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01/12/2019
Le goût du baiser
"Physiquement, j'ai besoin de taper contre quelque chose ou contre quelqu'un . J'ai besoin de sentir mon corps. Mon corps devenu en partie insensible, anesthésié.Mon corps confisqué, et moqué par Antoine."
A la suite d'une chute de vélo, par ailleurs sans gravité, Aurore a perdu le goût et l'odorat. Pour cette élève de première commence alors une période particulièrement angoissante : comment savoir si on ne sent pas mauvais, comment savoir si on ne se met pas en danger (en ne sentant pas l'odeur du brûlé, par exemple) et surtout comment ne pas perdre goût à la vie et à tous les plaisirs gustatifs et sensoriels en étant privée de deux sens ?
La seule à être au courant au lycée est sa meilleure amie , Bintou, qui avec son franc-parler et son humour parfois cru , guide en quelque sorte Aurore dans ses relations aux autres, l'aidant à envoyer aux orties les préjugés sexistes qu'Aurore a parfaitement intégrés.
Mais c'est Aurore elle-même qui parviendra à reconquérir son corps en se lançant dans une pratique sportive qui lui permettra d'évacuer et de maîtriser la rage qu'elle sent en elle. C'est aussi la rencontre d'une jeune homme , Valentin, un peu plus âgé et surtout plus mûr que les petits cons ( égoïstes et nuisibles ) du lycée qui lui permettra peut être de lui redonner Le goût du (de ?) Baiser.
Parfaitement ancré dans l'univers contemporain, ce premier roman de la collection l'Ardeur (dûment muni d'un avertissement : certaines scènes explicites peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes) n'a pourtant pas une visée masturbatoire mais bien plus didactique. En effet, via Bintou et Valentin, Aurore va peu à peu prendre conscience que ce qui est véhiculé par les films pornos ou la société ne respecte pas les désirs des femmes.
Camille Emmanuelle montre les rapports parfois ratés, l'irrespect de l'autre de l'autre (amplifié par les réseaux sociaux) mais aussi la tendresse et les relations équilibrées, sans pour autant sacrifier l’aspect narratif de son texte. Un petit bémol: la fin un peu trop cliché mais bon, on ne se plaindra pas car un texte qui propose autant de pistes aux jeunes filles d'aujourd'hui pour contrer la société machiste ne peut que nous réjouir.
Camille Emmanuelle, Thierry Magnier 2019, 221 pages enthousiasmantes.
07:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : camille emmanuelle, l'ardeur, éditions thierry magnier
Commentaires
Je suis en train de le lire. Le langage "jeune" (teuf, meuf, etc.) me dérange mais c'est instructif.
Écrit par : lewerentz | 01/12/2019
lewerentz, c'est celui du public visé :)
Écrit par : cathulu | 01/12/2019
A faire lire aux ados, alors.
Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 02/12/2019
Ça me semble aussi important de le proposer aux garçons, si cela peut les aider à prendre conscience de tout ce qui se joue dans les relations avec les filles. A partir de quel âge tu dirais ? 15 ans ?
Écrit par : Melanie B | 03/12/2019
Beaucoup des aspects d'une entrée dans la vie sexuelle active sont abordés, les bons et les mauvais, c'est ce qui fait tout l'intérêt de ce roman je trouve.
Écrit par : Jerome | 03/12/2019
Alex, oui.
Jeröme, et l héroïne réagit.
Melanie, excellente idée, oui. 15 ans me paraît correspondre.
Écrit par : cathulu | 04/12/2019
Une collection dont je guette les prochains titres avec grand intérêt !
Écrit par : Noukette | 10/12/2019
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