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30/04/2015

En avril...

...j'ai lu mais pas forcément au envie de bloguer alors en vrac et pas rangé, comme d'hab' !index.jpg

*La servante du seigneur, Jean-Louis Fournier. Une couverture rose bonbon, et des statues de la vierge bleu layette pour accompagner ce texte de désarroi d'un père déjà pas mal cabossé par le destin dont la fille, la quarantaine venue ,décide d'abandonner son métier pour se consacrer à la prière.
Le mot de la fin est laissé à la fille qui répond , point par point, aux arguments de son père mais éludant l'aspect financier (demande d'une pension et d'un quatre quatre intérieur cuir)...

* Le goût des vaches, petite anthologie de textes pas forcément intéressants, ou trop classiques à mon goût. Quelques auteurs découverts (Jean-Loup Trassard, pascal Commère) et l'information suivante: le génocide tutsi a été accompagné de la destruction de 80 % du cheptel des vaches inyambo, symbolisant le pouvoir tutsi...61PimjjjMYL._AA160_.jpg

* Le fiasco du labrador, Margaret Atwood, obtenu l'été dernier lors d'une opération spéciale . Des nouvelles mettant en scène des personnages récurrents, dont  la narratrice, qui va devoir s'accommoder tout à la fois à la vie rurale ,aux enfants du premier mariage de son mari , au vieillissement de ses parents. Une écriture classique mais efficace, des personnages très bien croqués et de la malice en sous-main :

"Elle était maintenant très guillerette, telle une femme au foyer qui se retrouve veuve après avoir trimé toute sa vie et commence à découvrir les plaisirs des manucures et des salons de coiffure youpi tralala".41snOCgViML._AA160_.jpg

29/04/2015

Le beau voyage

Le lecteur de BD officiel à la maison c'est l'Homme. De temps en temps, il me conseille une BD et , en général, je ne le regrette pas  !

Un téléphone portable volé, la mort d'un père annoncée, autant d'événements qui vont être l'occasion de révéler des secrets.springrer et zidrou
Léa, jeune femme en devenir,  va pouvoir ainsi voir sous un nouveau jour le décès de celui à qui elle doit la vie, son petit frère, ré-envisager sous un nouveau jour son histoire familiale et se délester de bagages trop lourds pour entamer à nouveau Le beau voyage.
Un récit sensible et des dessins accordant leurs tonalités aux  états d'âme des héros. Un joli moment de lecture sans mièvrerie.

06:03 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : springrer et zidrou

28/04/2015

La petite prairie aux bouleaux

Après avoir lu Et tu n'es pas revenu (clic), j'avais très envie de voir la fiction consacrée par Marceline Loridan-Ivens à Birkenau. Le DVD vient de ressortir, probablement pour l'anniversaire de la libération des camps, cela tombait donc bien.
C'est Anouk Aimée, les cheveux couleur flamme, qui endosse l'identité de Myriam Rosenfeld, nom de naissance de la réalisatrice, pour son retour à Birkenau, souvent associé à Auschwitz, près de Cracovie.
Les dialogues de cinéastes, les interviews croisées de la scénariste, la réalisatrice et de Simone Veil qui a connu la toute jeune Marceline, quinze ans lors de son arrivée à Birkenau, permettent d'éclairer certains détails de la fiction et de leur conférer encore plus de force.marceline loridan-ivens
Ainsi si Myriam s'obstine à entrer par une porte récalcitrante dans le camp, c'est parce que cette issue était réservée aux Allemands.
Elle se réapproprie  ainsi un lieu où elle affirme avec force être chez elle et s'autorise des libertés que les autorités actuelles interdisent aux visiteurs . Il n'est pas né celui qui pourrait faire plier la survivante !
Par petites touches, nous prenons conscience de l'antisémitisme de la population polonaise contemporaine et passée, mais aussi de la douleur de l’ancienne déportée qui garde certains réflexes de survie. Nous comprenons aussi sa volonté de nier certains souvenirs trop dérangeants, des décennies plus tard  (le film est sorti en 2003).
Une fiction extrêmement puissante, digne et sincère,sans pathos, et d'une très grande beauté. Le seul film, à part celui réalisé par l'écrivain Imre Kertésk, Être sans destin, à avoir été réalisé par une survivante.

