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30/09/2013

En même temps, toute la terre et tout le ciel

"C'était quelque chose que je devais à Nao. j'avais envie de lire son journal au rythme de ce qu’elle avait vécu."

Oui, il faut prendre son temps pour savourer et laisser infuser les 596 pages du roman de Ruth Ozeki. se laisser prendre par la magie de ce livre qui alterne les récits de Nao, jeune japonaise victime de harcèlement dans un pays qu'elle ne reconnaît pas comme le sien et Ruth, écrivaine en panne d'inspiration au Canada, sur une île où la nature sauvage a encore droit de cité.ruth ozeki,japon,canada
Probablement emporté par le tsunami, un sac en plastique contenant le journal de Nao , des lettres et une vieille montre s'échoue sur la baie de Desolation. Il sera trouvé par Ruth qui se rendra vite compte que les mots de la lycéenne lui sont destinés. S'établit alors entre les deux femmes, entre les deux pays, entre passé et présent, une relation où les mots joueront un rôle essentiel.
La frontière entre réel et imaginaire devient poreuse mais le lecteur accepte sans broncher qu'un rêve puisse modifier le passé ou qu'un corbeau joue un rôle essentiel tant il est captivé par ce récit à la construction  harmonieuse. On veut savoir ce qu'il advient de chacun des personnages, on partage leurs souffrances, on découvre les situations sous différents points de vue et on finit ce roman en parvenant même à s'intéresser au chat de Schrödinger sans mal de crâne !
Un roman d'une grande richesse et d'une extrême sensibilité qui évoque aussi bien le zen, avec une nonne de cent quatre ans pleine d'empathie et d'humour, les kamikazes, le choc des cultures, l'identité , la tentation du suicide mais sans jamais devenir pesant. On y glane aussi, grâce au mari de Ruth, plein d'infos scientifiques. Bref, on se régale de bout en bout ! un roman constellé de marque-pages ! Et zou sur l'étagère des indispensables !

 

Un énorme MERCI à Clara !

29/09/2013

la petite Borde

"Nous traînions notre enfance au milieu des adultes. Sans bien tout comprendre. un somnambulisme, dans les paroles et l'épaisse couche de fumée des cigarettes."

Par petites touches, en tableaux précis et intenses, Emmanuelle Guattari essaie d'être au plus près d'une enfance qui s'est déroulée dans les années soixante à La Borde, établissement psychiatrique hors normes, où exerçait son père, psychanalyste et philosophe.emmanuelle guattariCeux qui chercheront ici un témoignage sur l'expérience de cette clinique resteront sans doute sur leur faim, tant il est vrai que pour les enfants la notion de normalité ne peut se forger qu'en se confrontant avec d'autres expériences. Ici, l'auteure a choisi de  se situer à hauteur d'enfant et restitue avec une grande économie de moyens, un univers où l'enfance cesse quand les jambes restent coincées entre le banc et la table.
Un texte fragmenté qui évoquera plein de souvenirs à ceux qui ont grandi dans les années 60 et brosse en pointillés le portrait d'une famille pleine de fantaisie et de respect des autres. Le genre de livre qu'on chérit ou qui nous laisse sur le bas-côté. Il m'a fait du bien.

28/09/2013

Pourquoi un tel besoin de littérature ?

"Parce qu'il y a quelque chose en nous qui  est affamé et que rien ne rassasie jamais.[...] Seuls les soins prodigués par nous à cette espèce de jardin intérieur que nous nous trimballons tous et que nous cachons plus ou moins bien derrière nos oripeaux sociaux nous permettent de ne pas nous faire latter par la vie. [...] Vous avez vu Le voyage de Chihiro, le dessin animé ? Il y a cette chaudière infernale qu'il faut toujours alimenter et ce sont des petits animaux qui s'y collent.[...] Nous sommes tous cette chaudière, et les livres, le temps que dure leur lecture, assurent l'un des nombreux va-et-vient. C'est aussi simple que cela."

Anna Gavalda dans un formidable entretien paru dans Lire #419.anna gavalda

Merci à Cuné de me l'avoir signalé !

