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30/11/2021
#Unejupetropcourte #NetGalleyFrance !
"Tous les jours il me frôle
sa main par inadvertance
me tapote comme une brave vache"
Rien de plus frustrant que de rester extérieure à un livre qui avait pourtant tout pour me plaire: une autrice dont je faisais enfin la découverte, des thèmes liés aux problématiques des femmes , la forme même du texte, poétique, ne me faisait pas peur loin s'en faut.
Peut être m'attendais-je à une langue plus travaillée ...Bref, c'était un rendez-vous raté.
Points Seuil 2021, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.
03:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sofi oksanen
29/11/2021
L'énigmatique Madame Dixon
"Les gens pensent qu’ils veulent la vérité mais ils sont toujours déçus. C’est invariablement moins excitant que le mystère. "
Un prologue énigmatique, qui évoque d'emblée la problématique de l’identité, un début de roman d'apprentissage mettant en scène une jeune femme qui veut intégrer le monde de l'édition à New-York, mais qui surtout veut devenir une écrivaine, Alexandra Andrews semble placer son roman sur des rails bien calibrés. Mais bientôt tout dérape et l'apprentie écrivaine se révèle bien moins lisse qu'il n'y paraissait.
Le trouble s'accentue quand elle va devenir l'assistante de Madame Dixon, écrivaine à succès qui ne se montre jamais dans les médias et dont seule l'agente connaît le vrai nom. Un voyage au Maroc verra se mettre en place un traquenard et ses nombreux rebondissements.
Personnages cyniques, qui révèlent, mine de rien et avec désinvolture leur plus noir secret, apprentie écrivaine sans scrupule, tout est ici un pur régal pour qui aime les intrigues tordues à souhait.Un bon moment de lecture.
les escales 2021, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : alexandra andrews
23/11/2021
#Doubleaveugle #NetGalleyFrance !
"Il était tellement soulagé d'avoir un malheur ordinaire que , parfois, il aurait voulu le dire au monde entier, comme ces personnages dans les comédies musicales qui se lèvent et se mettent à chanter pour que tout le bus entende."
Embarquer dans ce roman difficile à résumer de Edward St Aubyn, c'est comme se lancer dans des rapides qui vous feront connaître des sensations fortes, tantôt dramatiques, tantôt drolatiques à souhait mais dirigé par un capitaine qui a la main sûre et ne vous perdra jamais en route.
Disons que ce texte brasse des thèmes comme l'amour,les liens familiaux, l'écologie, la génétique, les nouvelles technologies , sans oublier la psychanalyse, que ses personnages (des trentenaires) sont ultra crédibles et formidablement attachants par leur complexité et leurs failles (l’auteur se glisse dans la peau d'un jeune homme souffrant de troubles psychiatriques avec une virtuosité remarquable).
Les fêtes sont l'occasion de moments hauts en couleurs mais l'émotion n'est jamais loin et la description d'une rencontre magique et du sauvetage d' un animal coincé dans un grillage restera longtemps dans ma mémoire. La fin ouverte nous laisse espérer une suite...Du grand art !
Et zou sur l'étagère des indispensables.
Grasset 2021
Traduit de l’anglais par David Fauquemberg.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée 2021, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : edward st aubyn
22/11/2021
#Sadapter #NetGalleyFrance !
"Il sentait bien que ce n'aurait pas dû être son rôle. Mais il sentait aussi que le sort aime défaire les rôles et qu'il fallait s'adapter.
L'arrivée d'une enfant inadapté dans une famille concentre généralement l'attention sur lui, et ce , souvent , au détriment des autres membres de la fratrie. Dans ce roman, qu'on devine teinté d'autobiographie, Clara Dupont-Monod, délaissant les romans historiques, choisit de nous raconter, du point de vue des pierres de la maison familiale, l'histoire d'une fratrie hétéroclite mais où la bonté et l'affection circulent, empruntant cependant des chemins différents.
Il y a d'abord l'aîné qui va endosser pleinement son rôle d'Aîné, chérissant ce petit frère aveugle, qui ne peut qu'entendre et dont le corps reste mou comme une poupée de chiffon, sans aucune préhension possible. La cadette, quant à elle, opte pour la révolte , mais saura œuvrer pour restaurer la vie dans cette famille au décès du petit frère. Enfin, il y a le dernier, qui n'aura jamais connu cet enfant inadapté mais qui"avait spontanément accepté l'étrange famille dans laquelle il était né, une famille blessée mais courageuse qu'il aimait plus que tout."
