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31/05/2011

Alzheimer mon amour

"Tu es devenu mon guide aveugle vers les ténèbres."

 Sans préavis, le verdict tombe et le long naufrage commence: Alzheimer s'est emparé du cerveau de Daniel. Sa femme, Cécile, ne peut se résoudre à faire le deuil d'un amour de trente ans et , coûte que coûte, elle va tenter de garder Daniel près d'elle, dans tous les sens du terme, le stimulant , allant même jusqu'à tenter de refaire leur vie, ou ce qu'il en reste, à Madagascar.cécile huguenin,alzheimer
Plus qu'un témoignage sur ce fléau du XXIème siècle, Alzheimer mon amour est un roman truffé d'allusions littéraires, au style à la fois alerte et pudique, dans lequel vibrent à chaque page la puissance d'un amour et la résolution hors norme d'une femme.
Mais les soignants  et les proches des malades ne sont pas oubliés pour autant, car eux aussi sont les "victimes collatérales" à des degrés divers, de cette maladie. Les mots de Daniel se font également entendre et les citations de ses poèmes trouvent une résonance étrange avec les événements  qui sont advenus.
On ne peut qu'être remué de fond en comble par ce livre qui touche à nos peurs les plus indicibles ( livre dont j'ai quasiment corné toutes les pages ). S'il fallait ne retenir qu'un phrase, peut être garderais-je celle-ci : "Notre incapacité à ne pas entrer en contact avec ces malades ne signifie pas forcément qu'ils n'ont plus de vie intérieure, de sentiments, de sensations."

Alzheimer mon amour, Cécile Huguenin, Editions Héloïse d'Ormesson 2011, 119 pages à laisser résonner en nous.

30/05/2011

Au bureau

"Au fond, écrit Jean, on tâche de continuer à vivre la vie du dehors, bien qu'au dedans. Comme si du dedans on n'allait plus sortir."

Le travail, il n'en sera pas beaucoup question dans Au bureau. Il semble d'ailleurs y en avoir peu dans cette administration jamais nommée où les employés paraissent  plus occupés effectivement à poursuivre leur vie de l'extérieur à l'intérieur de ces bâtiments où , séparés par des coursives, les gens des différents services se connaissent mal ou si peu.nicole malinconi
Certains d'entre eux pourtant ne resteront pas anonymes et un chapitre leur sera consacré, mettant ainsi au jour des histoires d'amour avortées avant que de naître ou des secrets plus ou moins lourds à porter. Tout est ici à la fois de l'ordre de l'infime , du trivial et pourtant de l'universel et de l'humain dans ce qu'il a de plus sensible. Un microcosme où se donnent à lire tour à tour tragédies et romances. Une analyse très fine du temps passé au travail et des relations humaines. Une mention particulière pour le personnage de Jean  qui, amené à prendre sa retraite anticipée va prendre le temps d'écrire pour mettre à plat tout ce temps qui brusquement va s'offrir à lui, plus tôt que prévu...

Au bureau , Nicole Malinconi, L'aube poche 2010, 111 pages bien plus agréables que le bureau...

Merci Cuné ! nicole malinconi

29/05/2011

London boulevard

 ken bruen

"Avec du pèze, je serais carrément dangereux."


