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31/12/2019

Le livre qui vous endort

Vous voulez tout connaître des différentes sortes de gravier ? Découvrir la taxinomie des microlépidoptères ?
Si les sciences ne vous passionnent pas, un peu d'histoire peut être ? Découvrez les tactiques militaires sous l'ère napoléonienne ou la vie et l’œuvre de Porphyre de Tyr .Professeur K.Mc Coy, Dr Hardwick, Julie Sence-Herlihy
Quelques théorèmes mathématiques résumés vous permettront peut être de briller à la table ce soir, mais plus sûrement vous feront bâiller en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire car tel est l'objectif de ce livre qui se vante d'être "Le livre le plus ennuyeux au monde qui n'est ni stimulant ni intéressant mais vous saoule d'informations inutiles et vous endort en quelques lignes ".

Il n'en reste pas moins que c'est fort drôle et que les esprits aussi tordus que le mien feront leur miel de quelques - unes de ces informations, ne serait-ce que dans le domaine des curiosités linguistiques françaises !

Éclectique et humoristique, tout ce que j'aime !

Marabout 2019

24/12/2019

Joyeux Noël à toutes et tous !

Bonnes fêtes de fin d'année à toutes et à tous  !

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23/12/2019

Shibumi...en poche

"Tout homme travaillant pour une organisation qui pollue, extrait à ciel ouvert, contamine l'eau et l'air, est un tueur."

Il faut attendre les deux-tiers du roman pour que s'affrontent pour la première fois, en une sorte de duel feutré l,es principaux protagonistes de ce roman-culte d'espionnage. D'un côté, le représentant de la Mother Company, le frustre Diamond, de l'autre , le raffiné Nicholaï Hel, assassin le plus doué de sa génération (une pièce occidentale contiendrait deux cents objets qu'il pourrait utiliser comme armes), actuellement à la retraite dans son château du Pays basque.
Auparavant, l'auteur aura savamment entretenu le suspense, relatant avec force détails le passé de son héros, Hel bien sûr, qui via des mentors japonais, s'est fixé comme objectif d'atteindre le Shibumi, forme d'excellence personnelle.trevanian
Les critiques vis à vis des États-Unis foisonnent sous la plume de Trevanian qui , dans ce texte écrit en 1979 fustige les comportements des américains, en particulier dans le domaine de l'écologie. On aurait aimé aussi qu'il soit précurseur dans les relations de son personnage avec les femmes et un peu moins outrecuidant, mais bon, nul n'est parfait, même pas Nicholaï Hel quoi qu'il puisse en penser...
Il n'en reste pas moins qu'en dépit de quelques longueurs concernant la spéléologie, ce roman est un pur régal de manipulations en tous genres , de remarques acérées : Il doit être bien embarrassant d'être vous, qui entraîne son lecteur dans ses 514 pages sans jamais le lâcher, jusqu'à un final crépusculaire.

Admirablement traduit par Jean Esch

Du même auteur : clic

22/12/2019

Champion...en poche

"J'ai appris cette année qu'on pouvait vivre sans mère, sans second degré, sans manger, sans cours, sans Étienne, sans information, sans innocence, sans faute, sans aimer Hélène, sans mémoire, et parfois sans réaction. Imaginons que ça vaille aussi pour le CO2, je serais l’auteur de la découverte du siècle. Un, deux, trois."

Fabien, quinze ans, doit raconter par écrit les événements qui l'ont conduit dans ce centre de repos. tel est le marché passé avec la thérapeute qui s'occupe de cet adolescent à fleur de peau, mal embouché, qui porte sur les autres et surtout sur lui-même un regard acéré.maria pourchet
Très vite, façon Petit Poucet, Fabien laisse à notre disposition des indices pour nous permettre de recomposer ce qu'il nous présente comme son passé, marqué par l'impossibilité d'un deuil et la culpabilité. Masi ce narrateur est-il vraiment fiable vis à vis de ses lecteurs, voire de lui-même ?
Un roman d'une extrême sensibilité, bourré d'un humour vachard, riche en formules percutantes qui vous déchirera le cœur.

De la même autrice : clic , clic

reclic

rereclic.

21/12/2019

Seules les bêtes ...en poche

"Les gens veulent toujours un début. Ils s'imaginent que si une histoire commence quelque part, c'est qu'elle a aussi une fin. Que l'orage a cessé, qu'ils peuvent revenir à leur routine, épargnés qu'ils ont été. ça se tient, je dis pas. Et puis ça rassure un peu."

