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29/02/2024
Qui a peur des vieilles ?/ essai sur l'invisibilisation des femmes ...en poche
" Si elles restent sous-représentées dans l'art, les femmes mûres y montent en puissance depuis quelques décennies. Elles sont les pionnières. Les vibrionnantes. Plusieurs d'entre elles montrent que la vieillesse n'est pas le naufrage dont parlait de Gaulle. Qu'elle peut aussi être indocile, déraisonnable, se muer en espace de réflexion sur la société. En bulle de subversion et de révolte: une liberté dans et par l'acte de créer. "
S'il n'est guère original pour qui a déjà lu par exemple Vieille peau de Fiona Schmidt,clic,l'essai de Marie Charrel permet néanmoins de balayer un large éventail de domaines concernant les vieilles femmes et de refaire des piqûres de rappel dans certains domaines. Ainsi souligne-t-elle très justement l'importance économique que représente l'industrie des cosmétiques : "Selon Cosmétique Mag, les soins antirides pesaient 162 millions d'euros en 2017 en France (dont 9, 4 million pour le bio) et les soins du visage au sens large, 274 10 millions d'euros. "
Quand on sait que seules les bonnes crèmes hydratantes sont vraiment efficaces et que les visages des actrices peuvent être retouchés numériquement...Il y a là de quoi faire de sérieuses économies.
Un essai plaisant à lire malgré tout.
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : marie charrel
28/02/2024
Fille en colère sur un banc de pierre...en poche
Profitez de votre enfance, le monde se chargera de vous briser le cœur bien assez tôt. "
Parce qu'elle a été estimée responsable de la disparition de sa petite sœur, alors qu'elle même n'était qu'une enfant,Aïda a été ostracisée par son père et ses deux sœurs ainées, puis exfiltrée par sa mère.
La paria sera néanmoins contactée par ses sœurs lors du décès du père de famille, le Vieux. L'occasion de se confronter au passé et de peut-être trouver la vérité...
L'action se déroule sur une île italienne écrasée de soleil, au sein d'une famille atypique comme les affectionne Véronique Ovaldé, tout à la fois baroque et tragique.
Malgré l'atmosphère très réussie, je n'ai pas vraiment apprécié ce roman dont l'intrigue m'a rappelé celle d'Une souris bleue de Kate Atkinson et j'ai trouvé le temps long.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : véronique ovaldé
27/02/2024
#Flamboyantcrépusculedunevieilleconformiste #NetGalleyFrance !
"Dans les années 1960, 1970, alors que je m'emmerdais ferme à tenter de réussir la langue de bœuf sauce madère, d'autres, partout dans le monde, écoutaient Led Zeppelin et jouissaient dans des sous-sols improbables , emmêlaient leurs cheveux, découvraient leur corps et leurs désirs, rencontraient parfois leur moi profond. "
Parfaite petite bourgeoise belge avec toute la panoplie jupe plissée, serre-tête et rang de perles quand elle était jeune, Dominique Pirotte, quatre-vingt-deux ans se lâche enfin. On vient de lui découvrir un Alzheimer et elle a décidé de tirer sa révérence.
Sans fausse pudeur, sans hypocrisie, elle regarde avec lucidité ses proches mais aussi avec elle-même. Les seules qui trouvent grâce à ses yeux sont sa fille Dorothée qui, trop tôt décédée , avait tenté de l'extraire de sa vie rabougrie et sa petite-fille, Victoire. Victoire, vingt ans qui est la vie même en cette période de coronavirus.
Monologue décapant, mais aussi émouvant, ce roman nous fait vivre de l'intérieur la maladie qui dérègle les curseurs du temps. Il nous offre aussi une réflexion sur notre civilisation, notre rapport à la jeunesse, à la vieillesse, à la nécessité de la fiction
Un grand coup de cœur qui file sur l'étagère des indispensables.
Le Cherche Midi 2024. 106 pages qui se dévorent cul sec.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (7)
26/02/2024
Mon Cahier d'apprenti herboriste
Manon Batista, écologue et herbaliste diplômée de l’École lyonnaise des plantes médicinales nous propose ici d’élaborer notre trousse à pharmacie naturelle.