London boulevard,  pastiche du film de Billy Wilder, Sunset Boulevard, met en scène un homme qui sort de prison et qui, malgré quelques accrocs, essaie de se tenir du bon côté de la loi. Flanqué d'une soeur déjantée et d'une patronne , ancienne star du théâtre qui vit dans un univers totalement protégé et factice, il a fort à faire pour satisfaire ces deux femmes jusqu'au jour où la machine va s'emballer...
"Il peut arriver que ce qu'on a pris pour un minuscule événement isolé déclenche une série d'événements qu'on n'aurait même jamais imaginés. Nous croyons faire des choix, alors qu'en réalité nous ne faisons qu'assembler des bribes de conclusions préfabriquées." Nous ne pourrons pas dire que nous n'étions pas prévenus mais tout l'art de Ken Bruen est de nous plonger dans un univers confortable, dans la mesure où nous retrouvons des figures déjà rencontrées :le repris de justice qui sort de prison, le vendeur de journaux aux pieds froids (même pas le temps de lui acheter de chaussettes rouges comme ici) et paf, au moment où nous sommes bien anesthésiés, Bruen nous envoie un uppercut (ou pire).
Musiques de jazz, palanquées de références de romans policiers-nous croiserons même James Ellroy venu faire une lecture de son dernier roman- accompagnent le héros dans sa quête d'un univers un peu plus chaleureux, même s'il feint de de ne pas y attacher d'importance...
Le style est incisif, efficace et rapide. Ce roman se dévore et vous remet le pied à la lecture !

Sur nos écrans en juin.

28/05/2011

Zola Jackson

"L'eau n'allait pas manquer, ça non. L'eau croupie, l'eau corrompue, la pourriture."

Août 2005, delta du Mississipi, l'ouragan Katrina s'abat sur la nouvelle-Orléans. Zola Jackson, modeste institutrice à la retraite, refuse de quitter sa maison et organise sa survie et celle de sa chienne, Lady. Elle n'en est pas à sa première tempête et il n'y a pas grand chose qui lui fasse peur. Mais voilà les digues se rompent et l'eau envahit la ville... En attendant les secours, Zola remonte le temps et évoque sa vie et celle de son fils unique et adoré, Caryl.41WofHELhqL._SL500_AA300_.jpg
Alternant passé et présent, dans une construction habile qui amène progressivement des révélations poignantes sur cette femme pugnace et chaleureuse, Gille Leroy brosse aussi le tableau apocalyptique et charnel de cette Nouvelle-Orléans sous les eaux. Il pointe également au passage les insuffisances et les incompétences des autorités de l'époque  ainsi que l'exploitation éhontée de la catastrophe par les médias.
Une écriture très juste, un souffle puissant , qui ne verse jamais dans le pathos mais qui m'a mis les larmes aux yeux. Zola Jackson et Lady, je ne les oublierai pas de sitôt !

27/05/2011

L'amour des Maytree

"Quand même, le nombre de vies qu'on vit !"

Parce que...

-Les romans d'amour, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé.

-Ayant beaucoup aimé Pélerinage à Tinker Creek (que l'on pourrait ranger dans la catégorie Nature Writing), a-do-ré En vivant en écrivant (depuis 1997 sur mon étagère des indispensables), qui sont tout sauf des romans , j'appréhendais un peu la lecture de L'amour des Maytree.annie dillard,amour,temps qui passe

Imbécilebête que j'étais ! Je me suis refusé pendant 3 ans un plaisir subtil ! En effet , Annie Dillard est aussi à son aise dans le domaine de l'essai que dans le romanesque.
Sur une trame en apparence toute simple, un couple qui se forme, un enfant qui naît, les amis, le flux et le reflux de l'amour, le passage des ans, Annie Dillard nous peint avec délicatesse la vie même.Ses personnages, dont on a envie d'emboîter le pas , ne se comportent jamais comme on pourrait s'y attendre. La grâce et l'harmonie, malgré les écueils, règnent en maître, tant dans les paysages décrits (ceux du Cape Cod) que dans le récit. Je me suis tout de suite nichée au creux de ce roman lumineux et puissant dont j'ai allègrement corné de nombreuses pages. Un roman qui flirte avec la poésie et enchante la vie.

L'amour des Maytree, Annie Dillard, traduit de l'anglais (Etats-unis) par Pierre-Yves Pétillon, Christian Bourgois 2008, 274 pages qui vont rejoindre vite fait En vivant, en écrivant sur ma "fameuse" étagère des indispensables.

