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31/07/2015
Bilan de juillet
Une seule série marquante en ce de mois de juillet : "The Honourable Woman".
Une femme, Nessa Stein, tente d'établir, par le biais de sa fondation, des liens matériels (mais pas que) entre Israël et la Palestine. Les services secrets anglais et américains sont aussi de la partie et secrets et coups fourrés se multiplient à l'envi sans jamais pour autant perdre le spectateur en route.
Le passé de Nessa, ses blessures et ses failles sont dépeints avec sensibilité et la violence n'est jamais exploitée de manière éhontée. Rebondissements, suspense sont habilement ménagés.
Dans cette mini série anglaise, on retrouve avec plaisir des acteurs vu dans Broadchurch ou Utopia et, cerise sur le gâteau, le scénario fait la part belle aux femmes, leur donnant des roches riches, forts et nuancés.
Elles ont de l'ambition, jouent des rôles importants dans la société, font face avec courage et intelligence aux situations les plus dramatiques, bref, ça fait un bien fou ! à l'inverse, un personnage masculin, très touchant par ailleurs, reconnaît avoir couché avec sa chef pour obtenir une promotion et avoir, de ce fait, sabordé son mariage...
Une série haletante dont nous attendions les épisodes avec une vraie impatience !
Grosse déception par contre pour Trois cœurs, le film de Benoît Jacquot, pesant avec sa musique soulignant lourdement l'aspect dramatique au cas où, nous ne l'aurions pas remarqué , ennuyeux, dépourvu d'émotion.On ne comprend même pas l’intérêt d'une intrigue secondaire liée à un contrôle fiscal et encore moins comment Poelvoorde peut tomber amoureux de Charlotte Gainsbourg qui fume, fait la gueule, fume, pleure, s'en va, n'attend pas plus de 5 minutes celui dont elle vient de tomber amoureuse (pas très motivée). Il reste Catherine Deneuve et son chien Jack. C'est maigre pour 1 h 45 languissante.
06:00 Publié dans Bric à Brac, je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (9)
30/07/2015
Malins en diable /Les méchants en littérature
"[...] le méchant atterre, le méchant terrorise, le méchant scandalise, le méchant dégoûte, le méchant obsède, le méchant fascine, le méchant séduit. En un mot, le méchant ne laisse pas indifférent.à bon méchant gros public donc."
C'est avec une profonde jubilation, on le sent à la lecture de ce "catalogue" des méchants en littérature, qu'Isabelle Mimouni s'est penché sur le cas de 40 "pervers, peste, poison, psychopathe, putain, racaille, rosse, sadique, salaud, " j'en passe et des pires.
De la Sophie de la Comtesse de Ségur qui découpe et sale des poissons vivants à Hannibal Lecter,le cannibale, le fossé est immense, mais le plaisir demeure. Ne se contentant pas de présenter pour chaque personnage "sa vie, ses crimes", ainsi que ses différentes incarnations romanesques ou cinématographiques, l'auteure analyse de manière subtile et enjouée le comportement de ces méchants dont on sent bien , au fond, qu’ils lui sont sympathiques.
En effet, sans ces êtres négatifs de papier, les héros valeureux auraient bien moins de mérite et ne seraient pas mis en valeur.
Isabelle Mimouni débusque celui qui, à ses yeux, est le pire salaud dans Vipère au poing-hé non, ce n'est pas Folcoche...- et souligne le point commun à toutes ces figures du mal en analysant le cas de Lafcadio de, héros gidien : "Ce dernier n'est donc qu'une entéléchie: une figure chargée par l'écrivain d'incarner une philosophie, un discours, une pensée. Il n'existe pas . Exactement comme tous les filous dont nous dressons ici les méchants portraits, et qui nous aident à concevoir, analyser, fantasmer, désirer, repousser, condamner, comprendre, ne pas comprendre et souvent simplement jouer, sans aucun danger. sans même penser à mal."
L'auteure a pioché dans un corpus très varié d’œuvres classiques ou contemporaines, de nationalités diverses et nous donne bien évidemment envie de les (re) lire, ce qui est malin en diable.Un grand plaisir de lecture à découvrir en Folio.
Malins en diable, Isabelle Mimouni, Folio 2015 , 220 pages accompagnées par des illustrations épurées et réjouissantes d'Olivier Tallec
06:00 Publié dans Je l'ai lu !, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : isabelle mimouni, olivier tallec
11/07/2015
Blog en pause...
...estivale ! à bientôt !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (9)
09/07/2015
En vrac...
*Cent portes battant aux quatre vents, Steinunn Sugurdardottir 10/18 2015. très déçue par ce texte d'une auteure dont j'avais beaucoup aimé les romans précédents. Je suis totalement restée extérieure à ce récit d'une Islandaise revenant à Paris et qui évoque son grand amour(qui fut un échec) d'il y a vingt ans.