 Au cœur du Causse, une femme a disparu. Élément déclencheur ou résultante d'une séries d'histoires de solitudes âpres organisées autour de secrets que va découvrir progressivement le lecteur ?
Chacun leur tour, de l'assistante sociale aux paysans du coin, sans oublier un Ivoirien derrière son ordinateur, les personnages vont éclairer à leur façon cette disparition à laquelle ils sont liés de manière plus ou moins contingente.colin niel
Colin Niel, qu'il dépeigne la vie paysanne ou la vie des jeunes ivoiriens (en utilisant de manière très vivante leur langage) nous emporte avec lui au cœur des émotions.
Un roman très réussi , tant par sa structure très maîtrisée que par ses personnages plus vrais que nature.

20/12/2019

Ici tout est encore possible

"Je doute que la sécurité dans laquelle je vis corresponde à la réalité. J'aspire à l'incertitude, à davantage d’authenticité peut être, au concret. j'aimerais être capable de distinguer l'important de l’accessoire. J'aimerais faire partie d'une histoire ou de plusieurs histoires en même temps."

Tout semble paradoxal dans ce roman. En effet, l'héroïne choisit de devenir veilleuse de nuit dans une usine vouée à la fermeture car "Ici, un nouvel environnement s'offre à l'exploration. Ici, tout est encore possible."
La narratrice, cantonnée à un espace réduit, s'intéresse aux frontières, celles de son propre corps, celles de l'espace qui l'entoure et dont elle a la charge. Elle doit notamment empêcher qu'un loup (réel ou imaginaire),  quittant l'espace de la forêt toute proche ,n'entre dans l'espace de l'usine.
Autre figure de l'étrange étranger, cet homme tombé du ciel des années plus tôt , un migrant sans doute, resté non identifié et dont la commune s'est employée à louvoyer pour ne pas avoir à s'acquitter de son enterrement.gianna molinari
C'est finalement la narratrice elle-même qui fera naître des soupçons concernant son identité auprès de la petite communauté  villageoise.
Amateurs de sensations fortes, d’explications claires, passez votre chemin. Nous sommes ici au royaume de l'implicite, du non-dit et du sous texte et si l'écriture semble sans attraits, elle n'en est pas moins efficace pour sire la monotonie de ces existences volontairement étriquées. ça passe ou ça casse, mais ce texte distille près coup un charme certain.

 

Traduit de l'allemand (Suisse) par Françoise Toraille

Éditions Delcourt 2019.

prix Robert Walser 2019

 

 

19/12/2019

Croire aux fauves

"J'ai perdu ma place, je cherche un entre-deux. Un lieu où me reconstituer. Ce retrait-là doit aider l'âme à se relever. Parce qu’il faudra bien les construire, ces ponts et portes entre les mondes; parce que renoncer ne fera jamais partie de mon lexique intérieur."

Spécialiste des populations arctiques, l'anthropologue Nastassja Martin est attaquée par un ours le 25 août 2015. Tels sont les faits .
Mais la principale intéressée préfère évoquer l'événement en tant que rencontre et échange, car si l'ours l'a défigurée, emportant en lui une partie du visage de l'humaine , elle-même estime que les frontières entre humain et animal sont poreuses et qu'elle a donc gardé en elle quelque chose de l'ours.
 En effet, l'ours n'est pas n'importe quel animal, il faisait partie selon l'auteure de sa destinée, de son rêve et la rencontre était inéluctable.nastassja martin
L'animisme est au cœur de ce récit exigeant et poétique qui raconte tout à la fois une reconstruction mais aussi la nécessité d'instaurer "une négociation au sujet du monde dans lequel nous allons vivre."
Un récit enthousiasmant.

Éditions Verticales 2019, 151 pages troublantes

 

18/12/2019

Sur les ossements des morts...en poche

Une petite piqûre de rappel !

"Après tout, pourquoi devrions-nous être utiles ?"

