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13/07/2010
Un petit boulot
"Je ne suis pas plus fêlé que le voisin , simplement plus décidé."
La crise a frappé la petite ville américaine où habite Jake . Le voilà au chômage,endetté et sans petite amie. La proposition du bookmaker local d'effacer ses dettes en échange de l'assassinat de sa strip-teaseuse de femme va transformer radicalement non seulement la vie de Jake mais aussi et surtout sa vision de la société : "L'économie c'est la souffrance, les mensonges, la peur et la bêtise, et je suis en train de faire une niche."
Cette transformation d'un travailleur consciencieux et honnête en tueur à gages est à la fois hilarante et très noire. Jake le constate lui-même : "Vérifier et revérifier sans répit, surveiller impérativement chaque détail.L'usine m'a formé pour ça." Il va simplement appliquer cette compétence à un tout autre domaine.
On jubile en découvrant les péripéties des aventures de cet apprenti tueur qui fustige au passage l'hypocrisie d'une société où chacun cherche à tromper l'autre et où les travailleurs honnêtes se font licencier sans vergogne par des gens qui cherchent à faire des économies. Déshumanisation d'un côté, tentatives desespérées de l'autre pour surnager, pour redonner un peu de moral aux chômeurs, comme ce patron de bar qui organise vaille que vaille des concours de fléchettes pour réinsuffler un peu de joie dans une ville en train de mourir, un portrait lucide mais très drôle d'une société en pleine déliquescence.
Un petit boulot, Iain Levison, traduit de l'américain par Fanchita Gonzalez Battle, Liana Levi 2003. Sorti en poche, 211 pages magistrales.
Emprunté à la médiathèque.
L'avis d'Amanda qui vous mènera vers plein d'autres
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : iain levison
12/07/2010
Celui qu'on ne voit pas. (dans sa PAL)
"Il ne voulait probablement pas se promener en ville une hache sous le bras."*
Une île suédoise séduisante, Gotland. Un tueur en série qui sévit à la veille des vacances et risque de compromettre la saison estivale. La pression est lourde sur le commissariat.
Certainement pas sur le lecteur qui lit sans déplaisir ce roman facile mais qui peine à instaurer un quelconque suspense.
L'auteure semble nettement plus à l'aise pour peindre en quelques lignes des portraits de femmes , (femmes avec lesquelles nous n'aurons guère le temps de faire plus ample connaissance, c'est la loi du genre ) et semble ne pas avoir su trancher entre le roman à l'eau de rose et son vocabulaire adéquat, "l'exquise collection de spiritueux et de shakers sur une étagère", "Une élégante chaîne hi-fi" et une intrigue parfois naïve (voir la citation donnée en titre).
On va paresseusement jusuq'au bout et on oublie aussitôt.
*Phrase qui m'a aussitôt fait penser à cet exemple de Jean-Louis Fournier dans l'un de ses manuels impertinents: "Pardonnez-moi, je suis pressé, je vais assassiner ma mère."
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mari junstedt
10/07/2010
Winter
"J'ai appris des choses tout au long de cet hiver, de cette saison des rêves, et j'en ai oublié d'autres, de vieilles choses dont je n'aurai plus besoin désormais."
L'écrivain Rick Bass et sa compagne dénichent un travail de gardiens de propriété, ce qui leur permet de réaliser leur rêve: s'installer dans un coin reculé du Montana, en plein hiver.
L'expérience, qui sidère leurs familles respectives, s'avère passionnante et très enrichissante tant par la confrontation avec la nature qu'avec l'adaptation aux moeurs des autochtones."Il peut arriver n'importe quoi.", tout peut basculer et rien ne vaut cet exil volontaire dans un cadre à la fois magnifique et potentiellement dangereux pour en prendre conscience. de quoi réfléchir pour ceux qui voudraient se lancer dans l'aventure...
Pour reprendre les mots de Madame de Sévigné concernant le printemps en les adaptant à l'expérience de ce livre: Si vous voulez savoir ce que c'est qu'un hiver, il faut venir à Rick Bass !
Un livre qui séduira tous les amoureux de Nature Writing, et j'en fais bien évidemment partie !
Winter, Rick Bass, traduit de l'américain par Béatrice Vierne, Folio 2010, 261 pages crissantes de neige et crépitantes de feu de bois.
"un bain de fraîcheur" pour Papillon.
Pickwick a été un peu moins séduite.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : rick bass
09/07/2010
La Bar-Mitsva de Samuel
Titre à lire à distance des repas, je vous aurais prévenus.
"Elles étaient tellement vieilles que la seule jeunesse qu'on pouvait voir en elles, c'était en les imaginant en pouponnières à asticots".
Je croyais apprécier l'humour noir et l'ironie mordante mais La Bar-mitsva de Samuel vient de me démontrer que j'avais des limites.