*Fairyland, Alysia Abbott.Récit très émouvant et intéressant d'une femme qui revient sur son enfance et son adolescence aux côtés d'un père, poète homosexuel, qui décèdera du sida. Une relation très forte, qui ne va pas sans heurts, la narratrice se rendant compte a posteriori des sacrifices amoureux qu'a fait son père face à l'intransigeante ado qu'elle était. L'occasion aussi de découvrir la manière violente et honteuse dont on traitait les gays aux débuts de l'épidémie de Sida.
* Jules, Didier Van Cauwelaert (déniché à la médiathèque). Tous les amoureux des canidés craqueront pour cette histoire d'un chien d'aveugle, Jules, qui perdant toute utilité après que sa maîtresse ait retrouvé la vue (suite à une greffe de cornée), joue les entremetteurs . Si les réactions de Jules sont très bien décrites, j'ai été moins enthousiaste en ce qui concerne la romance, dotées de complications trop alambiquées à mon goût.Mais c'est bon enfant, plein de tendresse, léger et agréable.
De plus, l'auteur nous glisse, mine de rien des infos sur la situation de l'épilepsie, des greffes de cornée et des chiens d'aveugle en France, causes dont on sent bien qu'elles lui tiennent à cœur.
Bon, j'avoue: j'ai versé ma p'tite larme !
*L'étrangère, Valérie Toranian (déniché à la médiathèque). Le génocide arménien de 1915 n'a toujours pas été reconnu par la Turquie et son déroulement, ses causes et ses conséquences sont encore trop ignorées du grand public. L'auteure, ex directrice de Elle, est la petite-fille d'une survivante de ce génocide. Elle a entrepris de raconter, sous forme romanesque, les informations qu'elle est parvenue à recueillir de son aïeule.
Alternant récit du génocide tel que l'a vécu sa grand-mère et parties concernant son enfance, l'auteure remonte ainsi le temps et éclaire un épisode de l'Histoire trop souvent passé sous silence. Une lecture éprouvante mais très éclairante.
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (8)
07/07/2015
Bon sang, déjà neuf ans que je sévis ici !
Un sacré coup de vieux quand j'ai vérifié la date ! 2748 notes plus tard, je suis encore là.
L’heure du bilan ? Des hauts, des bas, des envies d'arrêter- comme tout le monde- des coups de cœur, des pannes de lecture, des enthousiasmes, des coups de mou, mais toujours le sentiment que je ne suis pas seule à connaître tout ceci et c’est formidable.Pas souvent contente de ce que j'écris mais tant pis.
Au rayon nouveautés:* les séries télévisées , que j’appelle encore fautivement parfois "feuilletons" ce qui me jette d'emblée dans la fosse des dinosaures ayant connu la télé en noir et blanc, par périodes ;* ma liseuse, qui somnole tranquillement depuis un petit moment mais dont je ne dénie pas les qualités;* les romans graphiques dont je me découvre de plus en plus friande, j'y trouve une variété de thèmes qui satisfait ma curiosité.
Je suis ravie de voir de nouveaux noms apparaître dans les comm' (l'occasion de découvrir des blogs) , tout autant que de voir les fidèles au poste, en particulier les matutinaux, l'occasion d'un petit message juste avant d'aller bosser, petit plaisir du matin, idem pour le soir quand je rentre. Merci à tous !
Offert par la maison : un p'tit coup de ventilo pour vous accompagner :
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (36)
06/07/2015
La reine des abeilles
"-Mais Georgie, protesta Heather, je n'ai jamais fait semblant d'être bête."
Nous en connaissons-ou avons connu- toutes une. La reine des abeilles c'est cette mère de famille qui chapeaute tout,de la vente de jacinthes à Noël pour financer un voyage scolaire, à la kermesse de fin d'année. Autour d'elle gravite, à l'heure de la dépose et à la sortie des classes, toute une cour, ravie de se faire tyranniser et exploiter.
Dans le roman de Gill Hornby, la reine des abeilles c'est Bea qui régente la petite communauté des mères de l'école primaire de Saint Ambrose, Il y a là Rachel, en plein divorce, Georgie, un peu foutraque et pleine de vie, Heather la timide et la très chic Bubba qui a mis sa carrière en pause. L'arrivée du nouveau directeur va aussi mettre un peu en émoi ces dames et pas seulement les célibataires !
Entre trahisons et nouvelles alliances, la constellation se réorganise mais Bea n'entend pas céder la place !
Un doigt de romance , une pincée d'humour parfois vachard, beaucoup d'identification à ce microcosme féminin finement observé, le tout dans une ambiance so british, voilà les ingrédients d'un roman léger mais bien troussé ,qui fait passer un très bon moment.Très agréable, juste parfait pour l'été.
La reine des abeilles (the Hive), Gill Hornby, traduit de l'anglais par Denyse Beaulieu, Livre de Poche 2015, 381 pages rafraîchissantes.
