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03/05/2021
Harpie
"J'étais donc devenue l'une de ces femmes . Ces femmes que j'avais croisées dans les livres, qui se sont retirées du monde , qui ne vibrent plus que de mépris, se murent dans leur propre cellule de condescendance."
Dans ce nouveau roman, Megan Hunter semble accumuler les clichés à foison. Jugez un peu : son héroïne Lucy a sacrifié ses ambitions personnelles pour devenir mère et mener une vie en apparence parfaite aux côtés de on universitaire de mari, Jake. Tout ceci bascule quand un coup de fil lui apprend que son mari la trompe avec Vanessa, une collègue plus âgée. Au moins lui a-t-il épargné (et à nous aussi par la même occasion) le cliché de l'étudiante qui tombe amoureuse et/ou subit l'emprise de son prof.
A partir de là les failles qu'on pouvait deviner par certains petit détails grinçants vont s'élargir de plus en plus et le couple va passer un étrange pacte puisque Jake propose à Lucy de le punir par trois fois. Il ne sait pas ce qu'il a déclenché chez sa femme qui, convoquant le mythe de la Harpie, cette chimère mi-femme mi-oiseau de proie qui ,selon la mère de Lucy, punit les hommes là où ils ont péché ,va révéler une cruauté de plus en plus grande...
Tour à tour satire sociale, roman féministe, Harpie emprunte aussi au fantastique pour révéler la vraie nature de Lucy et l'écriture, précise et hypnotique de Megan Hunter, ferre son lecteur pour ne plus le lâcher.Un roman dérangeant et qui pulvérise joyeusement tous les clichés évoqués. une réussite !
Traduit de l’anglais par Cécile Roche. Éditions du Globe 2021, 275 pages féroces et réjouissantes.
De la même autrice:
"Il existe tant de silences différents, et seulement un mot pour les désigner. le silence dans la maiosn a mûri, de silence comme absence de bruit à autre chose, un silence texturé, granuleux, une épaisseur à traverser en trébuchant."
La narratrice vient juste d’accoucher quand Londres est envahie par les eaux.Elle, son mari R. et le nouveau-né, baptisé Z., vont devoir faire à cette catastrophe, d'abord ensemble, puis de manière séparée.
Entre la mère et l'enfant le lien se renforce, tandis que se déroule le scénario malheureusement connu de ce type de situations: camps de réfugiés, organisation des secours,le tout entrecoupé de violences évoquées ici de manière succincte et elliptique, en quelques mots dénués de toute émotion apparente.
On est ici à mille lieues des figures imposée et du style afférent à ce type de texte. Le récit est distancié, on assiste ici à une quasi dissociation de la narratrice, sans doute pour mieux tenir à distance les sentiments trop forts qui pourraient l'empêcher de mener à bien sa tâche essentielle: survivre afin que son fils survive aussi. Mais cette grande économie de moyens et le petit nombre de pages (167) rendent l'émotion d'autant plus puissante.
Un récit paradoxalement optimiste dont la discrète poésie ajoute au plaisir de lecture. Une parfaite réussite.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : megan hunter
Commentaires
Assez tentant comme thème, et assumer le titre de "harpie" ça part bien :-)
Écrit par : Aifelle | 03/05/2021
ça semble spécial... mais tentant tout de même ! (et puis j'aime bien les éditions Globe, c'est une bonne raison, non ?) ;-)
Écrit par : Kathel | 03/05/2021
Aifelle, un vrai bonheur, oui !
Kathel, toute raison est bonne c'est sûr !
Écrit par : cathulu | 03/05/2021
J'avais bien aimé son précédent, alors pourquoi pas. Un titre qui m'interroge.
Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 03/05/2021
Alex, elle va encore plus loin que dans le précédent...
Écrit par : cathulu | 05/05/2021
rho ça me donne furieusement envie !
Écrit par : Christelle | 06/05/2021
Tant mieux, Christelle !
Écrit par : cathulu | 07/05/2021
Les commentaires sont fermés.