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30/10/2021
Même à l'ombre, les cigales chantent
De ces treize autrices, je ne connaissais personne mais le projet de s'engager contre le cancer du sein qui les rassemble ici m'intéressait vraiment et je n'ai pas été déçue.
En effet, si quelques textes n'évitent pas certaines situations attendues de la littérature à l'eau de rose, la majorité d'entre eux abordent avec finesse et délicatesse les relations entre la malade et son entourage ( mère-fille, entre amies, voire entre sœurs jumelles), relation chaotiques qui ne se limitent pas aux bons sentiments. Un recueil à (s') offrir car on y sent une réelle implication des autrices.
Hugo poche 2021
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claire zamora cynthia kafka tamara balliana lou marceau carène p
29/10/2021
Miettes (humour décalé)
"Le problème, c'est que les filles, la plupart du temps, elles ne sont pas endormies, et que nous, les garçons, on sait pas vraiment comment être charmants."
Quand un élève de Terminale gaulé comme une allumette, qui aime les livres de surcroit , le genre à être toujours choisi en dernier lors de la formation des équipes en sport, prend la parole pour un seul en scène censé être humoristique lors d'un spectacle de fin d'année, nul ne s'attend à ce qui va se passer.
A savoir une dénonciation non seulement de la culture genrée, de l'application de stéréotypes dès l'enfance , et ce quelque soit le milieu social, mais aussi des humiliations quotidiennes pour un garçon qui ne correspond pas aux critères de la virilité, sans pour autant qu'il soit homosexuel.
Un véritable jeu de massacre argumenté et nuancé qui va bientôt prendre une tournure plus douloureuse, pleine d'émotion, avec l'évocation d'un épisode traumatique vécu par ce jeune homme et une jeune fille lors d'un séjour scolaire à la montagne.
Les adultes ,qui ne prennent pas ou ne veulent pas prendre la mesure de tels comportements , ne sont non plus épargnés mais c'est bien la société dans son ensemble qui est mise en cause.
Un roman qui nous entraîne dans un tourbillon d'émotions. Un énorme coup de cœur. Et zou, sur l'étagère des indispensables.
Stéphane Servant, Nathan, Collection Court toujours 2021.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : stéphane servant
28/10/2021
L'enterrement de Serge
"La profession de croque-mort est à recommander aux personnes déprimées parce qu’être confronté chaque jour au malheur d’autrui est un moyen efficace d’échapper au sien. "
Serge Blondeau aura enchaîné les échecs jusqu'au jour de son enterrement , auquel peu de gens assistent , et sera même inhumé avec retard, à cause d'une grève.
Sa veuve, sa mère, sa sœur, son beau-frère et leur fille, sans oublier une voisine et un ami du défunt ,devront donc cohabiter dans un petit hôtel, en attendant que la situation se décante. Tensions, révélations seront au menu dans ce huis-clos involontaire.
Les péripéties se succèdent jusqu'au dernier moment, mais j'ai lu ce roman avec moins de plaisir que les précédents car ces personnages manquent singulièrement de chair, sans compter que l'auteur use et abuse des rêves pour tenter de tromper le lecteur.
Merci à Babelio et à l'éditeur.
Le Cherche Midi 2021
06:00 Publié dans Rentrée 2021, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stéphane carlier
23/10/2021
Automne...en poche
"Il faut toujours être en train de lire, dit-il. Même quand on ne lit pas réellement. Sinon, comment lirions-nous le monde ? Considère ça comme une constante."
Automne, premier volume d'une tétralogie dont le deuxième volume est déjà paru en Grande-Bretagne, raconte l'amitié improbable entre Daniel, féru d'art et Elisabeth, jeune femme qui vient faire la lecture au centenaire dans sa maison de retraite
Leur lien, quasi filial, est né quand Daniel était le voisin de la jeune Elisabeth. Lors de leurs promenades, Daniel , par petites touches,a su éveiller sa curiosité sur le monde de l'art et ,des années plus tard Élisabeth deviendra une spécialiste de la seule femme représentante du pop Art anglais, Pauline Boty.
Le roman, à l'écriture poétique, explore les thèmes du temps et des saisons, sur fond de Brexit, glisse avec subtilité d'une époque à une autre, suggérant au passage, par des détails du quotidien, que la Grande-Bretagne se rapproche de plus en plus de certains des ouvrages que lit Elisabeth (Le Meilleur Des Mondes, par exemple). Nos démocraties sont en danger, mais comme la mère de l'héroïne, rien ne nous empêche de manifester notre désapprobation par des actes symboliques. Un roman que j'ai savouré
07:45 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ali smith
22/10/2021
à mains nues
"Mes amies et moi n'élevons pas nos enfants de la même façon selon qu'ils ont une forme de fille ou de garçon. Conscientes de ce qui se joue ici et maintenant pour les hommes et les femmes, on veut rebattre les cartes."