Et début octobre sortira le nouveau roman de celle qui se définit comme "une raconteuse d'histoires", Billie. j'ai hâte !

06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : anna gavalda

24/09/2013

Le livre du roi

Un jeune étudiant islandais parti étudier à Copenhague va se retrouver embarquer dans une chasse au trésor d'un genre particulier. En effet, dans cette Europe d'après guerre, il va aider un professeur aussi savant qu'atrabilaire à mettre la main sur Le livre du roi, "la plus ancienne source de la mythologie et de la poésie nordique ancienne." Par la même occasion , il s'agit aussi de réaffirmer la singularité de la culture islandaise, l'Islande étant à cette époque sous la coupe du Danemark.arnaldur indridason
à la croisée du Nom de la rose et d'Indiana Jones, Le livre du roi est un roman d'aventures et de formation qui tient ses promesses, ni plus ni moins. L'auteur s'offre même le petit plaisir d'y mettre en scène son propre père, journaliste à l'époque, ce dont nous informe une note en bas de page.  Un livre qui plaira aux amoureux des livres car  Arnaldur Indridason y affirme la nécessité d'apprécier la valeur des manuscrits anciens.

Un cran en dessous de notre policier préféré mais une lecture confortable car on y trouve tout ce à quoi on s'attend dans ce type d'ouvrage.

23/09/2013

Les mutilés

"L'existence ne serait qu'une succession de pertes de pouvoirs depuis la toute puissance de l'enfance."

Le jour où son mari  tente de la tuer, Lucyle , qui en apparence possédait tout, richesse, amour, position sociale, commence à vivre. Elle fait alors voler en éclats les images factices de son couple idéal, de sa famille qui a tout fait pour gommer un passé marqué par la douleur extrême et s'insurge contre une société dans laquelle pullulent Les mutilés.marianne vic
Les mutilés, ce sont ceux qui, comme sa sœur, vivent dans leur corps des amputations, mais aussi, plus nombreux, tous ceux qui se laissent broyer par les habitudes, les fausses valeurs, la violence d'une société , la rage de posséder et font fi de leurs émotions .
L'héroïne remonte alors le cours de son histoire familiale pour tenter de s'alléger  du "fardeau  des disparus et des moments immarcescibles auxquels ils sont reliés." et renouer avec la grâce et la lumière.
Diatribe d'une extrême violence contre notre société des apparences et de l'argent ,  analyse féroce du jeu social, le premier roman de Marianne Vic sacrifie un peu la progression de son récit et la densité de ses personnages. En revanche, la beauté et la richesse de la langue, la pertinence de sa réflexion font qu'on ne peut lâcher ce roman (sauf pour consulter un dico !) tout constellé de marque-pages ! Une découverte coup de cœur -coup de poing !

Juste un passage parmi tant d'autres, pour vous donner envie:

"    La pléonexie* engendre deux empêchements majeurs: celui d'aimer, celui de mourir.
      Plus on possède, plus on idolâtre la prospérité, plus on se sédentarise, cherchant désespérément à s'enraciner contre l'instabilité de toutes choses, à aller contre le mouvement inexorable de l'univers.
      Pauvres êtres , mus seulement par le désir d'avoir plus ou paraître mieux que les autres, toujours plus, toujours mieux...Des nains possédants qui croient ainsi conjurer l'absurdité de l'existence. Êtres pornographiques aux trajectoires sans horizon, en état de frustration permanentes, qui ne savent plus mourir ou aimer.

   Y-a-t-il encore des êtres dont la préoccupation serait ailleurs ? "....

*La pléonexie (du grec πλεονεξία, pleonexia) est le désir d'avoir plus que les autres en toutes choses.


22/09/2013

Taguée...je fus !:)

 Honte à moi, j'ai laissé d'autres tags prendre la poussière et sombrer dans l'oubli ! Pardon à celles que j'ai ainsi laissé tomber !

tag à tag à tag aïe aïe aïe

 

 The Versatile Blogger Award mode d'emploi :
 
1. Rédiger un billet dédié : dont acte.
 
2. Remercier la personne qui vous a distingué(e) : n'ayant jamais reçu de décorations, même sportives, j'apprécie tout particulièrement de recevoir cette distinction, d'autant plus qu'elle m'a été attribuée par Tasha, qui nous revient enfin ! Une blogueuse qui affiche en bannière une photo de Musidora dans les Vampire de Louis Feuillade ne peut être que remerciée  !
 
