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24/11/2022
Transcription...en poche
"Est-ce qu'ils élevaient ces filles dédaigneuses dans un incubateur spécial quelque part ? "
Kate Atkinson dans Transcription continue d'explorer la période de la 2 nde guerre mondiale , cette fois sous l'angle de l'espionnage. Son héroïne, Juliette Armstrong, en apparence naïve, est recrutée par les services secrets britanniques pour participer au démantèlement de la cinquième colonne, ces sympathisants locaux du nazisme.
Rien de bien glorieux car il s'agit dans un premier temps de retranscrire leurs propos, souvent obscurs, voire ennuyeux. Tout cela paraît assez bon enfant jusqu'à ce qu'enfin, les événements s'emballent et que Juliette ne soit amenée à devenir une espionne comme elle le rêvait.
Entremêlant à son habitude avec virtuosité les époques, parsemant son texte de touche d'humour et nous gratifiant d'un revirement final assez efficace, Kate Atkinson, n'a pourtant pas réussi à me captiver comme elle le fait d'habitude.La tension dramatique n'est pas suffisamment efficace et l'intrigue un peu trop paresseuse à mon goût.
Gageons que ce n'est que partie remise ! J'attends déjà avec impatience les nouvelles aventures de Jackson Brodie.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : kate atkinson
23/11/2022
Hiver...en poche
Invité pour Noël chez sa mère avec qui il entretient des relations distantes, Art n'a rien trouvé de mieux que de louer les services d'une jeune fille d'origine étrangère rencontrée dans la rue pour jouer le rôle de Charlotte, sa petite amie qui vient de briser leur relation.
Le roman commence donc sous les auspices d'un ressort de comédie romantique mais va bientôt prendre un tournant plus dramatique quand les jeunes gens vont se rendre compte que la mère d'Art, Sophia, est plutôt confuse et ne s'alimente guère. Art appelle donc à la rescousse Iris, la soeur de sa mère. Voilà trente ans que , séparées par des visions du monde radicalement différentes, les deux femmes ne se sont pas revues...
Les souvenirs se mêlent au présent, un secret de famille sera révélé, mais pas forcément au principal intéressé dans cette famille qui semble ne pouvoir communiquer que par le truchement de tiers. Un roman qui peut dérouter mais dont les personnages n'en demeurent pas moins attachants.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ali smith
15/11/2022
Porté Disparu
" Il s'est passé le meilleur, le vif, le brillant, le sensible, l'intelligence pure, il s'est passé le courage, la liberté, la générosité, mais aussi la fougue du désespoir, et c'est ce dont je me souviens. "
Par le truchement d'un exposé sur Magnus Hirschfeld, un médecin juif allemand qui militait pour l'égalité entre hommes et femmes et les droits des homosexuels, Livio va faire voler en éclats les certitudes et provoquer un beau remue-ménage au sein de la classe. Cela n'ira pas sans hostilité et le jeune homme à l'issue de cet exposé est porté disparu.
Reprenant ses personnages du roman Un jour de Courage, Brigitte Giraud revient sur les répercussions intimes de différents protagonistes: les camarades de Livio, ses parents, sa professeure d'histoire-géographie.
Sans manichéisme, elle peint des adultes et des adolescents souvent désemparés qui n'ont pas su ou pu faire face à ce que Livio avait révélé en sous-texte de son exposé. Une manière sensible et délicate de prolonger la lecture et/d'amener de plus jeunes lecteurs (mais pas que) à faire l'enrichissante connaissance de Livio.
Éditions École des Loisirs 2022.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : brigitte giraud
14/11/2022
#Unehistoirenaturelledelamouretdelamort #NetGalleyFrance !
" Il m'a fallu beaucoup d'audace pour me réclamer de l'écolittérature malgré ma grande ignorance de la nature sauvage; mais le bon côté de l'ignorance est l'émerveillement, et je m'émerveille avec brio. "
Margaret Renkl, en de courts chapitres alternant souvent passé et présent, évoque tout à la fois les habitants sauvages de son jardin, mais aussi les membres de sa famille. La mort, l'amour sont au cœur de ses observations minutieuses- deux faces d'une même pièce de monnaie -et elle ne s'épargne pas, soulignant ses failles et ses erreurs, étant parfois trop interventionniste dans sa volonté d'aider les oiseaux de passage dans son jardin.