En effet, ce récit de la vie d'une jeune juif français exilé contre son gré au Canada entre une mère qui ne l'aime pas (mais a su l'enlever à son père , resté en France) et un beau-père des plus effacé ne m'a laissé aucun espace pour respirer.
C'est un univers d'une noirceur quasi absolue, où la violence est banalisée (en particulier celle faite aux femmes) très cru, avec un langage ordurier (les femmes ne sont que des c...et on les espère vicieuses dès le plus jeune âge), où les personnages ne semblent capables d'aucune empathie.
Quant à la vision du Canada, elle est au diapason de ce qui précéde. On me dira que c'est ici la vision outrée d'un adolescent torturé par ses hormones mais bon, désolée, je ne compatis ni ne ris une minute.
06:00 Publié dans Lâches abandons, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : david fitoussi, humour très très noir
08/07/2010
Si Eve Volver apparaît dans une histoire le coup partira avant la fin
"-T'es maboule toi !
-J'suis la boule de personne !"
Un pied dans la réalité, un pied dans l'imaginaire, Eve Volver , six ans, nous raconte sa vie entre une grande soeur trop sérieuse, Victoria , et une petite, Loula, "capturée" juste après le séjour de maman à l'hôpital." C'est un moulin à paroles, et elle se fatigue elle-même à tant parler mais elle est diablement attachante cette Eve Volver même si on comprend parfois les réactions de son entourage...
Un énième récit à hauteur d'enfant ? Non, car Eve a une personnalité, une manière d'appréhender le monde qui se reflète dans le langage qu'elle emploie. Néologismes, calembours, syntaxe malmenée coulent de manière fluide et réinventent le monde.
Pas étonnant que sa famille soupire souvent et ne la comprenne pas toujours ! Le lecteur , lui, se régale car la tendresse, l'inventivité, la poésie et l'humour sont au rendez-vous.
Sans compter que, comme promis dans le titre, presque à la fin du récit, le roman bascule dans l'émotion pure sur un coup de tonnerre...
Glissez-vous avec bonheur dans l'univers d'Eve Volver sans plus attendre !
Si Eve Volver apparaît dans une histoire le coup partira avant la fin, Déborah Reverdy, L'école des Loisirs collection Médium, 238 pages qui fourmillent d'inventivité.
Un avant-goût : "Je pensais qu'à force de pas ranger mes affaires, au bout d'un moment elles retrouveraient la bonne combinaison de départ, comme le Rubik's Cube, et que je n'aurais pas à me casser la tête à remettre en ordre quoi que ce soit. Enfin j'y suis arrivée en conjuguant mes efforts au verbe vouloir. Après, comme j'avais les paupières qui s'enclumaient, j'ai rangé mon sac dans la soute pour bagages et je me suis assise au fond vers la fenêtre pour regarder le paysage se défiler."
Esmeraldae l'évoque ici.
Le blog de l'auteure.
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : déborah reverdy, enfance, émotion, humour
07/07/2010
4 ans* ...et toujours pas de cirage de pompes (funèbres ou pas)
Des découvertes à foison,
Une rencontre réussie ,
Des mails en pagaille,
Des enveloppes dodues,
Une PAL, une LAL et quelques SWAP,
Une disparition soudaine dans les limbes d'internet,
Des rendez-vous matutinaux,
Des livres hérissés,
Des livres cornés,
Des livres empilés,
Des livres voyageurs,
Des livres coups de coeur,
Des émotions,
Des coups au coeur,
Des surprises,
Beaucoup de clics et quelques claques,
Tout un joyeux bazar,
Tout un joyeux fatras qui me réjouit
Et j'espère que vous aussi car
C'est reparti pour un tour !
* noces de cire...
06:03 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (45)
06/07/2010
La mémoire courte / Le noir qui marche à pied
"Zondi était bien forcé d'admettre qu'il était un soldat d'élite, mais que le champ de bataille n'était plus à la mesure des hommes de bonne volonté."
Zondi est noir et sa qualité d'inspecteur lui permet de côtoyer toutes les couches sociales de cette Afrique du Sud qu'il "aimait de toute son âme et de ses tripes mais [...] détestait de toute sa tête."
Paradoxe qui court aussi bien dans La mémoire courte que dans Le noir qui marche à pied. Pas de politiquement correct en effet dans ces réflexions de l'inspecteur Zondi qui se déconnecte souvent de la réalité pour se lancer dans des analyses sur le fonctionnement de cette société qui se cherche et où l'égalité n'existe pas , même si ça n'a pas seulement à voir avec la couleur de la peau.
