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31/08/2013
Bilan d'août
* Another Year, vu, revu et rerevu, quatre saisons et un couple de sexagénaires heureux en ménage et de leurs amis dont deux en situation de dépendance affective. Le rythme des saison et le jardinage en famille permettent de raconter des histoires de couples et de solitude avec beaucoup d'humanité. ( La couv' du DVD est atroce mais cette version comporte des bonus intéressants, contrairement à l'autre version.)
* Dans la foulée, revu pour Imelda Staunton, hyper émouvante, Vera Drake. Vera est chaleureuse et aime rendre service mais son bon cœur l'entraîne à commettre des actes répréhensibles dans cette Grande Bretagne d'après guerre. Un film subtil sur la condition des femmes . Merci Cuné !
Deux films de Mike Leigh où l'on retrouve pas mal de ses acteurs fétiches.
*à force d'entendre parler du nouveau film de Richard Linklater, j'ai déniché à la médiathèque, le premier volet: Before Sunrise. Bavard, bavard, saoulant. Une image de Julie Delpy, au petit matin, sans maquillage et juste sublime pour racheter un film même pas ennuyeux, juste insipide ? Non.
*Madame ma fille étant la seule au monde à avoir échappé aux multi- diffusions de 4 mariages et un enterrement, je lui ai tenu compagnie et la VO ne nous a pas déçues ! Un film où seule l'atroce veste fleurie de Kristin Scott Thomas a vieilli. Un efficace chasse spleen !
Et enfin, last but nos least, Les flingueuses, par le même réalisateur que Mes meilleures amies (clic). Un film qui revisite au féminin le Buddy movie, (film de copains) opposant à ma droite, psychorigide, liftée à mort, hyper douée dans son métier mais peu appréciée par ses collègues du FBI, Sandra Bullock la mince et à ma gauche Melissa Mc Carthy, la ronde ,débraillée, au langage de charretier, qui ne s'en laisse conter par personne et surtout par ses collègues flics. Elles vont être obligées de bosser ensemble et ça va dépoter ! Ah , il faut absolument voir ce film en VO et se ré-ga-ler en voyant , entre autres, comment Mc Carthy traite un client de prostituée ! D'un bout à l'autre, je n'ai fait que rigoler (et non pas sourire) et l'Homme aussi d'ailleurs ! Le dialogue est un feu d'artifice permanent et tant pis pour les pisse vinaigre qui s'offusqueront de la palanquée de dick, balls et autre vagina qui émaillent les propos de Mc Carthy ! Un film féministe réalisé par un homme ? On en redemande !
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (14)
30/08/2013
Banquises...en poche
"...une terre qui s'efface, une femme qui disparaît."
Sarah en 1982 a quitté la France pour le Groenland. Elle n'est jamais revenue. Sa soeur Lisa part, vingt-sept ans plus tard , sur les traces de celle dont l'absence , pendant des années, a influé sur sa vie et celle de leurs parents.
"Les lieux ne retiennent rien, il dit. Lisa n'a pas envie de le croire." Et pourtant cette banquise qui disparaît , sous l'effet du réchauffement climatique et que l'auteure décrit longuement ,est bien le symbole de cette quête vouée à l'échec mais pourtant nécessaire pour clore une histoire qui n'en finit pas de ne pas finir. En effet les parents , surtout la mère ne peuvent se résoudre à admettre la disparition de leur fille aînée.
Valentine Goby peint avec acuité les révélations qui se fraient un chemin dans les paroles échappées, les souhaits impossibles à réaliser, la vie qui continue malgré tout, chacun adoptant des stratégies différentes pour supporter cette situation , peignant "les minces frontières [qui] commencent à séparer le père, la mère, Lisa. De fines cloisons par lesquelles ils se préservent les uns des autres, de la contamination, délimitant des territoires distincts et des espaces ténus pour se frôler."
Le père, peut être encore plus que la mère m'a infiniment touchée, dans sa manière pudique , poétique et pragmatique de trouver une issue de secours. Une écriture sur le fil du rasoir, un roman qui appuie là où ça fait mal.Une douleur exquise.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : valentine goby
29/08/2013
Chambre 2
"J'assiste à la naissance d'une mère. C'est presque plus émouvant que la naissance d'un enfant."
Quand on passe dans le couloir d'un hôpital, on entr'aperçoit des fragments de vie, et l'on se sent un peu gêné, un peu voyeur. Rien de tel dans le roman de Julie Bonnie où Béatrice nous fait partager son quotidien, parfois émouvant, parfois douloureux, dans une maternité.