 Ni émotive, ni sentimentale- c'est-elle qui le dit- Janina Doucheyko, ingénieure en retraite férue d'astrologie,passionnée par l’œuvre de William Blake, s'occupe des résidences secondaires d'un hameau niché dans les bois polonais. L'hiver, ils ne sont que trois à vivre dans ce lieu difficilement accessible, à un jet de pierre de la Tchéquie. Un soir, Matoga , l'un de ses voisins , vient donner l'alerte : le braconnier Grand Pied est mort. Pour Janina cela ne fait aucun doute: les animaux se sont vengés. La série de meurtres qui survient ensuite semble lui donner raison , mais qui va croire cette vieille toquée de Janina dans un microcosme où les chasseurs font la loi ? D'autant que les lettres qu'elle envoie aux autorités font état d'une théorie abracadabrantesque, mêlant influence des astres et vieilles légendes. L'amour inconditionnel de Janina pour la nature, sa forte index.jpgpersonnalité qui se découvre au fur et à mesure, son humour iconoclaste ( Il fut un temps, en effet, où j'ai couché avec un catholique, mais le résultat n'a pas été fameux.) , son excentricité, ses certitudes farfelues ont tout de suite entraîne mon adhésion. Le récit est bien tenu, brosse de manière convaincante le portrait de cette petite communauté polonaise et le style fluide et élégant (bravo à la traductrice) ne fait qu'ajouter au plaisir de la lecture. Un roman dévoré d'une seule traite et un énorme coup de cœur ! Vite faites la connaissance de Janina !

Sur les ossements des morts, Olga Tokarczuk, traduit brillamment du polonais par Margot Carlier

17/12/2019

La vie en rose

"La scène a la beauté virile d'un clip de Michel Sardou, la profondeur de champ d'un film de Luc besson et la sauvage détermination d'un texte de Didier Barbelivien."

Ses parents partis en Polynésie, Rose se trouve en charge de ses frères et sœurs, cette famille qu'elle qualifie elle même de "dysfontionnante" . Famille qui va bientôt s'agrandir car la jeune femme se découvre bientôt enceinte des œuvres du lieutenant Personne avec qui elle s'est installée. marin ledun
Cette férue de Cervantès, Caldwell et la Boétie, arborant des tee-shirts Metallica va aussi se trouver au cœur d'un maelstrom d’émotions et d'aventures en tous genres dans lesquelles sont impliqués les membres sa drôle de famille, sans compter un tueur en série qui sévit dans le lycée de la ville.
Multipliant les intrigues en apparence accessoires, Marin Ledun réussit le pari de tout tirer en clair et d'harmoniser cet apparent chaos farfelu et plein d'humour. Les vacheries fusent : " - Mon dieu que vous êtes grosse, ma pauvre fille!
Je l'adore déjà."
Les références littéraires se ramassent à la pelle (et les Listes à Lire augmentent à vue d’œil), et même si l'identité de l'assassin n'est pas difficile à trouver, l’essentiel est de passer un excellent moment de détente avec ce polar enlevé et plein d'humour. Mission accomplie et on en redemande !

Ce roman est la suite de Salut à toi ô mon frère (clic) et il vaut mieux les lire à la suite, oui.

 

16/12/2019

Le Blob...en poche

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander

Le blob, j'ai d'abord cru à une blague. Vague réminiscence du titre d'un film des années 80, remake d'un film de SF des années 50 où une masse visqueuse engloutissait tout sur son passage.
Mais non, le blob existe bel et bien . Longtemps identifié comme un champignon, il dispose à présent d'une catégorie bien à part  (merci Wikipédia) : Physarum polycephalum est une espèce de myxomycètes de la famille des Physaraceae, vivant dans des zones fraîches et humides telles que les tapis de feuilles des forêts ou le bois mort. audrey dussutour
Cette "masse jaune à la texture spongieuse" , sans bouche ni yeux, ni cerveau , parfois poétiquement appelée "caca de lune" ou "vomi de chien" dispose de capacités étonnantes qui pourraient bien faciliter notre vie quotidienne.
De quelles manières ? Je vous laisse le soin de le découvrir dans cet ouvrage de vulgarisation, véritable plaidoyer pour la recherche scientifique, qui pointe aussi les défauts d'un microcosme devant assurer son financement et n'hésitant pas parfois à embellir quelque peu la réalité, quitte à prendre ses distance avec la rigueur scientifique.
Audrey Dussutour raconte avec verve sa rencontre avec le blob, ses aventures, ses échecs, avec un enthousiasme communicatif. Une belle découverte.