26/05/2011

Les yeux au ciel

Pour fêter l'anniversaire du patriarche, toute la famille se réunit en Bretagne dans la vieille maison où autrefois ils passaient leurs vacances. Souvenirs, souvenirs. Mais aussi blessures mal cicatricées , rivalités et alliances d'autrefois , toujours à l'ordre du jour, sans oublier un drame, soigneusement refoulé ,que la nouvelle génération va contribuer à débusquer.karine reysset,fratrie
Rien de tel qu'une réunion de famille, quel qu'en soit le prétexte, pour radiographier les relations entre les uns et les autres. Karine Reysset, sur un motif classique , joue ici une jolie partition, sans grain de sable cependant, ce qui rend le tout un peu trop lisse à mon goût.
Lena, jeune mère de famille harassée, tiraillée entre l'amour de ses enfants et la nécessité de souffler un peu reste trop sage dans ses bouffées d 'exaspération. On aimerait qu'elle se lâche un peu plus . Il n'en reste pas moins qu'on passe un très agréable moment avec ce roman.

Les yeux au ciel, Karine Reysset, Editions de l'Olivier, 190 pages pleines de bienveillance.

 

Merci Antigone !

25/05/2011

Le cortège de la mort

Et pourtant je l'avais attendu des mois à la médiathèque,ce Cortège de la mort ! Toujours emprunté ! Bon signe, non ?
J'avais hâte de savoir si Linley s'était remis du décès de sa femme et si le sergent Havers était toujours aussi mal fringuée et mal embouchée. Bref, j'avais envie de retrouver des personnages-amis , familiers et confortables, de prendre de leurs nouvelles.
Las ! Ils n'ont guère évolué jusqu'à la page 468 où j'ai baissé définitivement les bras. ça ronronne gentiment, le moteur crachote même un peu, on se surprend à feuilleter des pages en espérant un déclic mais non. elisabeth george
L'intrigue ? à part nous faire découvrir un superbe endroit où les poneys paissent en liberté (Elisabeth George aurait-elle été subventionnée par l'office du tourisme de New Forest Hampshire ? En tout cas, le lecteur amateur de verdure n'a qu'une idée: s'y rendre prestissimo ! ), elle m'a plutôt fait bâiller car inutilement tarabiscotée et ne présentant guère d'intérêt. Je n'ai même pas regardé qui était l'assassin, c'est dire !
Le seul intérêt de ce roman est de présenter, en plusieurs parties disséminées dans les 651 pages, aisément répérables car ayant une police de caractères différente, un récit s'inspirant très fortement de l'horrible faits-divers qui avait bouleversé la Grande-Bretagne : celle de ces assassins mineurs qui s'en étaient pris à un très jeune enfant... de  quoi vous flanquer des frissons. J'avoue d'ailleurs ne pas avoir réussi à lire la description du meurtre. Le rapport avec l'intrigue principale ? Je l'ignore encore. Peut être E. George voulait-elle présenter un panorama  de la société anglaise et des formes de violence qui s'y exercent.

à réserver à ceux qui n'avaient pas lus les précédents romans ?

24/05/2011

Les rillettes de Proust

 

Si le sous-titre vous promet" 50 conseils pour devenir un écrivain", l'auteur , dans sa préface vous propose même d'obtenir grâce à cet ouvrage le label GRANTECRIVAIN. Rien de moins !thierry maugenest,50 conseils pour devenir un écrivain
Mais c'est surtout à une promenade attentive et malicieuse que nous convie Thierry Maugenest qui prend un malin plaisir à souligner les bourdes d'auteur par ailleurs reconnus  ,mais aussi à nous prouver par l'exemple l'importance de ce qu'il faut faire ou pas. Et les démonstrations sont on ne peut plus probantes !
On ne soulignera jamais assez l'importance du choix des prénoms des héros de roman et la réécriture d'un passage de Madame Bovary ,dont les héros sont respectivement devenus Ricky et Loana, prend tout à coup des accents harlequinesques du plus beau kitsch !
Quant aux Rillettes de Proust , elles donnent un aspect beaucoup plus rustique au texte proustien que la fameuse madeleine !
Un recueil où les profs pourront aussi piocher du réconfort les soirs de grande lassitude : non leurs élèves ne sont pas les seuls à écrire des horreurs syntaxiques: certaines sont même été éditées !