3. Évoquer 7 petites choses vous concernant :
 
 * Aujourd'hui, c'est officiellement l'automne, ma saison préférée. On peut enfin remettre de bon gros pulls, fouler les feuilles mortes et se réchauffer au coin du feu avec thé et bons bouquins.
Pour rester dans le sens littéral de versatile, j'ai donc décidé ici de célébrer quelques autres petits changements que je n'aurais jamais cru pouvoir arriver :

 *-que j 'adorerais un jour Que je t'aime, sisi, la preuve, interprété par Guillaume Gallienne, cela devient digne de la comédie française. La preuve ? Clic ! En bonus, on peut même se faire un petit karaoké en version japonaise...

*- que je glisserais dans mon sac un livre de la collection Harlequin. Mais attention par n'importe lequel, celui présentant les lauréats du concours Nouveaux talents. Tout ça parce que j'avais hâte de découvrir le texte écrit par Angéla Morelli (clic). Angéla qui , comme Shiva,doit posséder plusieurs bras pour tag à tag à tag aïe aïe aïearriver à bosser, traduire, écrire , bloguer et... vivre tout simplement ! Son texte est une petite merveille d'humour et de tendresse !  Angéla parvient à créer dans sa nouvelle un univers des plus douillets et crédibles  où l'on aurait envie de se glisser ! Un texte qui donne juste envie d'être vite à Noël, Sous le Gui ! En plus, la couv' est superbe !

* que grâce à Cuné je lirais davantage de BD (pas forcément chroniquées ici) et me mettrais à visionner des séries en V.O. Merci de m'avoir mis le pied à l'étrier !

* que je me réveillerais à 5 h 45 , juste pour entendre Colombe Schneck m'hypnotiser une fois sur trois et me donner envie de me précipiter dans une librairie.

*que je renouerais avec le plaisir du bain moussant, grâce à celui de L'Occitane, une mousse toute légère et une odeur de lavande  présente juste ce qu'il faut, rien de tel pour se détendre ! (remarque non sponsorisée !)

* que, matin et soir, je porterais un accessoire recommandé par Karl Lagerfeld himself; pour promener le chien à la campagne, rien de tel.tag à tag à tag aïe aïe aïe,angéla morelli

4. Nommer quinze blogueurs que vous appréciez : plein de mes chouchoutes ont déjà été nommées, alors Antigone, Clara, Cuné, Kathel, Keisha, Ptitlapin, Un autre endroit, c'est à vous ! Si vous avez envie et si vous n'avez pas déjà été taguées !

5. Les prévenir par un petit message…

21/09/2013

La part de l'homme...en poche

"Est-ce que vous pourriez changer le papier peint pour la prochaine fois ? J'ai rompu mes liens avec la nature."

Pour sept mille euros l'ancienne mercière à la retraite Salme Malmikunnas a vendu sa vie à un écrivain en mal d'inspiration.9782264055958.JPG
Mais à quel usage destine-t-elle cette somme ? Le récit qu'elle confie est-il vraiment conforme à la réalité ? Dans une Finlande en proie au libéralisme le travail a bien changé et rare sont ceux qui privilégient aux euros le sentiment du labeur bien accompli.
Racisme, pauvreté , violence des mots encore plus que des gestes, ces mots auquel le mari de Salme semble avoir renoncé, ces mots dont sa fille Helena connaît bien le pouvoir, sont au centre de ce roman entrecoupé par les cartes postales que Salme adresse à ses enfants, petits messages foutraques témoignant de son amour , le tout composant une mosaïque sensible d'un pays en pleine mutation. La fin est tout à fait percutante , violente, symbolique et apaisante à la fois.
Un roman au style parfois haché mais un très joli portrait d'une famille qui pourrait être la notre au sein d'un monde qui est le notre.