La narratrice d’À mains nues utilise le "Je", mais c'est une 3je" englobant dans lequel chacune pourra se reconnaitre, s'identifier à des degrés divers. Avec une belle énergie, Amandine Dhée revisite les différentes facettes de ce qui nous constitue en tant que femmes.
Le désir irrigue ce texte de la jeunesse à la vieillesse, cette étape qui pour elle est encore lointaine, et le rend optimiste et riche de possibilitéLa langue est précise, fluide et aborde avec franchise, mais sans jamais tomber dans la vulgarité, tous les aspects de la vie féminine.
Il est intéressant pour celles qui, comme moi, ont connu les années 70 et le choc qu'ont été par exemple Les mots pour le dire de Marie cardinal ou les textes de Benoîte Groult de constater l'évolution des thèmes évoqués, ce qui a disparu ou presque et ce qui apparaît (la notion de genre, par exemple).
Un texte à (s') offrir de toute urgence.
POINTS SEUIL 2021
"Je souris moins aujourd'hui. Non que j'aie perdu en gaieté mais parce que je ne cherche plus d'emblée à avoir l'air charmante et inoffensive. Et je m'excuse moins. Avant, je m'excusais à tout bout de champ, en souriant donc, désolée par-ci désolée par-là, au cas où, pour lustrer. S'excuser, la maladie des femmes."
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : amandine dhée
21/10/2021
Ma sombre Vanessa...en poche
"Ce n'est rien. C'est normal. Toutes les femmes intéressantes ont eu des amants plus âgés qu'elles dans leur jeunesse. C'est un rite de passage. A l'entrée, vous êtes une fille, et à la sortie, vous n'êtes pas tout à fait une femme, mais vous en en rapprochez.Vous êtes une fille plus consciente d'elle-même et de son pouvoir."
Vanessa, en 2017, est rattrapée par son passé via la déferlante MeeToo. Contactée par une journaliste et par une élève abusée par le professeur Strane, la jeune femme refuse pourtant de se considérer comme victime d'un prédateur qui aurait abusé de son autorité sur l'adolescente qu'elle était dix-sept ans plus tôt.
Non, elle considère la relation qui a commencé quand elle avait quinze ans comme une exceptionnelle histoire d'amour entre deux être très sombres et au mieux, reconnait-elle que Strane est éphébophile, mais en aucun cas pédophile.lle n'a pas perdu le lien avec cet homme qui l'a valorisée, qui a su amadouer cette étudiante douée à coups de lectures orientées ( Nabokov, bien évidemment), mais qui s'est aussi montré lâche et manipulateur.
Alternant les époques, Kate Elizabeth Russell fouille avec une précision chirurgicale les rouages faussés de cette relation et nous donne à voir le déni dans lequel se débat Vanessa , dont la vie ne correspond en rien à ce qu'elle aurait pu en attendre.
Les rebondissements se succèdent , sans jamais rien d'artificiel, les multiples facettes, souvent contradictoires de l'héroïne se donnent à voir et l'on est fasciné par une telle maitrise dans l'écriture et la construction de ce premier roman. à lire absolument.
Traduit de l'anglais par Caroline Bouet, Les Escales 2020, 442 pages constellées de marque-pages.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : kate elizabeth russell
16/10/2021
Avant que j'oublie...en poche
"Une dernière fois, je l'ai admiré pour son esprit original et si mal compris, pour l'élégante précision de ses idées, pour son entêtement insensé à ne s'être jamais autorisé que ça alors qu'il avait tant d'ampleur et pour m'avoir appris à être sensible à la poésie que dégagent les choses modestes."
Ni hagiographie, ni règlement de compte, le texte d'Anne Pauly est comme le définit elle-même l'autrice un tombeau de mots pour son père. Un père tout à la fois "déglingo" et féru de poésie, alcoolique et autodidacte, qui s'empêchait d'exprimer sa sensibilité. Un père à l'image de la maison que doit ranger sa fille après son décès: chaotiquAvec un tel début on pourrait craindre le pire, surtout pour un premier roman aux accents autobiographiques : bons sentiments à foison, vous êtes priés de préparer vos mouchoirs . Fort heureusement il n'en est rien. D'abord parce que le temps a fait son œuvre et que le texte n'a pas été écrit "à chaud". Ensuite parce qu’Anne Pauly regimbe devant les figures imposées du deuil qu'on veut nous vendre aujourd'hui : un deuil qu'il faut savoir "faire" rapidement. Et l'autrice de se moquer avec un humour grinçant de notre société qui nous vend pour tout et n’importe quoi du bonheur prêt à consommer.