Mais plus qu'une galerie de portraits de mères en devenir, c'est aussi le récit de'une tentative de normalisation d'une femme, la narratrice qui, quittant le monde du spectacle où elle mettait en scène son corps , affronte une réalité où la nudité, si elle est prise maintenant au sens figuré, est beaucoup plus cruelle : "Douze heures dans la chair humaine, nue dans la neige, nue dans le feu, nue quand il est vital de se couvrir."
Les souvenirs de son passé artistique ne sont en rien enjolivés mais s'opposent néanmoins à un quotidien où la violence et le silence s'imposent aux corps des femmes. Une écriture puissante et charnelle. Un grand coup de coeur !....
Chambre 2, Julie Bonnie, Belfond 2013, 187 pages piquetées de marque-pages !
Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout chez Libfly ! Merci à Libfly, au Furet du Nord et à l'éditeur !
Le billet de Clara, elle aussi conquise !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : julie bonnie, maternités
28/08/2013
Los Angeles nostalgie
"Ry Cooder nous offre une plongée noire et musicale dans les bas-fonds de sa ville natale." Dixit la quatrième de couv'.
Totalement restée insensible à ces histoires, totalement extérieure, par manque de références sans doute.
Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout chez Libfly. Merci à Libfly, au Furet du Nord et à l'éditeur !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ry cooder, schtroumpf grognon le retour
27/08/2013
Trêve
Juste histoire de faire une pt'ite pause dans cette rentrée littéraire du feu de Zeus , le temps de lever une coupette pour fêter dignement mon ....et unième anniversaire !
Mieux que le régime soupe de choux: sans gluten, sans lait, sans gras, j'adore ce régime champagne .
Vu sa plastique, on peut la croire !
Santé les gars et les filles !
06:01 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (29)
26/08/2013
La grâce des brigands
"Cette dernière passion, ça ne faisait pas un pli, l'entraînerait loin de Lapérouse, puisque les livres servent, comme on le sait, à s'émanciper des familles asphyxiantes."
Maria Christina Väätonen, qui s'est auto-attribué le titre de vilaine sœur, a quitté son grand Nord et sa famille étouffante dès seize ans pour s'installer à Santa Monica . Quand le roman commence, le 12 juin 1989, elle reçoit un coup de fil de sa mère qui va la faire revenir sur son passé et sur la manière dont, dans les années 70, elle est devenue une très jeune écrivaine à succès.
Quel bonheur que ce livre ! Un je ne sais quoi m'avait toujours retenue dans mon appréciation des précédents romans de Véronique Ovaldé mais ici toutes les restrictions ont été balayées !
Le premier chapitre qui explique l'inclination de l’héroïne pour ce quartier de Los Angeles où elle habite est une pure merveille ! Nous sommes avec elle en train de siroter des sangrias, de sentir le vent frais qui vient des jardins... et ce sera comme cela tout le long du texte car Ovaldé a un don visuel certain. Cet éloge sensuel fonctionne d'ailleurs en contrepoint de la liste sèche et pleine de rigueur de "La vulgarité selon Marguerite Richaumont", la mère de l'héroïne. Les titres des chapitres , "L'encombrant désespoir des fillettes", " Mettre le bras entier dans un trou d'alligator", le style, plein de cette Grâce des brigands vantée dans le texte, font de ce roman d'émancipation féminine une pure merveille, jamais pesante, où les épreuves sont racontées avec justesse, sans auto-apitoiement et avec toujours une pointe d'humour. Une écrivaine qui a atteint une aisance dans l'écriture que nombre de ses confrères lui envieront !
Un grand coup de cœur, constellé de marque-pages, et qui file d'un seul coup d'un seul sur l'étagère des indispensables !
La grâce des brigands, Véronique Ovaldé , l'olivier 2013, 284 pages de bonheur !
Ps: ne pas lire la 4 ème de couv' qui en dit beaucoup trop !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : véronique ovaldé
25/08/2013
Héritage...en poche
"Le bonheur que l'on n'a pas gagné n'est pas le bonheur."
Apprenti éditeur, Andy Larkman, parce qu'il s'est trompé de salon funéraire, hérite de 17 millions de livres sterling de la part du défunt, Christopher Madigan, dont il ignore tout.
L'argent va évidemment modifier son rapport aux autres mais simultanément le rendre débiteur , comme il mettra du temps à s'en rendre compte.
Il lui faut en effet comprendre qui était cet homme, comment ce réfugié arménien est devenu un nabab du minerai de fer en Australie avant de devenir un parfait Anglais et de déshériter sa fille.
Andy deviendra ainsi le dépositaire de récits qu'il lui faudra agencer pour profiter pleinement de son Héritage.
