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04/06/2014
On ne va pas se raconter d'histoires
"J'ai parfois la sensation de m'accrocher de plus en plus aux aspérités de la vie. Ce qui me paraissait comme insignifiant il y a trente ans me semble aujourd'hui lourd, laborieux."
On ne va pas se raconter d'histoires affecte d'emblée, dès le titre, la volonté d'une certaine franchise de bon aloi, d'une camaraderie sans chichis. On joue cartes sur tables et on confie sans barguigner ses sentiments, ses sensations. Les héros sont souvent accumulé pas mal d'années au compteur, seuls ou en couples, et cela les rend plutôt taiseux, patients. Ils aspirent souvent à un idéal (que certains atteignent grâce à des stratégies que je vous laisse le plaisir de découvrir) : "Vivre avec lui est une caresse ,tout est simple, fluide, il dénoue tout sans efforts ni complications."
Une certaine nostalgie pleine de douceur et de délicatesse baigne souvent ces très courts récits où, par exemple, une femme constate que son père, son mari et son fils partagent la même caractéristique: ils rêvassent et cela la touche car "dès qu'il se mettent à rêver, je vois les petits garçons qu'ils ont été."
Mais parfois le ton se fait plus caustique, voire revendicatif ,mais toujours avec beaucoup d'humour et d'empathie. J'ai ainsi adoré un texte intitulé
Merci
« Je sais, c’est un mot bizarre, parce qu’on l’utilise autant quand on vous tient une porte que pour répondre à ces moments qui vous construisent. Il ne vaut souvent pas grand chose en regard de ce qu’on vous donne mais j’ai quand même envie de te le dire. Je voulais te remercier de m’avoir aimée. Je voulais te remercier de n’avoir jamais rien dit quand j’étais odieuse. Je voulais te remercier de m’avoir fait de beaux enfants. Je voulais te remercier d’avoir fait de ma vie quelque chose d’ennuyeux mais de confortable. Je voulais te remercier d’avoir supporté ma bêtise, même si moi aussi j’ai supporté la tienne. Je voulais te remercier d’avoir aimé avec sa boue, ses cendres, la petite fille triste et effrayée que j’étais. Je voulais te remercier de m’avoir fait jouir et de m’avoir foutu la paix. Je sais, j’ai pas toujours dit ça, mais ce soir, c’est ce que j’ai envie de te dire. Je voulais aussi te remercier d’être mort avant moi. »
On ne va pas se raconter d'histoires, ce recueil de micro-fictions est un pur régal à dévorer d'une traite, puis à relire pour mieux savourer toute la gamme d 'émotions qu'il nous fait partager ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
David Thomas , Stock 2014, 148 pages de pur plaisir !
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06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : david thomas
Commentaires
J'ai vu cet extrait par ailleurs (merci) et j'ai savouré les derniers mots ... j'espère le trouve à la bibli.
Écrit par : Aifelle | 04/06/2014
Jolie citation que celle que tu as choisie.
C'est plus que noté : l'extrait est déjà sur la liseuse !
Écrit par : BMR | 04/06/2014
J'aime d'amour cet auteur !
Écrit par : Hélène | 04/06/2014
Ce recueil a effectivement toute sa place sur l'étagère des indispensables !
Écrit par : Noukette | 04/06/2014
J'avais lu La patience des buffles sous la pluie que j'avais bien aimé et celui-ci m'a l'air très intéressant également dans un genre approchant
Écrit par : Yv | 04/06/2014
Je me demande si je serais public ou pas mais j'en lis tellement de bien que je vais plus résister :-)
Écrit par : SEVBLABLABLA | 04/06/2014
Aifelle, je te le souhaite ! :)
BMR,il faut aussi lire le reste ! :)
Hélène, voilà une jolie déclaration ! :)
Noukette, encore merci pour ton billet ! :)
YV, j'avais été une peu déçue par un autre recueil, non chroniqué mais celui-ci m'a emballée !
Sevlblabla, tant mieux :)
Écrit par : cathulu | 04/06/2014
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