20/09/2013

Lady Yoga en posture critique

"Chaque jour, elle sent que quelque chose se réveille à l'intérieur d'elle, que de nouveaux sentiments germent, comme de jeunes pousses."


L'avantage quand on enchaîne la lecture de romans qui se suivent , c'est qu'on ne ressent aucune frustration, qu'on n'a pas besoin de se remémorer qui est qui, qui fait quoi. C'est donc de manière bien confortable que j'ai lu Lady Yoga en posture critique, la suite de  Les chroniques de Lady Yoga (clic).
Pas de soucis, Stephen Mc Cauley tient bon la barre et, si l'effet de surprise a disparu, si le côté grand show du yoga aux États-Unis m'a plutôt laissée perplexe quant à ma propre pratique, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Lee, Katherine, Imani et les autres.rain mitchell,stephen mc cauley
Mc Cauley ,visiblement en terrain connu, en profite pour se livrer à une réjouissante satire du monde du cinéma. Il établit aussi une correspondance entre littérature et yoga qui devrait parler à plus d'une lectrice : "Lire, a décidé Katherine, c'est comme suivre un cours de yoga : on pénètre dans un autre monde, où l'on rencontre des personnages chaque fois différents, aux prises avec leurs propres problèmes, leurs propres défis; observer leurs tribulations nous tient à l'écart de nos soucis quotidiens et, lorsqu'on émerge de ce monde parallèle, on se trouve en possession de nouvelles informations-ou de bribes d'informations, plutôt-que l'on a collectées à notre insu, mais qui commencent à nourrir notre réflexion."

Un chouïa en dessous du premier mais fort sympathique néanmoins et toujours aussi addictif !

PS: pour "mettre le pied à l'étrier" à quelqu'un qui voudrait se mettre à la lecture un personnage conseille de lire chaque matin pendant dix minutes...

19/09/2013

Petit éloge des brunes

"Dans la teinte des cheveux se joue le passé d'une nation."

Petit éloge des brunes combine deux de mes  péchés mignons: le genre de l'éloge et l'abécédaire. Elsa Marpeau nous fait bénéficier de sa solide culture générale , qui la fait fréquenter aussi bien la Bibliothèque Nationale de France que tourner les pages de Voici. Mais ce grand écart s'effectue pour la bonne cause car c'est dans les pages des magazines people que l'on déniche les Brunes contemporaines et celles à qui elles servent souvent de faire-valoir, les Blondes.elsa marpeau
Quelques redites sur les stéréotypes qui ont traversé les siècles (du fait de la structure de l'abécédaire, sans doute) mais une mine d'informations et de réflexions sur les stéréotypes liés aux Brunes. Saviez-vous par exemple que "l'inégalable Betty Boop" est apparue sur les écrans "d'abord sous les traits d'un chien"  avant de se muer en pin-up ?
Plein de références dans de nombreux domaines artistiques et une seule absence : celle de la chanson interprétée par Lio: "Les Brunes comptent pas pour des prunes". Une référence trop évidente  ou trop triviale peut être.

Un petit plaisir à s'offrir pour deux euros, quelle que soit sa couleur de cheveux, bien sûr.

Ps: l'auteure est évidemment une très jolie Brune.

18/09/2013

Les touristes

"Murder is green" (tuer c'est écolo.)

Mieux vaut ne pas croiser le chemin de Chris et Tina ! Partis pour leurs premières vacances en amoureux à la découverte de l'Angleterre, ils enclenchent, sur un coup de colère, un dangereux engrenage et commencent à liquider tous les gêneurs qui encombrent leur chemin, avec une logique qui part rapidement en vrille !ben wheatley
Amateurs d'humour anglais et d'humour noir vous allez, comme moi, vous régaler de ces tueurs en série hors normes qui circulent dans une caravane des plus cosy, collectionnent les trophées les plus kitsch , le tout sur fond de tubes des années 80 !

 Un énorme merci à Cathy et Laurent pour ce DVD jubilatoire, jusqu'à la dernière minute !


06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : ben wheatley