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30/04/2011
La femme de Robbie
"Vous ne savez pas à quoi je ressemble, Jack Stone."
Jack Stone, la soixantaine bien sonnée, se réfugie dans la campagne anglaise, espérant ainsi renouer avec l'inspiration qui lui permettrait enfin d'écrire un scénario acceptable par un studio californien.
La pluie, la boue vont-elles l'inspirer ? Pas sûr. Par contre La femme de Robbie , le fermier qui l'héberge va vite devenir sa muse et sa maîtresse.
Il ne pourra pas dire qu'il n'avait pas été prévenu , Jack, mais il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre...
L'atmosphère anglais est magistralement rendue, on patauge dans la boue avec Jack l'homme et on rassemble les moutons avec Jack le chien de berger. Les personnages sont intenses et échappent à tout stéréotype mais le récit prend soudain une tonalité discordante, moralisatrice et pesante, qui n'a rien à voir avec cette situation jusqu'alors toujours sur le fil du rasoir. Dommage.
Merci Cuné !
La femme de Robbie, Russel Hill, Rivages Noir 2010, 303 pages arrosées de pluie et de bière.
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : russel hill
29/04/2011
Liliane, fais les valises
"Paf le subjonctif, pensa Liliane."
La fameuse injonction de Georges Marchais à sa femme est le point de départ qui a inspiré Jean-Bernard Pouy pour cette réjouissante satire , non pas du Parti Communiste Français , mais des colloques de Cerisy.
Si la trame du récit est en elle même bien légère , les coups de griffe donnés aux universitaires coupeurs de cheveux en quatre sont bien portés et les annexes font à elles seules le bonheur du lecteur. On y découvrira entre autres le point commun entre le grand Charles et le catch, sans oublier un traducteur bien particulier... Mon annexe chouchou ? Celle étudiant avec un immense sérieux la place du suppositoire dans le roman français, tout un programme !
Une nouvelle d'anticipation sociale (j'avoue avoir un peu zappé le côté anticipation de l'oeuvre : les livres papiers ont disparu de la surface de la terre) faisant partie d'une nouvelle collection ayant comme point de départ, je cite" La phrase qui s'installe dans la mémoire de chacun, car elle résume à elle seule un état de nos sociétés."Une jolie réussite !
Liliane , fais les valises, Jean-Bernard Pouy, Collection quelqu'un m'a dit ( !)Les éditions de l'atelier In8 2011, 60 pages grinçantes et cocasses.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans Humour, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean-bernard pouy
28/04/2011
C'est jeudi, c'est nostalgie
Sur une idée de Chiffonnette...
"D'un ami, on peut tout entendre...
Si on avait, pour les amours, la tolérance et la compréhension qu'on a pour ses amis, la vie à deux serait nettement plus facile..."
Et l'amour dans tout ça ? de Kriss Graffiti et Chantal Pelletier
Cité en exergue d'A coeur et à Kriss , Chantal Pelletier, Editions des Busclats 2011.
Un très joli projet: vingt-quatre rendez-vous le jeudi, jour sans école de leur enfance, pour évoquer celle qui fut son amie de longue date, que Chantal Pelletier appelle Doguina et que nous connaissions sous le nom de Kriss...
Une lecture à entamer un jeudi bien évidemment et un jeudi bien particulier puique c'est l'anniversaire de Cath !
Bon anniversaire, ma grande !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (6)
27/04/2011
La fourmilière
"Partir à l'aventure est vraiment éprouvant."
Au 33, Georgiana, à Londres, dans un immeuble délabré où le propriétaire ne pose pas de questions vient se réfugier Sam, un jeune fugueur de dix-sept ans . Il y fera la connaissance de Cherry et de sa fille de dix ans, Bohemia, dite Bo, comme lui locataires de fraîche date.
Le fillette a l'habitude de se débrouiller seule car, si sa mère l'aime vraiment, elle s'avère tout aussi incapable de gérer sa vie de manière responsable.
Souvent livrée à elle même, c'est tout naturellement que Bo va rechercher l'amitié de Sam et découvrir incidemment la raison de sa fugue.
Que voilà un livre attachant , avec des personnages bizarres mais chaleureux, qui ne moralisent pas mais essayent de s'entraider sans ostentation !
Jamais on ne sombre dans le sordide, même si les situations ne sont pas édulcorées, jamais l'auteur n'en fait des tonnes sur le motif de la fugue de Sam. A la limite, on en arriverait presque à l'oublier et quand la révélation se fait on évite , ô bonheur, toute guimauve !
De superbes évocations de la vie à la campagne, un style alerte et parfois poétique, une grande vérité psychologique et beaucoup de délicatesse, voilà les ingrédients qui font de ce roman une belle découverte !
La fourmilière, Jenny Valentine, traduit de l'anglais par Cyrielle Ayakatsikas, Ecole des Loisirs 2011, collection médium, 266 pages réjouissantes.
