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23/03/2015
Moi, Cheeta
"Vous nous voyez purs et vous voulez être nous. Nous vous savons impurs, mais nous aspirons quand même à être vous. C'est la tragédie au cœur de notre -d'aucuns diraient ma- comédie..."
Quand on a ,comme moi, été biberonnée aux films de Tarzan, Johnny Weissmuller l'a incarné durant 16 ans et 12 films, ponctuant de son fameux cri nos jeux d'enfants, on ne pouvait louper ces mémoires de Cheeta, son fidèle compagnon !
Rien de gentillet dans ce récit qui va de l'enfance du jeune chimpanzé* à sa vieillesse (il aurait atteint l'âge canonique de 76 ans à la fin du récit !)**, privilégiant, vous en vous doutez bien ,ses années au sein du microcosme cinématographique.
Oh, non, Cheeta ne se contente pas de retroussis de lèvres pour nous faire sourire et "balance " sur les stars de l'époque , n’épargnant ni les coups de dents (au sens propre) à sa co-vedette Maureen O Hara , ni les coups de griffes: " Comprenez-moi bien ,j'admire Maureen. N'importe qui capable de se remettre de la nouvelle du suicide de son ex-mari en s’exclamant pleine de peps: "C'est le plus beau jour de ma vie !"mérite d'être salué pour sa positivité."
Et Cheeta de dénigrer l'évolution des films de Tarzan, mettant cette aseptisation sur le dos de la pauvre Maureen, mais s’attribuant tout le mérite du comique des films, en bon petit camarade qu'il est ...
C'est vachard en diable, souvent plus pour les femmes d'ailleurs, mais cela peint un tableau plein de vie d'entrain et de gouaille des mœurs hollywoodiennes, sans rien en cacher de la part plus sombre. Cheeta comprend en effet très vite la nécessité vitale, au sens propre, de rester une vedette...
Surnage néanmoins un îlot de tendresse indéfectible: celle de Cheeta pour Johnny, qui perdurera malgré les séparations.
Choisir un narrateur ,à la fois extérieur et si proche de nous, permet de porter un regard acéré et pertinent sur l'univers hollywoodien mais interroge aussi sur nos relations avec les animaux. Un texte faussement candide parfois, troublant souvent et plein d'anecdotes, vraies ou pas, je n'en sais rien mais qui sonnent juste ! Un très bon moment de lecture !
Moi, Cheeta, traduit à quatre mains par Cyril gay et Théophile Sersiron, James Lever (derrière qui se cacherait Will Self ou Vila Matas) , le Nouvel Attiua 2015, 348 pages augmentées de l'abum photo du héros, aux légendes tout aussi cash !
* Cheeta, prétendument individu femelle dans le film, était en réalité un mâle.
** le vrai Cheeta est décédé en 2011 à 80 ans.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : james lever
Commentaires
Parmi mes plus grands souvenirs d'enfance, ces soirées Tarzan, les seules où j'avais le droit de regarder la télé (on se réunissait, d'ailleurs, visionnages en grande famille), donc énorme tendresse et tout, mais pas envie quand même :)
(AAAAAAiiAAAAAiiiAAAAA-iiiyaaaaaaiiiaaaaa.)
Écrit par : Cuné | 23/03/2015
Il m'attend !
Écrit par : hélène | 23/03/2015
Cuné, c'est sûr ,ici, le mythe en prend un sérieux coup ! :)
Hélène, chouette ! :)
Écrit par : cathulu | 23/03/2015
Fort tentant, ma foi !
Écrit par : Brize | 23/03/2015
Il m'attend aussi et je m'en réjouis. On doit avoir les mêmes dealers ;)
Écrit par : jerome | 24/03/2015
Brize, un roman épatant !
Jérôme, sûrement, oui ! j'attends donc ton billet pour confronter nos points de vue :)
Écrit par : cathulu | 24/03/2015
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