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24/09/2014
La fille
"Je ne suis peut être pas née capitaine de ce bateau, mais je suis née pour le secouer."
Sa mère l'appelle "Sunshine" le matin et "la fille" le soir. Malgré les défaillances-pointées avec lucidité par la narratrice- de cet univers de petits blancs vivant dans un trailer park (parc de caravanes) à Reno, beaucoup d'amour circule dans la famille essentiellement féminine de la jeune Rory.
Cette dernière, faute de modèle familial conforme à la "norme", puise dans un manuel de scoutisme de quoi avancer dans la vie.
Elle compile journal intime, dont des passages sont parfois totalement caviardés pour mieux rendre compte de l’indicible et rapports "linéaires et catégoriques" des travailleurs sociaux parlant "ouvertement de vérité et de culpabilité."
C'est cette relation aux mots, que Rory excelle à épeler à l'école, se plaçant ainsi en dehors des limites de ce que la société attend d'elle, que j'ai particulièrement apprécié dans ce roman revigorant et lucide.
Rory porte un regard incisif sur deux univers complètement différents, là où le mot "maison" ne recouvre pas la même réalité, là où des gens considérés comme "arriérés" ne bénéficient pas de leurs droits. Devenir ce que l'on attend d'elle, suivre l'atavisme familial en quelque sorte , ou s'insérer dans un monde qui la rejette ? Rory trouvera une troisième voie , plus conforme à sa personnalité, riche et intelligente. Un roman qui échappe à tout misérabilisme ainsi qu'à tout angélisme et qui sonne juste. Un coup de cœur et ce n’était pourtant pas gagné d'avance.
Déniché par hasard à la médiathèque.
La fille, Tupelo Hassman, traduit de l'anglais (E-U) par Laurence Kiefé, Christian Bourgeois éditeur, 2014, 341 pages à dévorer.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : tupelo hassman
Commentaires
Vu nulle part celui-là, je sens qu'il pourrait me plaire.
Écrit par : Aifelle | 24/09/2014
Aifelle, pareil : vu nulle part ! je craignais le mélo, le pathos, heureusement que la 4 ème de couv' mentionnait les différents types de textes ! :)
Écrit par : cathulu | 24/09/2014
Une petite question (peut-être idiote), mais je ne comprends pas ce que tu veux dire par "caviardés"?
Sinon c'est le genre d'histoires que j'aime, et le dernier paragraphe de ton billet me donne envie de chercher ce roman. A cause de la 3ème voie.
Écrit par : Louise | 24/09/2014
Suis ferrée ! Mais pas pour tout de suite.
Écrit par : Melanie B | 24/09/2014
Une bonne pioche inattendue. J'aime aussi ce genre de découverte au hasard.
Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 24/09/2014
Louise, "Caviardés" signifie rendus illisibles, recouverts de noir. C'est un procédé utilisé par la censure. Ici, il s'agit donc d'auto-censure.
Melanie, il saura t'attendre ! :)
Écrit par : cathulu | 24/09/2014
Hum, tout pour me plaire également... ;) Couverture + titre + ton billet + coup de coeur pas gagné d'avance... ça donne envie.
Écrit par : antigone | 24/09/2014
Comme quoi, parfois les pioches au hasard sont les bonnes ! Je le note :-)
Écrit par : Céline | 25/09/2014
Antigone, il devrait te plaire ! :)
Hé oui, Céline ! :)
Écrit par : cathulu | 25/09/2014
Les commentaires sont fermés.