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31/05/2013
La liste de mes envies...en poche
"Mais je ne suis pas riche. Je possède juste un chèque de dix-huit millions cinq cent quarante sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes, plié en huit, caché au fond d'une chaussure. Je possède juste la tentation."
Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras et rédactrice du blog dixdoigtsdor, réalise le rêve de beaucoup de gens, à savoir gagner au loto, elle ne se précipite pas . Ni pour encaisser son chèque, ni pour avertir son mari ou ses amies. Non, elle prend bien le temps de réfléchir car, malgré les orages conjugaux, les peines, les douleurs, elle se demande si elle a vraiment envie de quelque chose de différent. Mais les événements vont s'emballer plus vite que prévu et Jocelyne devra quand même affronter bien des changements dans sa vie...
Le gain d'une grosse somme d'argent au loto aurait pu donner lieu à des situations caricaturales . Mais Grégoire Delatour l'envisage d'une manière originale, pleine de tendresse pour son personnage féminin . Il brosse ici un très joli portrait de femme , une femme qui s'émancipe doucement, qui rit avec ses fofolles de copines, qui ne perd pas la tête devant tant d'argent, qui ne se laisse pas éblouir (il faut voir la modestie de La liste de [ses] envies: rien d'ostentatoire, rien qu'elle ne puiise vraiment s'offrir sans même avoir gagné au loto ), qui va renouer avec sa fille mais qui n'oublie pas pour autant ce qui l'a façonnée. Un roman plein d'humanité, construit de manière habile (je me suis faite avoir comme une bleue !) et dont le style, alerte et émaillé de formules, confirme ici tout le bien que j'écrivais déjà de cet auteur ici. à vous de noter ce roman sur la liste de vos envies !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : grégoire delacourt
30/05/2013
Mon petit trognon potelé
N'était ce printemps pourri, nous devrions nous promener sous les charmilles ou dans les bois et susurrer à l'oreille de nos amoureux/ses des mots tendres. Fi des "Chéri "et "Mon amour"! Renouvelons notre corpus de mots tendres et saluons au passage l'inventivité des amoureux passés à la postérité. Tout leur est bon pour désigner l'aimé(e) :des animaux les plus insolites "mon petit cafard embaumé", aux éléments de la nature , "Mon romarin sans tête" *, en passant par les mots du quotidien "Mon petit bouchon".
Catherine Guennec les a recensés avec gourmandise et nous les offre ces mots doux parfois passés de mode ("mon Menon") ou parfois excessifs. Ainsi Mozart s'adressant à la baronne von Waldstatten : "Chère, bonne et belle, dorée, argentée et sucrée, estimée et estimable vénérée madame la baronne".
Les plus intello se laissent aussi aller à des épanchements cuculs, ridicules mais si tendres. Saurez-vous deviner quelle est la femme qui s'adresse ainsi à spn amoureux secret : "mon gentil vous lointain, perdu dans le blizzard ...ma bête ensoleillée...mon très cher potiron violet...très chère bête provinciale assise à ruminer ?
Un pur régal où picorer régulièrement pour trouver l'inspiration si nécessaire ...
First 2013
* Cette plante était autrefois de toutes les cérémonies. Les mariés se coiffaient d'une couronne de romarin , symbole d'amour et de fidélité.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : catherine guennec, mots tendres
28/05/2013
Couplets
"D'ailleurs, dans un groupe, un couple qui se dispute est toujours bienvenu pour la satisfaction personnelle des autres."
Pas de ritournelles sentimentales dans ces nouvelles de Claire Castillon qui s'enchaînent à un rythme soutenu mais une observation caustique et acérée de différentes configurations de couples. Une vision qui manque un peu de densité et qui fait qu'une fois terminé ce recueil , il ne m'en est pas resté grand chose...à ne pas offrir en cadeau de mariage ou de pacs.
Le billet de Clara la tentatrice !
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : claire castillon, les histoires d'amour finissent mal...en général
27/05/2013
Le garçon incassable
"Mais le chagrin, Henri, où le mets-tu ? Tes yeux ne pleurent jamais. la tristesse semble ricocher sur toi. Je sais qu'elle entre pourtant, filtrée par ta vision du monde. Alors, dans quel recoin de toi-même l'enfermes-tu ? "
Enquêtant sur Buster Keaton, la narratrice se prend à évoquer son frère "différent", Henri. Nombreux sont les points communs entre les deux hommes, se situant toujours un peu à côté des autres et ayant une relation particulière à leur corps. Le garçon incassable, c'est d'abord Keaton, qui , dès l'enfance, fut réifié par ses parents, jeté comme un objet raide et sans réaction pour un numéro de music-hall qui séduisait les foules. Cette capacité corporelle étonnante s'accompagnait aussi d'un visage impassible qui devint bientôt la marque de fabrique de son personnage.