Un texte d'une extrême pudeur, d'une écriture fluide et belle, qui ne se pose jamais en donneur de leçons et dont la fin m'a particulièrement touchée.
Verdier 2019.
Prix du Livre Inter 2020.
Prix "Envoyé par La poste"2019
07:41 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : anne pauly
13/10/2021
#Lagarderobe #NetGalleyFrance !
Retracer la vie d'une femme, d'origine modeste, qui a su s’émanciper , faire fi de ses douleurs , devenir une chanteuse de variétés des années 70 (à la brève carrière) et faire un riche mariage à travers ses vêtements, voilà une idée de départ originale.
Quand en plus ce roman est publié dans la collection "Le courage", voilà qui était de bon augure.
Las, le style du romancier et son manque d'empathie ont fait que je suis constamment restée à distance de Véra et de sa vie, pourtant riche en péripéties (un peu prévisibles, il faut bien l'avouer).
Grasset 2021
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sébastien ministru
11/10/2021
La vérité sur la lumière
"Le plus difficile, c'est de s'habituer à la lumière."
Avec ses parents qui dirigent des pompes funèbres, sa sœur, météorologue et elle-même, Dyja, qui est sage-femme, on peut dire que chacun des membres de cette famille s'occupe de chacune des étapes de la vie humaine, de la lumière à l'obscurité, en passant par quelques aléas climatiques.
Dyja, issue d'une longue lignée de sage-femmes, ou "Mères de la Lumière", a hérité de sa grand-tante une moitié d'appartement, toujours dans son jus, ainsi que des articles rédigés par cette écologiste avant-gardiste. Elle y réfléchit aussi sur le sens de la vie et plus particulièrement sur le thème de la lumière qui court tout au long de ce texte.
Souvent poétique, parfois philosophique, ce texte d'Audur Ava Olafsdottir fait la part belle aux ellipses narratives, laissant aux lectrices et lecteurs le soin de combler les vides et d’imaginer des scènes souvent remplies d'émotion. On s'attache aux personnages, ainsi qu'aux paysages islandais, à la météo souvent changeante de cette île où un touriste australien est venu, je cite "ruminer". Il faut laisser infuser ce texte parfois frustrant ou déroutant mais souvent aussi un peu magique.
Traduit de l’islandais par Eric Boury. Zulma 2021
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : audur ava olafsdottir
08/10/2021
ce qu'elles disent ...en poche
"Nous sommes des femmes sans voix, répond Ona avec calme. nus sommes des femmes en dehors du temps et de l'espace, privées de la langue du pays dans lequel nous vivons. Nous sommes des mennonites apatrides. Nous n'avons nulle par où aller. Les animaux de Molotschna sont plus en sécurité que les femmes dans leurs foyers. Nous, femmes, avons toutes des rêves donc, oui, bien sûr, nous sommes des rêveuses."
1 Ne rien faire.2 Rester et se battre. 3 Partir. Telles sont les solutions qui s'offrent aux femmes , parfois très jeunes, qui ont été violées et rouées de coups durant plusieurs années dans une communauté mennonite en Bolivie.
Le diable est-il le responsable ?,comme l'affirme l'évêque Peters. La vérité finit par éclater: ce sont des hommes de la communauté qui, usant d'un anesthésiant en pulvérisateur ,abusent de celles qu'ils côtoient au quotidi
Analphabètes, totalement coupées du monde extérieur, les femmes se réunissent et choisissent comme rédacteur du procès-verbal de cette assemblée August Epp, qui vient de réintégrer la collectivité.
Pied à pied, se construit une réflexion féministe universelle qui déborde du cadre de ce groupe de femmes pour englober toutes celles qu'on maintient volontairement dans l'ignorance et la servitude, que ce soit par le biais d'une quelconque religion ou par le truchement de biens commodes traditions.
Se dessinent aussi au fur et à mesure les personnalités de ces femmes, riches d'humanité et d'intelligence laissée en jachère. Le roman traduit au plus près leurs aspirations ,"Nous voulons pouvoir penser", leurs déchirements aussi (faut-il emmener si elles partent les enfants mâles et si oui jusqu'à quel âge ?), sans pour autant négliger l'aspect romanesque, tendu par une romance en sourdine, ainsi que par un vrai suspense.
Inspiré de faits réels, écrit par une femme née dans une communauté mennonite canadienne, ce roman, bouleversant, piqueté de marque-pages, file à toute allure sur l'étagère des indispensables.
Traduit de l'anglais (Canada) par Lori saint-Martin et Paul Gagne, Éditions Buchet-Chastel , 225pages qui se tournent toutes seules ou presque.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miriam toews toews