« Tout du tatou | Page d'accueil | Le mambo des deux ours »
29/11/2012
Carnivores domestiques
"Toi tu as l'habitude. Tu passes et tu observes. Toutes les nuits il ya des histoires et des vies qui s'arrêtent, un qui te file sous les doigts. Toutes les nuits des confidences .Un déchirement, et puis un vide. Et souvent un fardeau à prendre sur les bras. La briéveté de la vie, tu ne l'oublies jamais."
Si Balthazar, Darwin, Gribouille, Caramou, et autres Carnivores domestiques, chats et chiens de toutes conditions, prennent la parole au début de chacune des histoires composant ce recueil ,ce n'est que brièvement. Celui qui assure bientôt leur relais est un vétérinaire d'urgence dont on devine qu'il a beaucoup à voir avec l'auteur, malgré l'avertissement liminaire.
Le narrateur passe sans broncher de la mérote à chats qui vit dans un squat avec 35 félins et des conditions de vie dramatiques au jeune couple pimpant. Il ne se veut que témoin. Jamais il ne juge, mais parfois, mine de rien il agit ou tourmente par des mots celui qui a dépassé la mesure.
Il absorbe ainsi jusqu'à saturation la misère et les relations souvent perverties entre les hommes et les animaux. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : "Leurs histoires. Leurs vies en désorde. Ils croient parler de la maladie du chien, du chat ou du lapin nain, mais c'est d'eux qu'ils parlent bien sûr. De leurs plaies, de leurs bosses, de leurs fractures et de leurs contusions. Ils déballent tout ça , chargé de panique, de larmes et d'angoisses."
Un univers souvent très noir, servi par une langue économe et forte. Un texte plein d'humanité qui a révélé un véritable écrivain et nous éloigne de la vision souvent trop anthropomorphique des animaux.
Carnivores domestiques, Erwann Créac'h, points Seuil 2012, 210 pages parfois accablantes.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : erwann créac'h, chats, chiens et compagnie, humains
Commentaires
Sans doute un peu dur parfois, non? Mais en tant que lotie d'un chat caractériel (un seul, ouf!), cela pourrait m'intéresser.
Écrit par : keisha | 29/11/2012
Attention à ce que tu dis Keisha ;-))) La couverture fend le coeur. Quand on voit un certain nombre de personnes avec leurs animaux, ça donne envie de les étrangler (pas les animaux hein ..)
Écrit par : Aifelle | 29/11/2012
Keisha, oui mais nécessaire.
Aifelle, les animaux habillés, manucurés etc , bref détournés de leur vraie nature, représentent un trop gros marché économique pour que cela cesse, hélas.
Écrit par : cathulu | 29/11/2012
L'animal le plus heureux est celui qui reste à sa place d'animal... malheureusement, la solitude, l'ignorance, la consommation peuvent parasiter très vite les relations homme/animal. Le livre dont tu parles doit être passionnant. Et l'auteur n'a pas du tout un nom breton, hein... ;-)
Écrit par : Gwenaëlle | 29/11/2012
Bonjour Cathulu, moi je passe, je n'ai pas envie de déprimer surtout en cette période. Déjà la couverture me rend triste. Bon samedi.
Écrit par : dasola | 01/12/2012
Gwenaëlle, deux bonnes raisons de le lire...:)
Dasola, je comprends tout à fait : Bonne fin de semaine à toi aussi !
Écrit par : cathulu | 01/12/2012
J'allais dire comme Gwen un prnom et un nom qui sonnent bien breton !
Écrit par : clara | 03/12/2012
Merci pour votre article et votre analyse très bien vus, Cathulu ;-)
je l'ai posté sur la page facebook de Carnivores Domestiques
http://www.facebook.com/carnivores.domestiques
et bravo pour votre blog !
Erwann (l'auteur)
Écrit par : Créac'h | 04/12/2012
Clara, on se demande bien pourquoi vous l'avez remarqué!:)
Merci à vous M. Créac'h !:))
Écrit par : cathulu | 04/12/2012
Les commentaires sont fermés.