Les rillettes de Proust, Thierry Maugenest, Points, collection les goût des mots, 113 pages pour 5 euros, un petit plaisir à (s') offrir garanti zéro calorie.

23/05/2011

La vie très privée de Mr Sim

"On ne vous donne que l'illusion du choix, c'est tout."

C'est à un double voyage que nous convie Mr Sim : une épopée moderne et dérisoire (aller à l'extrémité la plus septentrionale de la Grand-Bretagne pour vendre des brosses à dents écologiques) où l'aventure est totalement balisée par les satellites et autres objets de communication qui nous situent dans l'espace et un voyage dans le temps qui va l'amener à revisiter son passé.
Pélerinage ? Pas tout à fait car à chaque étape , des vérités dérangeantes se font jour sur ses proches (pas si proches d''ailleurs) et sur lui même.joinathan coe,mondialisation,uniformisation solitude
Alors , il se raccroche à la voix de féminine de son GPS, seul bouée de secours dans un monde en plein changement, où règne une uniformisation qu'il juge réconfortante et où la solitude est de plus en plus aiguë.
Looser magnifique Mr Sim ,et attachant par dessus le marché, qui n'hésite pas à reconnaître ses faiblesses dans un univers où l'artifice est de mise, un monde qui repose sur du vent.
Les pirouettes sont nombreuses dans ce roman qui brosse un portrait juste et acide de notre époque et qui ne sacrifie pas l'art du récit à la démonstration virulente. Une parfaite réussite !

La vie très privée de Mr Sim, Jonathan coe, traduit de l'anglais par Josée Kamoun, Gallimard 2011, 449 pages à dévorer cul sec !

Raflé à la médiathèque au nez et à la barbe de M !:)

Le billet de Cuné qui m'avait donné envie de le lire.

Celui de Sassenach qui vous enverra vers plein d'autres !

L'avis de Brize.

22/05/2011

Mister Hugh Lurie et Dr House

"Ce salopard est le meilleur médcin que nous ayons."

C'est dimanche, c'est permis...Bon c'était plutôt samedi à la médiathèque, où après avoir raflé une nouveauté de justesse (promis, je t'envoie un courriel, M., dès que j'ai terminé ce roman que tu étais si déçu de ne pas avoir vu avant moi , le privilège de porter des lunettes sans doute !) , je me suis emparé d'un document que je n'aurais sans doute jamais acheté ni en librairie, ni d'occasion d'ailleurs mais là mon côté midinette pouvait se donner libre cours alors...mark lucas,dr house,hugh laurie
Grâce à Cuné, j'ai découvert il y a quelques saisons Dr House et comme lui gobe ses comprimés de vicodine , je gobe ses "houseries" avec bonheur ! J'en ai retrouvé quelques unes glanées au fil de ma lecture (mais difficiles à replacer sauf peut être celle-ci : "Vous sentez? Je crois renifler le parfum de l'hypocrisie."). Sinon rien  de bien neuf sous le soleil, un doc classique, biographie, filmographie, et enfin réflexions de Laurie sur son personnage .Mais un excellent moyen pour ceux qui comme moi ont pris la série en route de faire le point et d'envisager les saisons dans la continuité. Plus qu'une (soupirs !).
Petit bémol : Mark Lucas aurait pu se dispenser de ses réflexions "humoristiques" qui neuf fois sur dix tombent à plat.
Précisions: quelques photos dont certaines pas du tout indispensables...(celle avec le top modèle estonien nue sous une combinaison de cuir ultra moulante, bon c'était pour la Croix Rouge mais quand même ...)*

*Nan je suis pas jalouse, y en marre des clichés sexistes !

Emprunté donc à la médiathèque.