Marie a aussi aimé.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jenny valentine
26/04/2011
Une vie pleine / Mon histoire d'amour avec un homme et une ferme
"Concentrée sur la terre, j'étais fondamentalement plus heureuse."
Délaissant sa vie de parfaite citadine , plus Sex and the city que La petite maison dans la prairie donc, Kristin Kimball va devenir une presque parfaite fermière bio, n'ayant parfois même pas la force de se laver (d'où le titre original :The dirty life) et transformant un douillet cachemire noir en pull troué mais confortable pour aller traire une vache au petit matin.
Tout ça parce qu'elle est tombée amoureuse d'un agriculteur de première génération, Mark,et encore plus peut être d'une ferme mais aussi de tout ce que cela implique comme vie bien remplie car cela représente "un challenge infini." Cela n'ira évidemment pas sans mal mais avec beaucoup d'humour, Kristin nous relate ses aventures (qui aurait cru qu'une expérience de pom pom girl pourrait être de quelque utilité face à un taureau furieux ? !), soulignant au passage les difficultés d'ajustement entre elle et son amoureux concernant la gestion de l'exploitation , leurs erreurs mais aussi insistant sur la solidarité dont ils ont bénéficié.
Un portrait qui n'est en rien idyllique mais plein d'optimisme , une écriture fluide et pétillante (l'auteure avait écrit auparavant des guides de voyage) font de ce livre un véritable régal où l'on glanera au passage plein d'infos (j'ai ainsi appris que les premiers AMAP avaient vu le jour au Japon !).
Une vie pleine, Kristin Kimball, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Joëlle Touati, Fleuve noir 2011, 268 pages qui régaleront les amateurs de nature(l' histoire d'amour avec la ferme étant privilégiée et c'est tant mieux en ce qui me concerne!:))
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : kritin kimball, l'amour est dans le pré mais surtout pour le pré
25/04/2011
Souris qui n'a qu'un trou...
...est bientôt prise !
Agnès Pierron nous prévient d'emblée (nous ne pourrons pas nous plaindre!): "Vous avancerez , désormais, en terrain miné" car après la lecture de son Petit dictionnaire des expressions courantes d'origine érotique, nous traquerons le sens caché , le sous-entendu coquin , l'allusion leste dans l'expression imagée la plus anodine en apparence...
L'auteure en profite pour nous donner au passage des synonymes tout aussi métaphoriques des différentes parties du corps humain et, de manière plus générale, de tout ce qui a rapport avec les relations sexuelles, sans jamais pour autant tomber dans le graveleux. c'est aussi l'occasion de (re) découvrir des expressions ancienens en perte de vitesse et de leur redonner un nouveau lustre.
Que vous prépariez un coup fourré, enleviez à quelqu'un une épine du pied, fassiez chou blanc ou peigniez la girafe, vous n'y échapperez pas : les allusions sexuelles sont partout !
Souris qui n'a qu'un trou, Agnès Pierron, Balland 2011, Collection les Dicos d'Agnès, 126 pages à la fois lestes et savantes. Un régal !
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : agnès pierron, tout tout vous saurez tout sur...
23/04/2011
L'annonce ...en poche
Paul , quarante-six ans , paysan en Auvergne. Il vit depuis toujours ou presque en compagnie de sa soeur et de deux grands-oncles en quasi autarcie. Il ne veut pas finir sa vie seul.
Annette, trente -sept ans, a connu une histoire d'amour pleine de cris et d'alcool avec Didier. Sans métier, elle est prête à quitter Bailleul dans le Nord en compagnie de son fils, Eric, pour redonner un sens à sa vie.
Faisant la jonction entre les deux, une petite annonce.
Le roman de Marie-Hélène Lafon commence par un magnifique description de la nuit dans le Cantal et d'emblée le lecteur sait qu'il est captif. Cet homme qui veut "faire maison", cette femme qui sait qu'elle devra faire face à une quasi guerre de tranchées mais qui va petit à petit s'ajuster autant au paysage qu'au corps de cet homme, à sa vie même, nous ne pouvons plus les lâcher des yeux. Ils sont là devant nous et ce récit qui malmène la chronologie sans que pour autant nous perdions le fil, nous mène, tout en délicatesse à ce qui va devenir sans que jamais le mot soit prononcé une histoire d'amour.
Tous les personnages, y compris la gourmande et futée chienne Lola, prennent une densité intense quand l'auteure nous les montre dans leur quotidien. Ah la lecture du journal"La Montagne" par la soeur Nicole, Nicole farouchement décidée à conserver ses prérogatives, fût ce dans les détails les plus anodins...Ah la quasi vénération du magazine Thalassa "auquel les oncles convertis par elle vouaient une sorte de culte confinant à l'idolâtrie, pratique d'autant plus incongrue que Nicole, pas plus que les oncles , n'avait jamais vu la mer et n'en manifestait ni le désir ni le regret." La maison, théâtre de luttes sourdes mais jamais sordides, elle même devient un personnage.