Très clair, extrêmement bien structuré, son ouvrage nous permet ainsi de différencier les électuaires (préparations liquides composées d'un mélange de plantes en poudre et de miel) des infusions et des décoctions , entre autres.
Elle souligne l'importance de l'hygiène, précise bien quel est le matériel indispensable et résume de manière précise et efficace sous forme de tableaux "en un coup d’œil" le tout.
De la belle ouvrage, simple à lire et richement illustrée. il n'y a plus qu'à s'y mettre !
Éditions Mosaïque-Santé 2022. 80 pages, 10 euros.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
06:00 Publié dans Pratique | Lien permanent | Commentaires (1)
17/02/2024
A quoi rêvent les étoiles...en poche
"On a tous besoin de se raconter une histoire qu'on trouve cohérente, de s'arranger une vérité à partir de fragments de fabriquer des liens de cause à effet. Même lorsqu'ils n'existent pas vraiment. Surtout lorsqu'ils n'existent pas vraiment. "
Roman Choral, A quoi rêvent les étoiles met en scène cette fameuse théorie qui veut que nous soyons reliés à n'importe qui dans le monde par une chaîne de six relations individuelles.
Ici, le territoire est plus circonscrit car il se limite à la Bretagne, mais l'ambition n'en est pas moins grande car Manon Fargetton va relier des êtres qu'en apparence tout oppose (par l'âge, la profession, le passé...). Il y aura des surprises (et non des moindres) mais rien de télescopé.
Quel que soit l'âge de ses personnages, elle les dépeint avec beaucoup de sensibilité et de véracité se glissant aussi bien dans la peau d'un ado refusant de sortir de sa chambre que dans celle d'une veille dame refusant de vivre sans son mari, décédé. La maladie mentale, l'emprise ou le parent qui refuse de donner son indépendance à sa fille sont aussi évoquées mais les personnages sont aussi animés par leurs passions, aussi différentes soit-elle. Faisant le lien entre eux, un peu à la manière d'un chœur antique à lui tout seul, un marchand ambulant de crêpes haut en couleur commente ce qu'il voit et ce qu'il devine. Un excellent moment de lecture pour ados- mais pas que- car l'écriture est fluide, els personnages complexes et la structure très maîtrisée.
06:00 Publié dans Jeunesse, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2)
16/02/2024
Le lâche...en poche
"Suivant qui vous êtes, les handicapés vous apparaissent comme des memento mori, la bonne action de la journée à accomplir, un réceptacle pour votre pitié ou un motif de curiosité. "
Qui est le lâche dans ce roman ? Le fils qui a fugué il y a dix ans sans donner de nouvelles et se retrouve maintenant dans l'obligation d'appeler son père à la rescousse car il est paralysé et sans ressources à la suite d'un accident ; ou le père qui, à la mort de sa femme, a plongé dans l’alcool et la violence ? Peu importe au fond. L'essentiel est que, bon gré, mal gré les deux hommes vont devoir cohabiter , s'adapter l'un à l’autre , et cela n'ira pas sans mal car si le père a su gommer (en partie) ses aspérités, le fils est une boule de colère contre le destin, contre les autres, mais surtout contre lui-même.
Pas d'autoapitoiement, mais une bonne dose d'humour noir et un regard acéré porté sur le handicap, la manière dont il est vécu de l'intérieur ( le fait que l'auteur soit lui-même en fauteuil n'y est sans doute pas pour rien) et un magnifique portrait , très nuancé, des relations familiales. L'auteur qui signe ici son premier roman fait une belle entrée dans la littérature.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0)
15/02/2024
Permettre aux étoiles
Puisant dans la vie quotidienne, une rencontre, un séjour à l’hôpital, des mots entendus à la télévision ou dans la rue, Stéphane Bataillon en tire des poèmes en prose qui en expriment tout le suc.