27/04/2015

L'effet Rosie

 "- Je laisserai la thalidomide dans le placard.
-Tu as de la thalidomide ?
-C'est une blague, Don, une blague."

"-Nous sommes enceints, a-t-elle dit." Et  Don de commencer à tout prévoir en bon planificateur qu'il est , pour pallier à la désorganisation chronique de Rosie.graeme simsion
Mais si Don est imbattable sur alimentation d'une femme enceinte, l'évolution du fœtus, pas sûr qu'il soit capable d'établie une relation interpersonnelle avec le bébé à venir, la faute à son syndrome d'Asperger.
Si l'aspect loufoque est moins présent que dans le premier volume (lecture non indispensable pour la compréhension mais ce serait dommage de s'en priver), Don, à force de cachotteries pour éviter de stresser Rosie, va se fourrer dans de beaux guêpiers dont il parvient toujours à se tirer in extremis avec des moyens bien à lui ! Scènes d'anthologie à foison (entraînement à l'accouchement,  voyage en avion, choix du prénom...) !
Si la tonalité est  parfois un peu plus sombre, on passe un excellent moment de lecture avec Don,Rosie et leurs amis  !

24/04/2015

Entre les jours...en poche.

"Pendant au moins trente secondes, tout était resté parfaitement calme. Pendant au moins trente secondes, avant que les cris ne retentissent, que leurs vies ne basculent définitivement, le monde était resté parfaitement calme."

Une famille américaine bien sous tous rapports : un père architecte, une mère au foyer, un garçon et une fille qui poursuivent leurs études. Certes, le divorce parental a quelque peu déstabilisé ce microcosme propret mais c'est surtout le renvoi de Chloé de l'université, puis sa disparition sans explication qui vont tout faire chavirer.andrew porter
Roman psychologique, Entre les jours possède un sens du rebondissement et du suspense impeccables. On découvre petit à petit les causes du renvoi de Chloé et surtout on observe, fascinés, comment cette constellation familiale va devoir se réorganiser face à l'impensable. L'auteur se glisse avec aisance dans chacun de ses personnages et son écriture sensible et maîtrisée ne nous permet pas de lâcher ce roman addictif. Une réussite !

23/04/2015

Faillir être flingué...en poche

"Il lui semblait parfois marcher pour dénouer ou atteindre en lui une place vide et douce, éloignée des courants, un apaisement."

Qu'elle s'attaque à bras le corps au roman épique médiéval (Bastard batlle) *ou au récit de science fiction Le dernier monde)* , Céline Minard a le chic pour s'emparer d'un genre et se l’approprier. Dans Faillir être flingué, c'est sur le western qu'elle a jeté son dévolu.
J'en vois d'ici certain(e)s faire la grimace, mais oubliez tous vos préjugés sur ce genre et précipitez-vous sur Faillir être flingué , un roman qu'on ne peut lâcher tant il est à la fois dense, fabuleusement écrit et fertile en rebondissements !céline minard
La romancière y alterne scènes contemplatives, scènes de genres (l'arrivée en chariot, l'attaque de la diligence , le héros solitaire dans la ville en butte à ses ennemis...) pour mieux les dynamiter et leur insuffler fraîcheur et énergie. Elle y observe aussi la sédentarisation de ses personnages ainsi que "la propriété, sa nature et sa circulation problématique". En effet, au gré des aventures, les objets passent de mains en mains, de même qu'amitiés et inimitiés évoluent au fil du temps. Nous sommes en territoire connu, du moins le croyons nous, mais Céline Minard se plaît à nous mener où bon lui semble et c'est tant mieux ! Purement jubilatoire !....,

*lus mais non chroniqués.

 

22/04/2015

Fiançailles

"Mais les désirs se tordent, s'étirent et, dans le réseau de mon esprit, les fils de mon imaginaire s'étaient emmêlés."

