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28/08/2023
Pauvre folle
"Mise en joue par son père, pupilles dans les pupilles, fusil de chasse pointé. Une longue hésitation, puis elle fut épargnée, rien sur le plan physique. Mais d'un point de vue psychique, la balle est bien partie. C 'est le dedans de la tête qui a été touché, le dedans qui a explosé , sur les parois de son crâne, il y en avait partout .Des bouts du Moi de Clotilde qui s’appelait encore Valérie. "
Le temps d'un voyage en train (direction Heidelberg), Clotilde extrait de son crâne, sous forme de gouttelettes aux formes et textures variées, des souvenirs qui, espère-t-elle lui permettront de comprendre pourquoi il y a dix ans elle est tombée amoureuse d'un gay, Guillaume.
Tous deux s'étaient créé, grâce aux mots ,un univers parallèle, où leurs identité fusionnaient. Depuis dix-sept mois, Guillaume a fait sa réapparition, et bien que ses ami.e.s ne cessent de lui dire qu'elle est dans le déni et que Guillaume ne quittera jamais son amoureux, Clotilde s'obstine.
Clotilde/Chloé prend à bras le corps le fil de sa vie , du premier choc esthétique grâce à la poésie , en passant par le féminicide de sa mère ,sa bipolarité, évoque sans honte (et avec humour) son passé de pute pour masochistes (souvent très fatiguant physiquement) et embarque le lecteur dans ce voyage chatoyant mais sans pathos.
Elle nous régale aussi avec sa "petite typologie du mâle hétérosexuel post # Me Too" car Clotilde est bien sûr féministe et n'hésite pas à tacler au passage le milieu du cinéma auquel appartient Guillaume. J'ai parfois pensé en la lisant à une autrice oubliée, Muriel Cerf, tant on sent que Chloé Delaume se régale à jouer avec les mots et à se bâtir , grâce à eux, un univers plus coloré, plus riche de sensations. D'aucuns y verront peut être du nombrilisme, mais j'ai été emportée par ce roman qui se joue de la bien-pensance.
Le Seuil 2023;
06:02 Publié dans Rentrée 2023, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : chloé delaume
Commentaires
Je n'ai pas été pleinement convaincue par son précédent ; j'emprunterai celui-ci à la bibliothèque, c'est une voix singulière. (Muriel Cerf, ça ne nous rajeunit pas ..)
Écrit par : Aifelle | 28/08/2023
Aifelle,comme tu dis :) Sinon, le style se rapproche parfois aussi de Boris Vian.En plus féministe , bien sûr.
Écrit par : cathulu | 28/08/2023
J'ai parfois du mal avec son style, par moments l'écriture est un peu foutraque, non ?
Écrit par : Melanie B | 29/08/2023
Melanie, foutraque, non, pas vraiment. Elle se crée un univers bien particulier.
Écrit par : cathulu | 29/08/2023
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