06:02 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : gill hornby
03/07/2015
Jackie
"Je suis une grande blonde qui joue du tuba et mon mec est un acteur de théâtre spécialisé dans Shakespeare avec la prononciation de l'époque, s'il vous plait.ça redore mon blason.
En 94 petites pages, Kelly,trentenaire enjouée, réussit le pari de croquer tout à la fois sa vie de joueuse de tuba dans un orchestre symphonique, de mère et d’épouse, le tout avec un humour qui n'hésite pas à mette les pieds dans le plat...
Mais, parfois, Kelly a "les zygomatiques qui grincent", parce que son père est probablement atteint du grand A(lzheimer) et surtout parce qu'elle tient son journal pour comprendre pourquoi c'est si compliqué pour sa grand'ma chérie (101 ans) de mourir. Mais heureusement, il y a les collègues musiciens, les amies et même une éditrice française à qui elle demande: "Vous portez toujours vos tétons comme des bijoux ?", voilà ce que c'est que de porter un tailleurs Saint Laurent sans rien en dessous...La vie, la mort, les cheveux blancs, les copines et leurs amours, on se régale de tout ce quotidien dont Kelly fait son miel !
On sourit, on est ému, on deviebt très vite familier de cet univers et on voudrait une seule chose que Kelly Dowland (qui écrit directement en français !) nous donne bientôt de ses nouvelles dans un nouveau texte !
Une pépite à découvrir de toute urgence !
Jackie, Kelly Dowland, S(abine) W(espieser) poche. 7 euros.
Le billet d'Eimelle.
04:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : kelly dowland, journal
02/07/2015
Devance tous les adieux
"La patience, c'est l'angoisse qui sait enfin respirer."
"Trente ans après les faits, un fils raconte le suicide de son père". Une phrase laconique et factuelle qui risque de faire fuir si l'on en reste là. Mais ce serait dommage, vraiment dommage de laisser de côté ce texte, sorti directement en poche dans la collection "Points vivre", tant il est lumineux et apaisant.
Déniché par hasard sur une étagère de ma librairie , c'est la préface, rédigée par Christian Bobin, qui m'a décidée à l'emporter. L'auteur de L'épuisement parle d'écriture à la hache et c'est vrai qu'Ivy Edelstein va à l'essentiel mais son épure est poétique et tout sauf violente.
Par petites touches, se compose le portrait d'un homme fragilisé, aimant et aimé par son fils : "Parfois, je m'installais près de lui comme on s'assoit près d'une cheminée pour entendre ces craquements du bois dans le feu qui nous disent de ne pas nous inquiéter."
Émaillé de réflexions qu'il faut laisser le temps d'infuser en soi, "Ce petit livre est [son] recueil", c'est aussi une magnifique lettre d'amour à un père disparu.
07:30 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : ivy edelstein
01/07/2015
Ceux du Nord-Ouest
""On ne s'intéresse pas aux arbres, Leah, proclama-t-il. Toi, tu as le luxe de le faire. Nous, on n'a pas le temps.""
Le Nord-Ouest de Londres, "un coin un peu minable dont vous n'avez probablement jamais entendu parler, et qui s'appelle Willesden, mais je vous préviens, vous auriez tort d'en dire du mal en fait, parce qu'en fait c'est un quartier très intéressant, très diversifié". Seigneur quel mot."
Diversifié, oui autant par l'origine sociale que raciale des ses habitants. Les quatre protagonistes principaux, Leah, Keisha (qui s'est rebaptisée Natalie), Felix et Nathan, se connaissent plus ou moins selon les cas depuis l'enfance, mais ont emprunté des chemins très différents. à quoi cela est-il dû ? Sont-ils vraiment entrés dans l'âge adulte ? Celles ou ceux qui semblent le mieux s'en être sortis sont-ils pour autant heureux ? Voici quelques unes des nombreuses interrogations auxquelles répond ce roman de Zadie Smith.
Pas de linéarité dans ce texte à la construction très travaillée, se jouant de la chronologie et des formes littéraires. Entre des récits plutôt longs s'intercalent ainsi des fragments plus courts, bribes de conversations, souvenirs, que le lecteur ne peine pourtant pas à resituer.L'auteure, sans pour autant nuire à l'intérêt de son récit annonce aussi d’emblée le destin tragique d'un des ses personnages, mais parvient néanmoins à maintenir le suspense jusqu'au bout, un véritable tour de force.
En dépit de coquilles pénibles "fétus" à la place de fœtus" par exemple, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman dont je me réjouissais de retrouver ces personnages si vivants ,attachants et complexes. Une œuvre qui fait réfléchir aussi sur les différences existant entre la Grande -Bretagne et la France en ce qui concerne le racisme et les opportunités offertes aux personnes d'origine étrangère. Un coup de cœur !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : zadie smith