Rien de superflu dans ce texte qui s'élance en amples envolées, supprimant au passage quelques virgule superfétatoires, pour mieux rendre compte de la vie, tenace, qui se donne à voir à l'oeuvre.
C'est l'amour d'un pays et de ses habitants qui donne toute sa saveur à ce roman qui nous prend par la main et ne nous lâche plus.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : marie-hélène lafon
22/04/2011
La passerelle...en poche
"Il fallait bien vivre, ne serait-ce que par politesse."
Fraîchement débarquée de sa campagne du Midwest, la toute jeune Tassie ( vingt ans) découvre avec avidité la ville, l'université et ce qu'elle croit être l'amour. Comme job d'appoint, elle devient baby-sitter pour un couple de ce que nous Français appellerions des bourgeois bohèmes qui vont adopter une enfant métisse, Mary- Emma.
La situation paraît idyllique mais rapidement la belle image va se craqueler. D'abord parce que Tassie va découvrir le racisme larvé dans cette petite ville de Troie qui se dit progressiste. Ensuite parce que le couple cache un secret qui va bientôt refaire surface.
En contrepoint de ces désillusions progressives, Tassie doit aussi composer avec une famille aimante et néanmoins atypique. De toutes façons quelle famille conviendrait à celle qui se tient au bord de l'âge adulte ? L'insouciance de Tassie qui admire sa patronne et enregistre avec passion tout ce qui lui paraît d'une sophistication extrême va bientôt céder la place à une dépression qui ne dira pas vraiment son nom.
De pétillant et plein d'esprit, le récit glisse dans un registre plus poignant, sans tomber dans le pathos, et le désenchantement de la jeune fille va bientôt prendre une portée plus grande encore et rejoindre une désillusion nationale. Le 11 septembre mais surtout l'Afghanistan ont laissé leurs séquelles empoisonnées...
C'est avec bonheur que j'ai retrouvé dix ans après sa dernière parution en français, le style imagé et vif de Lorrie Moore. Elle embarque son lecteur, l'étourdit un peu mais c'est pour mieux le cueillir d'un direct au plexus quand il ne s'y attend vraiment pas par une scène qui broiera le coeur de toute mère. Des retrouvailles réussies,le nombre de pages cornées peut en témoigner.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : lorrie moore
21/04/2011
C'est jeudi, c'est philosophie
Sur une idée de Chiffonnette ...
ayant subi l'influence de la tentatrice Dominique, j'ai évidemment craqué sur une mine de citations potentielles: Dans un livre , j'ai lu que ...
"Dans un livre, j'ai lu que Schopenhauer se méfiait de la lecture: "Lire c'est penser avec le cerveau d'autrui." Très bien . mais dans ces conditions , lire Schopenhauer, c'est quoi ? "
Je ramasse les copies tantôt !
06:00 Publié dans Extraits, Humour | Lien permanent | Commentaires (3)
20/04/2011
Le voyage de Mémé
"Elle essayait de comprendre la France et Paris."
Ce n'est même pas sa grand-mère préférée mais c'est avec beaucoup de tendresse et d'humour que Gil Ben Aych nous relate cette traversée de Paris d'un nouveau genre.
La famille de l'auteure a quitté l'Algérie en 1956 et a eu le temps de s'habituer à un nouveau mode de vie (ce que raconte l'auteur dans L'essuie-mains des pieds). il n'en est pas de même pour Mémé qui vient, en 1962 de débarquer en france et se voit contrainte de déménager de Paris à Champigny. Une vingtaine de kilomètres qui vont devenir une véritable épopée car Mémé "ne pouvait prendre ni voiture, ni taxi, ni bus, ni métro, ni rien. Elle pouvait marcher, c'est tout. " Le voyage sera d'autant plus mémorable que la dite grand-mère se "croyait encore à Tlemcen. Elle n'avait pas vraiment compris qu'on était à Paris". Et Mémé de saluer tous les gens dans la rue, de s'offusquer des mini jupes et des femmes qui fument dans la rue...
Mais ce qui fait aussi la saveur de ce récit c'est l'oralité de la langue car Gil ben Aych restitue la manière de parler de sa grand-mère , ponctuée de " t'y as raison", de "mon fils" et mâtiné de mots arabes. On l'entend cet accent pied-noir ! En chemin, la grand-mère évoque son passé, son mariage de raison devenu mariage d'amour, se repose, savoure le temps qui passe, s'étonne beaucoup, découvre un univers qui n'a rien à voir avec le pays qu'elle a quitté il y a peu mais qui lui manque déjà cruellement...Une manière de faire comprendre avec délicatesse le déracinement...
Un classique de la littérature jeunesse réédité en 2011 par l'Ecole des Loisirs, Le voyage de Mémé, Gil ben Ayach, 93 pages tendres.
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gil ben aych