Mais c'est aussi Henri, dont la vie " se déroulera dans un éternel état intermédiaire. Un état où les éclats de joie sont de plus en plus rares."et qui, parfois "est comme un objet habité par une force que seule l'ouverture de la porte peut libérer."
Leurs relations aux autres, le regard que les autres portent sur le comique burlesque et sur l'enfant handicapé sont évoqués avec beaucoup d'empathie et de délicatesse.
Deux portraits qui se font écho, portés par une écriture sensible et sans pathos. Un roman qu'il faut prendre le temps de laisser infuser, pour mieux s'en imprégner.
Le billet de Lilly.
Le garçon incassable, Florence Seyvos, Editions de lo'livier 2013, 173 pages qui nous remuent
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : florence seyvos
26/05/2013
Quand littérature et cinéma se marient...
* Actuellement en tournage La liste de mes envies de Grégoire Delacourt (qui sort bientôt en poche). c'est Didier Le Pêcheur qui s'y colle. Dans les rôles principaux, Mathilde Seigner et Marc Lavoine.
*Le tournage du film Les yeux jaunes des crocodiles, d'après le roman de Katherine Pancol se poursuit à Trouville (clic) avec Julieepardieu et Patrick Bruel.
*Et le 19 juin sortira le film de Marion Vernoux Les beaux jours, adaptation du roman de Fanny Chesnel Une jeune fille aux cheveux blancs. Dans les rôles principaux, Fanny Ardant, Laurent Laffitte et Patrick Chesnais.
Le point commun ? Des romans qui font du bien....
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (17)
25/05/2013
La muraille de lave...en poche
On lui avait souvent reproché sa froideur et sa distance, mais il ne s'en inquiètait pas beaucoup."
Le commissaire Erlendur est toujours en vacances . C'est bien dommage car cet opus , donnant la vedette à Sigurdur Oli, son jeune collaborateur, est tout sauf intéressant, du fait sans doute des défauts mentionnés plus haut du personnage.
Trois intrigues se mêlent paresseusement, dont une par ricochet, sur fond de pratiques bancaires plus que discutables et de problèmes de couple du héros, problèmes dont on se fiche royalement car le personnage est sans épaisseur.
Un roman que j'ai lu jusquà la fin pourtant, mais du bout des yeux, si j'ose dire, en soupirant presque.
Rendez-nous Erlendur!!!
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arnaldur indridason
24/05/2013
L'inconstance de l'espèce
"Tragique , la façon dont la nature exhibait ici l'inégalité de développement entre les sexes."
Trente ans d'enseignement dans un collège de l'ex-R.D.A ont aiguisé le regard ( et la pensée ) de Inge Lohmark. Un peu déformé aussi, il faut bien l'avouer, car la professeure de biologie et de sport envisage tout ce qu'elle observe, tout ce qu'elle analyse à travers le prisme scientifique.
Elle tient ainsi tous et tout à distance, corsetée qu'elle est dans un univers où les sentiments n'ont guère droit de cité. Elle analyse avec une froide lucidité son couple (son mari plus préoccupé par son élevage d'autruches que par sa famille), sa fille (qui a fui aux Etats-Unis), ses collègues, ses élèves (voir un hilarant plan de classe des "primates " (comprendre ses élèves) qu'elle épingle comme des papillons avec une réjouissante férocité . Ainsi Saskia : " Pourrait même être jolie sans tout ce maquillage. Visage bien proportionné, front haut, sourcils épilés, expression bête à manger du foin. Entretient avec maniaquerie son pelage."
Avec le même détachement, elle constate l'interchangeabilité des idéologies et de leurs discours , pointant du doigt les promesses irréalistes mais aussi les contraintes du nouveau système. Sa pensée part parfois en vrille mais toujours avec la même rigueur .Des phrases courtes, souvent nominales traduisent bien cette volonté d'analyse ironique, ponctuée de très peu de points d'exclamation. De la tenue, que diable !
L'humour, parfois cruel, est toujours présent , "Combien d'enfants les Marten avaient-ils jusqu'à présent, personne ne le savait précisément. [...] elle avait interrogé un des petits Marten à ce sujet. il avait promis de se renseigner auprès de ses parents."et l'on déguste avec bonheur ce portrait de femme inoubliable. à noter que le roman est richement illustré de gravures , comme exhumées d'un vieux livre de biologie. Un pur régal !