J'ai souvent pensé à Colette (et parfois à Sue Hubbell) en dévorant ces textes évoquant la nature de l'Alabama , le même amour de la nature, la même précision et le même attachement à sa famille. Une lecture attachante et prenante.
Traduit de l’anglais (E6U) par Cécile Hermellin. Julliard 2022.
06:00 Publié dans Autobiographie, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : margaret renkl
12/11/2022
Impossible...en poche
"L'obsession d'être déclaré important par les autres ne me concerne pas. J'ai fait partie d'une génération qui a agi au nom du collectif. Je considère donc insignifiantes les individualités, les personnalités. "
Un duel verbal, en huis-clos, entre un juge et un accusé. Ils ne sont pas de la même génération, ne possèdent pas la même vision de la politique ou de la justice, mais le jeune juge veut selon l'accusé "fermer une parenthèse restée ouverte jusqu'à aujourd’hui. Car aucun de ceux qui ont trahi leurs propres camarades n'a été atteint par une vengeance. Le plateau de la balance reste incliné."
Quelle était en effet la probabilité pour que l'accusé, ancien révolutionnaire italien, signale la chute mortelle en montagne d'un homme qui se révélait être l'ami qui l'avait trahi quarante ans plus tôt ?
Les interrogatoires, parfois biaisés, souvent "sortis du sujet et du rituel", ainsi que les lettres d'amour (non envoyées) permettent d'explorer en profondeur le parcours à la fois politique et psychologique d'un homme resté fidèle à son idéal, tout en maintenant jusqu'au bout la tension dramatique. Du grand art.
Traduit de l'italien par Danièle Valin
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans italiens | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : erri de luca
11/11/2022
les Falaises...en poche
"J'attends qu'il fasse noir pour qu'on se voie moins un peu. J'attends qu'il fasse noir et je défais ses bretelles . Détricote son chandail. Détricote ses cheveux attachés sur sa nuque, les laisse glisser sur mes joues. La laisse glisser sur mes joues. Les mains enfiévrées les doigts araignées d'eau. J''échappe ses taches de rousseur sur le plancher.Ses dents accrochées dans les recoins sensibles de mon cou."
La narratrice, V., vient d'apprendre la mort de sa mère. Elle se rend à sa maison d’enfance, au bord du fleuve Saint Laurent où s'est glissée sa mère, dans le but de vider l'habitation, mais aussi de renouer les liens distendus de cette famille matrilinéaire où les hommes ne faisaient que passer, occupés par d'autres voyages.
D'octobre à mars, nous suivons V. dans un périple d'abord immobile, découvrant les écrits de sa grand-mère, née en Islande, évoquant les souvenirs de sa mère, marquée par une grande instabilité psychologique, mais emmenant ses deux filles, V. et Anaïs aux quatre coins du monde.
Bientôt V. partira sur les traces de son ancêtre, mais elle sait déjà que ce sera pour mieux revenir.
Femmes sauvages, femmes à la fois faibles et fortes, marquées par leur amour de la nature, Virginie Dechamplain leur offre une voix poétique, ultra sensible qui parfois broie le cœur. La lettre que la grand-mère écrit à sa fille nouvelle née est parmi l'une des plus belles lettres d'amour que j'ai lue.
Un texte au plus près des corps, des émotions, de la nature, qui ne fait pas l'économie de la souffrance ,mais sans jamais tomber dans le pathos. Une langue libre qui se réinvente pour mieux dire l'amour et la mort Un texte puissant et marquant qui file sur l'étagère des indispensables.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : virginie dechamplain
10/11/2022
L'énigmatique Madame Dixon...en poche
"Les gens pensent qu’ils veulent la vérité mais ils sont toujours déçus. C’est invariablement moins excitant que le mystère. "
Un prologue énigmatique, qui évoque d'emblée la problématique de l’identité, un début de roman d'apprentissage mettant en scène une jeune femme qui veut intégrer le monde de l'édition à New-York, mais qui surtout veut devenir une écrivaine, Alexandra Andrews semble placer son roman sur des rails bien calibrés. Mais bientôt tout dérape et l'apprentie écrivaine se révèle bien moins lisse qu'il n'y paraissait.