Avec une extrême délicatesse et une écriture qui avance comme sur la pointe des pieds ,mais néanmoins avec vigueur, Clara Dupont-Monod ne rédige pas un tombeau pour cet enfant mais se situe au contraire du côté de la vie, montrant comment ces trois enfants "formaient un cocon, tissaient des jours en forme de cicatrice."
On ne s'étonnera pas que ce roman ait déjà engrangé deux prix.
Stock 2021.
Et zou sur l'étagère des indispensables
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée 2021, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : clara dupont-monod
20/11/2021
13 à table ! 2022
"J'ai eu treize ans le 11 novembre 1974; c'était un lundi. j'étais content d'être né un jour férié parce que je me suis beaucoup ennuyé à l'école, et je n'aurais pas aimé passer en classe le jour de mon anniversaire. le lendemain matin, mardi 12 novembre, à 8h 10, mon père s'est suicidé." Marie-Hélène Lafon
Ne nous voilons pas la face, ce genre d'initiative caritative donne rarement lieu à e grandes réussites du point de vue littéraire, sans doute car il faut combiner auteurs populaires , susceptibles d'attirer un large public et auteurs plus reconnus par la critique.
Le thème retenu, de plus, Les Vacances, n'augurait rien de bon mais , à l'exception de ,je cafte, trois auteurs qui l'ont pris au pied de la lettre, le 13 à table de cette année est un excellent cru.
On y retrouvera ainsi la famille Santoire chère à Marie-Hélène Lafon, avec un dénouement plutôt audacieux ou un texte tout en délicatesse de Jean-Paul Dubois qui m'a fait penser à Alain Souchon et à un événement traumatique de son enfance.
Quant à Alexandra Lapierre, elle nous gratifie d'un récit sur une relation sororale magistrale. Les tonalités varient , mais la nostalgie n'est pas forcément au rendez-vous comme je le craignais de prime abord. Un recueil où Cyril Lignac nous offre même une recette de poulet rôti à l'origan frais et au citron ça ne se refuse pas .
Couverture de Riad Sattouf
Pocket 2021
11:20 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : tonino benacquista leïla slimani karine giebel romain puértolas
01/11/2021
Le ventre des hommes
"Prendre la parole dans l'espace public demande du ventre, des tripes, la parole engage. Et la parole, si elle n'est pas prise, elle aussi, bouffe le ventre, vient te chercher la nuit, t'empêche de dormir. J'ai fermé ma bouche. Et mon corps m'a congédiée."
Pourquoi Hannah , professeure des écoles est-elle en garde à vue en 2016 ? Fille d'un mineur marocain, issue d'une famille nombreuse dont la mère ne maîtrise pas la langue française, la jeune femme est ce qu’on appelle maintenant une transfuge de classe , à l'instar d'Annie Ernaux , Édouard Louis ou Didier Eribon, d'ailleurs évoqué dans le roman.
Mais Le ventre des hommes, qui opère des allers-retours entre passé et présent ,est bien plus que le récit d'une émancipation sociale, c'est aussi un magnifique chant d'amour aux langues, à la lecture, à la solidarité et à la famille.
Le père, "sélectionné" pour aller travailler en France dans des conditions extrêmement pénibles et dangereuses , doit dissimuler le fait qu'il sait lire et écrire pour pouvoir être embauché. Sa fille découvrira bien plus tard qu'il a lutté pour que les mineurs marocains bénéficient des mêmes droits que tous les autres travailleurs de la mine.
Pas de misérabilisme, mais une formidable force de vie qui irrigue tout le roman et si la syntaxe est parfois malmenée ,c'est pour mieux rendre compte de la brutalité d'un monde qui ne tourne plus rond et contre lequel il faut savoir s'insurger. Un roman puissant qui bat en brèche bien des clichés. Un grand coup de cœur pour un texte dense mais jamais pesant.
L'Aube 2021.
De la même autrice, j'avais aussi beaucoup aimé: clic
06:00 Publié dans Rentrée 2021, romans français | Lien permanent | Commentaires (3)