oui mais cet édifice est tout à fait particulier. Il s'agit en effet du Signal ,immeuble d’habitations construit entre 1965 et 1970 en bord de mer et destiné à offrir une vue imprenable à des populations modestes dont c'était le rêve de toute une vie.
Las, le rêve vire au cauchemar car l'érosion marine a été plus rapide que prévu, réchauffement climatique oblige, et l'océan qui a gagné sur la côte aquitaine a chassé les propriétaires de leurs appartements.
Coup de foudre en 2014 pour Sophie Poirier qui suit, fascinée son évolution, imagine les vies des propriétaires expulsés et en procès avec les autorités.
Cet immeuble fait aussi résonner en elle des relations à d'autres habitations et ouvre simultanément l'imaginaire de ses lectrices et lecteurs.
Le Signal fonctionne donc comme une formidable machine à rêver , tantôt poétique, tantôt prosaïque, n'occulte en rien les aspects sociaux et environnementaux et nous fait à notre tour tomber en amour pour cet immeuble promis à la démolition cette année.
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
à noter également les photographies d'Olivier Crouzel .
Éditions Inculte 2022.
06:30 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sophie poirier
18/02/2025
Hexa
" Tu seras toujours étonnée par le pouvoir latent de la terre, capable de ressusciter la moindre semence d'espoir. "
Chaque année, Sandrine part rejoindre une équipe féminine de reboisement dans le Nord d'un pays qu'on devine être le Canada, retrouvant ainsi un peu de la liberté et de la nature dont elle a tellement besoin et dont elle est privée par le pouvoir en place.
Cette fois, elle emmène sa fille, Thalie, adolescente à l'esprit acéré et qui n'est pas dupe des mensonges enseignés par la propagande qui règne dans cette société .Une société sécuritaire dont les habitants sont pucés et où la nature a quasiment disparu.
La sororité, l'importance des liens de filiation, les femmes libres qu'on tente de maîtriser sont au cœur de ce récit qui fait la part belle à la Nature et à sa capacité de résurrection. C'est à la fois une dystopie et un roman d'apprentissage car Thalie apprendra à la fois à découvrir sa mère mais aussi la force du collectif. et de l'espoir .
A dévorer sans plus attendre.
Stock 2025.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gabrielle filteau-chiba
12/02/2025
Histoire de la femme sauvage
"Et une gamine retient que c'est en arrachant ses racines que l'on est de bonne souche, le contraire de la nature. "
L'histoire commence en 1954 en Algérie, appelée "Alchérie" par l'une des héroïnes, Made, appellation révélatrice du lien fort qu'elle entretient avec ce pays où elle a vu le jour .Adolescente, Made scrute avec acuité tout ce qui l'entoure, et cela irrite beaucoup son entourage et en particulier sa mère, Léa.
Cinquante ans plus tard, Laure, née en France, reviendra sur les traces de sa mère, Made, dans l'oliveraie familiale, où ce qu'il en reste , pour retrouver ses racines et découvrir le secret de sa lignée.
L'attrait puissant du pays natal irrigue ce texte tout en nuances où les femmes ont la part belle , même si elles se contraignent au secret. Ce roman met aussi au jour une réalité trop souvent ignorée des livres d'histoire, réalité que l'écriture poétique d'Isabelle Desesquelles traite avec beaucoup de délicatesse. Un roman où la nature, et les oliviers en particulier, jouent un rôle important, un roman qui résonne encore en nous une fois les pages refermées.
Editions JC Lattès 2025.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : isabelle desesquelles
11/02/2025
Et nos yeux doivent accueillir l'aurore...en poche
« Nous n'étions pas de ces familles où on se pardonne les uns aux autres, où on se demande pardon, où on essaie d'enterrer la hache de guerre ou de discuter. Chez nous, c'était soit le silence, soit la violence... »
Celle qui s'exprime ainsi, sans faux-fuyants, est la narratrice du roman, Georgette, dite George, issue d'une famille dysfonctionnelle et très pauvre. Grâce à l'obstination d'une enseignante , elle a réussi à intégrer l'université . C'est là, en 1968, à New-York, qu'elle fera la connaissance d'Ann, issue d'un milieu extrêmement privilégié qu'elle rejette avec violence. Les relations sont d'abord tendues mais George se laissera ensuite séduire par le charisme et les convictions de sa colocataire.
Mais une telle intensité ne peut que déboucher sur une rupture et, ce n'est que des années plus tard que George entendra parler d'Ann qui vient de tuer un policier.
Jouant avec la temporalité, multipliant les points de vue sur Ann, Sigrid Nunez s'écarte avec brio des attendus du roman d'amitié féminine et brosse les portraits nuancés de femmes qui se révèlent surprenantes à bien des égards, sans pour autant user de pathos. Un grand coup de cœur.
De La même autrice: clic.
Elle est aussi l'autrice du roman Quel est donc ton tourment?, (beaucoup aimé, mais pas de billet) , roman adapté récemment au cinéma par Almodovar sous le titre La chambre d'à côté.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sigrid nunez
10/02/2025
La fenêtre
"Elle avait peur. De croiser le virus sur son chemin. "
Récit du confinement d'une illustratrice, pour l'instant sans travail, La Fenêtre rend compte des angoisses de cette jeune femme, très sensible aux notions d’espace et du pouvoir qu'il implique. Ainsi ressent-elle avec intensité la porte ouverte sur le pallier de ses voisins et la lutte sous-jacente pour occuper le-dit pallier par des plantes...
Un thème intéressant mais le style de l'autrice , fragmentant ses phrases par des points là où on aurait attendu des virgules, m'a tenue à distance et j'ai constamment buté sur ces points (dont je comprends par ailleurs l'usage). Une rencontre ratée donc.
Traduit de l'espagnol par Michelle Ortuno.
Merci à Babelio et aux Editions La contre Allée.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : isabel alba