Lisese, sur une impulsion, déborde du cadre de son emploi , agent immobilier à Melbourne, et propose des services érotiques tarifés à son seul client , Alexander.chloe hooper
à la veille de quitter l'Australie, la jeune femme accepte de passer un week-end entier avec Alexander qui possède une propriété dans le bush, loin de tout.
Quand deux imaginaires , très différents, se rencontrent dans une vieille demeure à l'atmosphère puissante, l'imagination galope. Tant celle du lecteur, que celle de la narratrice dont nous avons ici le seul point de vue.
L'argent, qui paraissait être le seul objectif de cette relation, Liese est criblée de dettes, cède très vite la place à d'autres motifs plus ambigus, liés au désir et au pouvoir de la fiction.
Chloe Hooper joue avec virtuosité des codes du thriller psychologique et utilise avec bonheur des ressorts narratifs du roman gothique ,ancrés dans un univers à la fois contemporain et hors du temps.

Une petite merveille à  dévorer d'une traite, même si j'ai quelques petits bémols concernn,t les réactions de l'héroïne !

Fiançailles, (The Engagement), Chloe Hooper, traduit de l'australien par  Florence Cabaret, 10/18 2015, 307 pages qu'on ne lâche pas.

20/04/2015

Dix-sept ans

"On m'accuse de désinvolture.On a raison Les critiques les plus acerbes sont les plus justes."

Lisant un entretien accordé par Annie Ernaux à l'Humanité où elle rappelle qu"une immense solitude entoure les femmes qui avortent.", Colombe Schneck a le sentiment que la romancière s'adresse à elle et qu'il est temps de raconter l'avortement qu'elle a subi à la veille de passer le bac ,en 1984.
Liberté, insouciance, protection, caractérisent le monde privilégié où évolue Colombe Schneck, à mille lieues donc de celui de l'auteure de L'événement.Pourtant , Colombe Schneck ne partagera pas son chagrin, sa souffrance avant 2015. colombe schneck
Elle pose des mots très justes pour évoquer son rapport au corps, évoque l'histoire de la lutte des femmes ayant abouti à cette liberté, souligne qu'elle toujours remise en question dans le monde .
J'ai été frappée par le flou qui entoure les circonstances précises de son avortement, comme si la mémoire se refusait à enregistrer , pour mieux diluer la souffrance.
Sous une apparente légèreté, en 91 petites pages, Colombe Schneck livre un témoignage sensible et pertinent sur un acte qui ne sera jamais anodin.
Bien évidemment, j'ai envie de lire le roman d'Annie Ernaux, L'événement.

Déniché à la médiathèque.

17/04/2015

Les joies éphémères de Percy Darling...en poche

"Le milieu, c'est là qu'il y a la garniture, la confiture, la crème anglaise, la farce de la dinde."

"Vieux et sclérosé", pétri de culture classique, Percy Darling, accepte de louer sa grange pour y installer une très huppée école maternelle . S'il y perd un peu de son intimité, il va y gagner au change en acceptant de s'ouvrir davantage aux autres et en laissant davantage libre cours à ses émotions.
C'est non seulement toute la constellation familiale qui va être changée mais aussi la manière de Percy d'envisager le monde.julia glass
Un  bon gros roman familial comme on les aime: un personnage central, ses relations avec ses filles, ses voisins délicieusement croqués, son petit-fils un peu trop parfait , mais aussi l'instituteur gay, le sans- papier sud américain, tout un microcosme finement observé auquel on s'attache immédiatement. On prend beaucoup de plaisir à voir évoluer Percy et on savoure le style précis et riche en métaphores de Julia Glass. Un pur régal !

16/04/2015

Crème anglaise...en poche

"Moi aussi je suis arrivé avec des idées reçues. Je pensais que les anglais étaient différents avant de venir ici."

Brillant élève, issu d'un milieu pauvre et écossais, Struan part à Londres pour s'occuper d'une figure majeure de la scène littéraire anglaise, Phillip Prys. Ce dernier, victime d'un AVC, est devenu un poids mort pour sa famille.Lesté de beaucoup d'illusions, le jeune Struan va débarquer dans une maisonnée bohème qui va lui paraître des plus étranges... cate clanchy
Éducation sentimentale et sociale, Crème anglaise,( Meeting the English en VO est nettement plus parlant), est une sorte de choc des cultures et de réajustement de valeurs. Se déroulant durant l'été caniculaire de 1989, "année où le monde changea, où les murs tombèrent, et où tous les vieux tyrans moururent" ,ce roman raconte aussi la fin d'un tyran domestique et peint ,de manière nuancée et pleine d'un humour souvent vachard cette constellation familiale hors-normes. Un roman savoureux et cent pour cent british.