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12/09/2010
Retour aux mots sauvages
"Il a eu du mal au début: la parole contre le silence, la bouche contre la main, c'est un drôle de combat."
Cela aurait pu être pire, il aurait pu connaître le chômage. Et même s'il faut changer de prénom, endosser une autre identité pour les clients de la plate-forme téléphonique, devenir ce Eric qui va lire sur un écran des formules toutes faites, des mots calibrés, soigneusement pesés, l'ancien électricien devenu téléopérateur a eu de la chance: il est tombé sur une équipe sympa, où le chef a su garder humanité et compassion. Pourtant les suicides commencent à ne plus pouvoir être cachés au sein de cette entreprise qui ne sera jamais nommée. Comment ne pas se faire broyer par le travail? Comment revenir aux mots sauvages, aux mots libres, ceux de la vie non formatée ?
Thierry Beinstingel dresse un constat glaçant du monde de l'entreprise en prenant le point de vue d'un nouvel arrivant , doublement incongru car lui c'était avec ses gestes précis et efficaces qu'il se sentait réellement utile, non avec des mots creux qu'il faut savoir manipuler au gré des campagnes de vente.
En lisant ce roman, le lecteur ressent physiquement le malaise du narrateur dépossédé de son savoir, et de longues coulées de noms viennent accentuer cette impression. Un roman qui fait froid dans le dos mais qui témoigne aussi de l'humanité qui se niche dans les endroits les plus arides.
Retour aux mots sauvages, Thierry Beinstigel, Fayard, 295 pages nécessaires.
08:10 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : thierry beinstingel, souffrance au travail
Commentaires
Bon dimanche Cath !
Écrit par : BelleSahi | 12/09/2010
Bon dimanche à toi aussi, Belle!:)
Écrit par : cathulu | 12/09/2010
Bizarrement, tous ces romans qui parlent de l'entreprise ne me tentent pas du tout...
Écrit par : papillon | 12/09/2010
Pas vraiment tentée, le monde du travail non merci/ Bon dimanche Cath.
Écrit par : ptitlapin | 12/09/2010
Ah ben mince, mon premier commentaire n'est pas passé ce matin... Je l'ai noté ce titre. La manière dont tu en parles sans doute ;o).
Écrit par : antigone | 12/09/2010
Cà m'intéresse, je suis bien tentée aussi par "nous étions des êtres vivants" de Nathalie Kuperman, un peu sur le même thème.
Écrit par : Aifelle | 12/09/2010
Papillon, hé bien moi au contraire je suis très curieuse de voir ce qui se passe dans les entreprises:)
Bonne fin de dimanche , Ptitlapin !
Antigone, en faisant le choix de ne pasparler directement des suicides, l'auteur a trouvé le bon angle je trouve.
Aifelle, le Kuperman me tente aussi !:)
Écrit par : cathulu | 12/09/2010
Ça me minerait ce livre, c'est certain... j'essaie d'être polie avec tous ces pauvres vendeurs par téléphone, en y laissant le moins de temps possible, mais je les plains.
Écrit par : Ys | 12/09/2010
En fait, Ys, là ce sont les clients qui appellent pour changer leur contrat ou pour un problème.
Écrit par : cathulu | 12/09/2010
Plutot tentee mais il faudrait trouver le bon moment pour le lire...
Écrit par : L'Ogresse | 18/09/2010
L'ogresse, il n'est pas trop démoralisant,l'humanité contrebalance la violence du monde du travail.
Écrit par : cathulu | 19/09/2010
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