Le trouble s'accentue quand elle va devenir l'assistante de Madame Dixon, écrivaine à succès qui ne se montre jamais dans les médias et dont seule l'agente connaît le vrai nom. Un voyage au Maroc verra se mettre en place un traquenard et ses nombreux rebondissements.
Personnages cyniques, qui révèlent, mine de rien et avec désinvolture leur plus noir secret, apprentie écrivaine sans scrupule, tout est ici un pur régal pour qui aime les intrigues tordues à souhait.Un bon moment de lecture.
05:55 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : alexandra andrews
09/11/2022
#Lescaractères #NetGalleyFrance !
"Mais alors, de ce que me donne votre ascendant, ce n'est pas vous qu'il lui faut hein. Hmmm non. Il a besoin de quelqu'un qui a de l'énergie vitale, je dirais, obligatoirement. Mais ne vous mettez pas martel en tête hein, ça va se finir tout seul. Il s'en rendra compte. Il en viendra très ,très vite à la conclusion. "
Grande bourgeoise déconnectée de la réalité, théâtreux qui s'écoutent parler et s'émeuvent eux-mêmes, astrologue sans filtre , cagole marseillaise agressive, caviste ayant une haute opinion de son métier, bonne poire du boulot ou tête à claques égocentrique, voici quelques-uns des Caractères interprétés d'abord sur Instagram par Lison Daniel et retranscrits dans ce recueil.
Ayant d’abord lu les textes puis regardé quelques vidéos, il me faut bien admettre que , comme souvent dans ce type de situation, la qualité des textes est rehaussée par le jeu de l'actrice-autrice. On regrettera quelques facilités (le "chier" dans la bouche de la grande bourgeoise déjà vu chez Valérie Lemercier) mais il n'en reste pas moins que nous avons ici de beaux instantanés de notre société en plein confinement.
Grasset 2022.
06:04 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lison daniel
08/11/2022
démo d'esprit aphorismes & autres prismes
"Tout vient à point à qui sait être tendre"
Tour à tour poétiques, drôles, acides , les aphorismes de La Dactylo parsemaient jusque là les murs de villes françaises et son compte Instagram.
Certains d'entre eux ont été réunis dans ce recueil qui montre que le street art peut très bien passer la barrière du papier et toucher un autre public.
Pari réussi car cet ouvrage fait partie de ceux qu'il est toujours bon d'avoir sous la main pour réfléchir, rêver ou juste sourire...
Allez, un dernier pour la route : "Un bidon d'essence,
une étincelle,
feu mon mari."
Éditions Verticales 2022
06:00 Publié dans Art, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : la dactylo
07/11/2022
Au-Delà
"Existe-t-il une date d'expiration des filaments de gratitude secondaires, une fois que la racine principale a lâché ?"
La solitude est devenue le quotidien d'Antonia, écrivaine, professeure de Lettres fraichement retraitée et veuve depuis peu. Originaire de la République dominicaine, elle a été ,par le passé ,sollicitée pour aider les migrants hispanophones et l'un des clandestins qui travaille chez son voisin lui demande de l'aider à faire venir une fiancée qui se révèlera enceinte...d'un autre.
Doit-elle accepter d'héberger cette clandestine dans sa maison devenue trop grande ? Antonia doit remettre à plus tard la réponse car l'une de ses sœurs , la plus fantasque (ou la plus instable psychologiquement ? ) a disparu.
Julia Alvarez dans ce roman analyse avec finesse les liens qui unissent les sœurs, mais aussi tout ce qui peut les séparer. Elle brosse aussi le portrait d'une femme qui hésite à endosser la part de vraie gentillesse qui était l'apanage de son mari: "Est-ce donc à cela que se réduira l'au-delà, la vie après la mort ? Des actes inspirés par Sam, de la part de ceux qui l'aimaient ? ".
Pas de bons sentiments dans ce roman plein d'humanité qui peint avec justesse des personnages attachants et crédibles. Un bon roman comme on les aime.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par David Fauquemberg, Éditions La Croisée 2022. 237 pages qui font du bien.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : julia alvarez