« Encabanée | Page d'accueil | Tu aurais dû t'en aller »
08/02/2021
Age tendre
"[...]; je me suis soudain senti comme arraché à mon vrai monde , placé de force dans un monde sans justesse, sans joliesse et sans joie et ça me semblait extrêmement injuste.
Alors j’ai erré, erré et j'ai trouvé un magasin de peinture.
Age tendre et tête de bois *, ajouteront par automatisme tous ceux qui ont connu les années soixante, et cela conviendrait ma foi fort bien à dépeindre en partie Valentin, astreint à faire son service civique dans les Hauts de France.
Le collégien (il entrera en classe de seconde à l'issue de cette mission) est en effet arcbouté sur un certain nombre de certitudes ,surtout dues à sa méconnaissance de la vie et de ses fluctuations et qui le rendent parfois cruel sans qu'il s'en rende bien compte.
Son stage dans un centre pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer va lui permettre de s'épanouir en découvrant les années 60, minutieusement reconstituées afin de reproduire l'univers qu'ont connu les pensionnaires dans leur jeunesse.
Sa première mission sera de faire venir un sosie de Françoise Hardy afin de satisfaire une pensionnaire persuadée d'avoir gagner un concours dans feu Salut les copains !
C'est le rapport de stage de Valentin "Le rapport ne devra pas dépasser trente pages dactylographiées.[...]
Longueur : 378 pages
(J'ai dépassé.) "
que nous lisons , avec ses maladresses, son humour involontaire et nous découvrons surtout son évolution depuis le langage stéréotypé qu'il s'applique à reproduire , avant de s'en affranchir et de laisser la part belle aux émotions, aux repentirs, aux précisions rétrospectives, aux réflexions sur l'écriture et la fiction.
Clémentine Beauvais fait le choix de ne jamais poser d'étiquettes sur ses personnages , jeunes ou vieux, ne les enferme jamais dans une catégorie( sexuelle, médicale ...) et ne tombe jamais dans les bons sentiments , même si on sent beaucoup de bienveillance et d'amusement.
Elle choisit de les faire évoluer dans un monde qui pourrait être le notre très bientôt , ou pas,se permet quelques jolies entorses à la réalité (les pensionnaires boivent du champagne) et brosse un portrait plutôt sympathique et poétique de ma région, tout cela avec beaucoup de fluidité. Bref, c'est une réussite !
Éditions sarbacane
*Nom d'une émission de variétés des années 60 .
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : clémentine beauvais
Commentaires
... et tête de bois est venu tout seul évidemment. Ça désigne tout de suite à quelle génération tu appartiens ;-)
Écrit par : Aifelle | 08/02/2021
Clementine Beauvais, cela pourrait être bien, en effet;
Ceci étant, la jeunesse des gens en unité Alzheimer, ce sont les années 60? vraiment? On n'a pas une erreur d'une génération, là? Alzheimer hélas atteints les gens assez jeunes, mais globalement c'est plus de 80 ans, ce qui pousse à des gens nés vers 1940, donc ados bien avant age tendre (et tête de bois)
Écrit par : keisha | 08/02/2021
Bingo, Aifelle ! :)
Keisha, 1940 est évoqué rapidement, mais recréer la guerre, pas folichon et donc esquivé auprès des malades d'un autre secteur. la vraisemblance est parfois mise à mal (on a un budget quasi illimité, quand on fait la fête il y a du champagne..., licences poétiques dirons-nous) il n'en reste pas moins quelle s'est inspirée de diverses expériences menée à plus petite échelle ou à plus grande (tout un village, je pense dans le sud de la France). Plus près de chez moi, dans une unité de ce type, on a installé un wagon de chemin de fer pour donner aux patients l'illusion du voyage...
Écrit par : cathulu | 08/02/2021
Si c'est Clémentine Beauvais, je signe tout de suite ! Il m'a semblé lire sur un autre blog que c'était assez déprimant, mais ce n'est pas ce que je ressens en lisant ton billet.
Écrit par : Melanie B | 08/02/2021
Melanoe, c'est plutôt optimiste, même si, évidemment, elle n"édulcore pas les aspects négatifs de la situation.
Écrit par : cathulu | 11/02/2021
Les commentaires sont fermés.