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10/11/2020
La Payîsanna
"Quand la paysanne n'est pas à l'écurie, je trouve vraiment le bon rythme. L'ennui, c'est qu'après un moment, j'ai la bouche cousue. Ma voix descend en rampant le long de ma gorge et les mots me montent à la tête. Ils y bâtissent un monde second et toutes les choses que tu m'as dites se transforment en foin et ne paille. Je les trimballe avec moi jusqu'à ce qu'elles restent collées à ma peau et que ça devienne vrai que j'ai fait un jour partie de toi."
Cinq saisons où une jeune femme travaille dans une ferme suisse, près de la villa en ruines de ses grands parents. Naissance d'un veau, taille des onglons , mais aussi prise de conscience de la nature : "Les grillons me mettent au diapason Ils tendent leurs filets sonores autour de ma tête et la vallée entière se met à valser avec le temps" lui permettent d'apprivoiser la séparation d'avec son amoureux. Les êtres décédés l'accompagnent dans son quotidien avec un naturel confondant et on est bien loin ici du fantastique flamboyant sud-américain.
Tout semble feutré dans ce roman très très court (65 pages) qui infuse lentement en nous pendant et après la lecture. Amateurs de sensations fortes, de retournements de situations et de rebondissements passez votre chemin. Ce roman est de l'ordre du ténu, du tranquille et pourtant il produit une impression forte sur qui veut bien prendre le temps de se lier à lui.
Traduit de l'allemand par Yann Stutzig, Éditions d 'En Bas 2020
06:00 Publié dans Rentrée 2020, romans suisses | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : noëmi lerch, yann stutzig
Commentaires
Une lecture qui a l'air idéale pour cet hiver.
Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 10/11/2020
Alex, un texte court mais prenant.
Écrit par : cathulu | 11/11/2020
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