Mêlant récit d'apprentissage, d'aventures et ne négligeant pas le poids de l'Histoire, le roman de Nicholas Shakespeare est un pur plaisir. On ne le lâche pas une seconde, savourant les pointes d'humour : "Il la soupçonnait d'être la réincarnation d'un guerrier barbare. Une grimace pareille , ça ne s'apprenait pas en une seule vie." , retrouvant avec plaisir les figures imposées du récit à rebondissements. Un roman confortable, comme on les aime et qu'il m'a absolument fallu finir hier soir, d'où mes yeux de panda !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : nicolas shakespeare
24/08/2013
pourquoi être heureux quand on peut être normal ?...en poche
"La fiction et la poésie sont des médicaments, des remèdes. Elles guérissent l'entaille pratiquée par la réalité sur l'imagination."
En 2003 paraissait en France la fiction Les oranges ne sont pas les seuls fruits* , roman dans lequel Jeanette Winterson revenait sur une enfance bien particulière: celle d'une enfant adoptée par un couple marqué par une religion sévère et exigeante.
Presque dix ans plus tard vient de paraître cet ouvrage qui n'emprunte plus les voies romanesques mais nous livre , avec beaucoup de pudeur et de recul, une autobiographie marquante à bien des égards. Madame Winterson, la mère adoptive , avait tout pour devenir une nouvelle Folcoche, n'hésitant pas , par exemple, à partir en vacances laissant Jeannette à l'extérieur d'un domicile complètement fermé. Mais tout l'art de l'écrivaine est dans la nuance. On sent qu'avec le temps, elle en arrive à jeter un regard presque apaisé sur cette mère si imparfaite.
C'est aussi le récit de la conquête d'une liberté, liberté qui passe par les études et par l'écriture, mais qui ne fera évidemment pas l'économie de la douleur, surtout quand Jeanette essaiera de retrouver sa véritable mère .
L'écriture est tout sauf fluide et linéaire, et l'auteure s'en explique, mais on ne peut qu'être touché à l'extrême par cette femme et par le pouvoir de l'émotion générée. En témoignent les nombreux marque-pages !
06:00 Publié dans Autobiographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : jeanette winterson
23/08/2013
Lucia Antonia funambule
"Le fil ou la marée montante qui envahissait les herbiers : lequel me portait ? "
Après le décès de sa jumelle ,funambule comme elle, Lucia Antonia revient dans un carnet, sous formes de (très) courts chapitres, sur son cheminement, depuis ses premiers pas sur le fil qui la berçait déjà enfant , jusqu'à l'époque actuelle.
Ayant quitté le cirque familial, elle va s'installer entre sable et mer sur une presqu'île où elle va faire la connaissance de personnes aussi dissemblables que poétiques.
Comment rendre compte de la beauté, de la délicatesse de ce texte lumineux, fragile et envoûtant ? Même s'il est ancré dans le réel, par quelques notations permettant de le situer dans l'espace et dans le temps, ce roman est intemporel et acquiert presque la dimension de conte. Daniel Morvan a réussi à bâtir apparemment sur presque rien un univers où le lecteur entre dans une nouvelle dimension. Un très joli livre qui plaira aux amoureux de la poésie !
Lucia Antonia, funambule, Daniel Morvan, Zulma 2013, 129 pages cristallines.
06:01 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : daniel morvan
22/08/2013
La lettre à Helga
"Si la vie est quelque part, ce doit être dans les fentes."
Bjarni va passer l'été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme où vécut Helga, celle pour qui il brûla toute sa vie d'un amour impossible. Le vieil homme rédige alors une longue lettre à celle qui emplit chacun des moments de son existence et la rend ardente: "Tu as mis en moi une attirance qui ne fit que s'exacerber et qui pouvait se transformer en brasier à tout moment., sous le moindre prétexte. Si je voyais une bosse de terrain rebondie ou une meule bien ronde , leurs courbes se confondaient avec les tiennes, de sorte que ce n'était plus le monde extérieur que je percevais , mais toi seule dans toutes les manifestations de ce monde."
Comment ce fermier islandais, en complète osmose avec la nature, s'est-il astreint à se priver d'un bonheur à portée de la main et à gâcher délibérément, semble-t-il, sa vie ?
Dans une langue charnelle, Bergsveinn Birgisson peint le portrait de cet amour par delà les années, un amour qui s'inscrit dans un paysage âpre auquel son héros prête une attention particulière car "Habitués à l'isolement, les gens des péninsules ont les sens plus développés que les autres." Un roman captivant , qui nous emporte très loin...
La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, traduit de l’islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma 20113, 131 pages profondément émouvantes.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : bergsveinn birgisson, islande, personnes âgées