L'inconstance de l'espèce, Judith Schalansky, traduit de l'allemand par Matthieu Dumont, Actes Sud 2013, 229 pages et une multitude de cornes !
Merci Cuné !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : judith schalansky
23/05/2013
L'odeur des planches
"N'était la douleur dans mes os, rien ne me prouverait que j'existe."
Née en Algérie, malgré ses origines modestes, Samira Sedira est devenue comédienne en France et vivait confortablement de son art. Las, les contrats ont cessé et , par fierté, parce qu'elle veut rester indépendante fincancièrement de son compagnon, Samira doit devenir femme de ménage chez des particuliers.
Alternant retours en arrière et récit de ses journées de labeur, ce texte est aussi l'occasion de décrire la quasi sidération d'une femme, sa mère, qui n'a jamais connu l'amour et a dû quitter sa famille et son pays. L'occasion aussi de comprendre la honte de son père qui, à la fin des Trente Glorieuses, connut sa première période de chômage. Un texte qui prend aux tripes, qui crie la rage et la douleur , à découvrir absolument.
L'odeur des planches, samira Sedira, la Rouergue 2013, 136 pages qui nouent la gorge.
Merci Clara pour cette découverte !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : samira desira
21/05/2013
Zelda, reine de Paris
La véritable histoire du chien le plus chanceux du monde.
Rien ne prédestinait cette petite chienne paria indienne à devenir la reine de Paris. Rien sauf, sa volonté de s'en sortir et donc de parvenir à se faire adopter par la famille en devenir de ce correspondant américain en Inde, Paul Chutkow.
Malicieuse et un peu folle, d'où son nom (on a connu plus élégant comme référence, Zelda Fitzgerald n'était pas que folle), la petite chienne va suivre la famille de Paul dans ses pérégrinations, connaître bien des aventures et conquérir bien des coeurs, dont celui du lecteur, bien sûr.
Si Zelda est l'un des personnages centraux, son maître nous offre non seulement le récit de leur vie commune mais nous fait aussi partager quelques rencontres marquantes de sa carrière de journaliste: celle de Mère Thérésa ou de Gérard Depardieu, notre Gégé plus très national dont il a écrit une biographie.
Réservé aux amoureux des chiens, Zelda, reine de Paris est un récit animalier classique, enjoué, léger, des plus sympathiques, qui se dévore d'une traite et se termine inévitablement sur une note poignante. De quoi passer un bon moment !
Traduit de l'anglais (E-U) par Marie-Hélène Sabard, Nil editions 2013, 256 pages qui ont du chien !
Merci Cuné pour m'avoir signalé ce livre !:)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paul chutkow, chienne craquante
20/05/2013
L'atelier
"Je maintiens que l'échec est un droit et que si on le craint, on ne peut rien faire . Dans l'art , il faut savoir traverser l'échec , c'est toujours après qu'il se produit quelque chose."
Miquel Barcelo (peintre)
L'Atelier, c'est d'abord une émission de Vincent Josse (un des beaux gosses de France inter) le samedi de 19 h 20 à 20 heures. C'est aussi un livre qui rassemble 27 rencontres avec des artistes contemporains, où les plus médiatisés ne sont pas forcément les plus intéressants (voir les réponses plutôt plates de Catherine Frot, (comédienne que j'aime beaucoup par ailleurs).
Vincent Josse nous les retranscrit telles quelles, sans occulter les pauses, dues par exemple à la sieste de Jean-Paul Kauffmann, et l'on "entend " pour peu qu'on les connaisse les voix des protagonistes. Le journaliste , fin connaisseur des arts, y révèle toute sa sensibilité et amène souvent ses interlocuteurs à se dévoiler de manière très intime. ainsi Manu Larcenet avoue-t-il: "La haine du corps est l'une de mes obsessions , le dégoût qu'on s'inspire à soi-même.". Pénétrer dans l'atelier de ces créateurs éclectiques permet aussi de voir l'envers du décor et de découvrir que Fabienne Verdier a été amenée à combiner guidons de vélos et palns pour manier des pinceaux qui, une fois chagés d'encre, pèsent de 60 à 100 kilos, sans pour autant nuire à la précision de son trait !
Les photographies des intruments de travail,(sublimes!), les portraits , permettent au lecteur de prolonger le plaisir de la découverte de l'intimité de ces créateurs au travail. Un magnifique objet à (s') offrir !
Flammarion/France Inter 2013.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : vincent josse