Il est parfois discrètement politique, mais tranchant quand même . Ainsi dans le texte intitulé "Essayer autre chose", dans un contexte d'élection, il évoque la tentation de beaucoup et conclut ironiquement "[...] essayer autre chose/ comme/ se trancher les doigts/ avec la lame du boucher. "
Le Covid traverse aussi ces poèmes , ainsi que la nature, l'occasion de s'étonner ,d'ouvrir les yeux sur ce qui paraissait acquis, évident. Et c'est bien là la tâche du poète: nous donner à lire d'un œil neuf ce qui semble aller de soin. On prend beaucoup de plaisir à la lecture de ces poèmes , jamais mièvres, mais d'une intensité sourde.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
Éditions Bruno Doucey 2024.
06:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : stéphane bataillon
09/02/2024
A prendre ou à laisser...en poche
"Elle refusait d'apparaître aux yeux de son assassin de mari comme un vieux tacot goulu en carburant dont il faudrait remplacer tant de pièces qu'il se révélerait moins onéreux de l'abandonner à la casse et d'acheter un véhicule neuf. "
Pour des raisons diverses (des antécédents de dégénérescences du cerveau ,le désir ne pas être un poids pour le National Health Service...) , Cyril et Kay ont passé un pacte: le jour du quatre-vingtième anniversaire de Kay, ils mettront fin à leurs jours.
Arrive le jour fatidique et tout n'est pas si simple.
Un point de départ, douze possibilités et autant de textes aux tonalités diverses qui nous permettent de réfléchir sur la vieillesse et la fin de vie. Le risque était de tomber dans une certaine mécanique, mais Lionel Shriver parvient toujours à nous surprendre, voire à nous effrayer. L'humour est toujours aussi grinçant et l'autrice n'hésite pas à brosser d'elle un portrait au vitriol , un clin d’œil bien venu pour éviter toute position surplombante. Un pur régal.
Traduit de l’américain par Catherine Gibert
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lionel shriver
08/02/2024
Python
"Nos textes quand ils s'affichent sur l'ordinateur s'écrivent sur un millefeuille d'autres textes écrits par d'autres mains. L'idée de palimpseste a toujours enchanté les écrivains, mais de ce palimpseste-là, ils ne parlent pas. "
La narratrice, romancière d'une cinquantaine d'années, est un jour fascinée par la concentration avec laquelle le fils d'un de ses amis est penché sur son ordinateur, en train de coder. Intéressée par ce nouveau langage, elle se met en tête d'apprendre à coder, tente la "piscine" pour intégrer la fameuse école 42 de Xavier Niel, échoue, évidemment, mais se met à fréquenter , en observatrice tout ce petit monde de geeks.
Si on apprend plein d'informations intéressantes sur cet univers qui trop souvent dépasse ceux qui ne sont pas nés avec Internet, très vite, on se demande où va le roman et quel est son réel intérêt. Pourquoi évoquer tout à coup son ami d'enfance qu'elle ne voit plus ? Pourquoi débusquer cet étudiant de l'école 42 jusque chez lui ? Le récit se termine de manière abrupte et peu satisfaisante.
P.O.L 2024.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : nathalie azoulai
07/02/2024
La Vie Précieuse
"il y a pourtant des petites choses coupantes dansa doublure de mon cœur. Des choses comme des petits animaux qui traquent mon corps. Des animaux à l'intérieur. "
Roman autobiographique et de formation La Vie Précieuse pulse de l'énergie de son autrice et narratrice. Jouant avec la typographie, la page, usant avec virtuosité des ellipses, sans jamais perdre son lecteur en route, Yrsa Dale-Ward se livre avec franchise, n'occultant ni le racisme dont elle a été victime dans les années 80 dans le Nord de l’Angleterre, ni les addictions dont elle a souffert , ni la prostitution .
J'ai particulièrement été marquée par la dissociation dont elle use dans son récit, passant du "je " au "tu" pour mieux relater "unenuitputaindefroide" et par la manière dont elle évoque sa relation à son corps et comment, très tôt, il est envisagé par les hommes.
Sans pathos, elle évoque sa mère qui l'élevée sans père à proximité, se tuant littéralement au travail, ses grands-parents extrêmement religieux, son petit frère aussi, tant aimé. Un texte puissant traduit par Julia Kerninon.
Merci à Babelio et à l'éditeur pour cette découverte.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : yrsa daley-ward