Les clichés existent de part et d'autres et ont la vie dure. Le décalage entre la vison des uns et la réalité des autres est immense : " Zondi était fasciné par le témoignage naïf de ce Blanc ignorant et primitif qui lui décrivait le monde où il avait passé toute son enfance comme un cloaque sale et inquiétant, truffé de pièges et de bandes rivales alcooliques qui auraient passé leur temps à s'entreégorger et à se dépouiller. Pour lui Soweto avait toujours été "la maison"; l'endroit où il y avait le sourire de son père et de sa mère, son école primaire et la boutique où il allait chercher du pain ou des petits sachets de thé quand sa mère l'envoyait faire des courses."
Chacun en prend pour son grade, aussi bien les Blancs qui se terrent dans leur villas bunkérisées que les Noirs qui se veulent des assistés permanents...
Et les intrigues dans tout ça ? Amateurs d'analyse de poils de nez et de raclures d'ongles ou de scénarios au cordeau, passez votre chemin ! Nous ne sommes pas dans une série américaine, comme les répètent à plusieurs reprises notre héros , même si lui même sacrifie un peu à la thématique obligée du bel homme qui fait passer son boulot avant une histoire de couple qu'on sent dès le premier volume vouée à l'échec.
Les intrigues naviguent entre violence extrême et relations bon enfant entre flic et voyous, passant d'un aspect à l'autre avec un naturel déconcertant. On se croit chez Maigret et on bascule chez Thilliez.
Le plus surprenant étant peut être que l'auteur, Sud-Africain d'expression anglaise écrit directement en français, un français hérité de ses ancêtres huguenots et protège soigneusement son identité afin de garder sa liberté de parole.
Une découverte décapante. Deux romans parus initialement chez Phébus et sortis chez Points Seuil.
A lire dans l'ordre pour profiter de l'évolution du personnage.
Laurent, ils sont pour toi ! Je te les apporte ...bientôt !
06:01 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : louis-ferdinand despreez, afrique du sud
05/07/2010
Le club des caméléons
"Mon copain Théodore était noir, mais je ne le savais pas."
Le club des caméléons est un drôle de livre , une galerie de portraits, où se côtoient, en vrac et entre autres, Isidore, André (probablement le seul homme au monde à être allergique au rouleau de papier peint qui se déroule, ce qui est ma foi fort gênant quand on travaille pour une entreprise de "plâtrerie-peinture-décoration"), Parrain, chacun dans leurs genres de drôles de loustics que l'auteur a fréquentés plus ou moins longuement dans sa jeunesse.
Le recueil s'ouvre sur un texte intitulé "Youki" et dès la première phrase, j'ai su que j'étais cuite ! Ce chien minuscule qui se prenait pour un molosse et qui "aboyait pour un oui pour un non, le plus souvent en plein milieu de la nuit, afin de nous signifier qu'on pouvait dormir tranquilles car le chien montait la garde, du fond de sa panière." m'a tout de suite fait glousser et ce n'était que le début !
En effet, Milan Dargent nous propose de magnifiques et souvent très drôles "exercices d'admiration" aussi hétéroclites que réussis consacrés à Jean-Paul (Belmondo)-un régal du début à la fin-, Eddy (Merckx), mais surtout Lou ( Reed) , celui qui chamboulera sa vie.
Un seul prénom féminin au milieu de ce monde presque cent pour cent masculin, une histoire d'amour finie avant que de commencer, racontée très pudiquement car on a beau avoir été membre fondateur du Club des caméléons , club qui prônait le désordre , crevait les pneus et versait des sucres dans les réservoirs d'essence , on n'en est pas moins sensible...
Un livre tendre et drôle qui se lit très vite mais fait beaucoup de bien aux zygomatiques !
Le club des caméléons, Milan Dargent, Le dilettante 2009 , 159 pages qui donnent envie d'en lire plus !
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : milan dargent, humour, nostalgie
02/07/2010
Une parfaite journée parfaite
"Moi j'ai un grand appartement parce que j'aime bien marcher les bras écartés."
Si vous avez aimé le roman (ou le film) Harold et Maude, alors vous devriez apprécier Une parfaite journée parfaite.
En effet, même si l'atmosphère est totalement différente-délicieusement british chez Higgins, à la fois plus clinique et ludique chez Page, on retrouve le même humour noir avec ce personnage qui ne cesse de se suicider de manière complètement abrupte et systématique.
On pense aussi à l'univers de Boris Vian dans L'écume des jours avec ce requin qui vit à l'intérieur du personnage principal, ou comme le souligne lui-même l'auteur dans sas postface au film Un jour sans fin.
Autant de références pour réaffirmer que" la seule planche de salut du héros consiste à rejoindre la fiction. C'est une source de chaleur et devie sur laquelle on peut compter."
Puisque Martin Page nous donne gentiment les clés de son univers autant ne pas se gêner : "Une parfaite journée parfaite est un roman sur le désespoir mais aussi sur les mécanismes compensatoires à mettre en oeuvre pour ne pas sombrer: la création, l'humour et la musique." De bien séduisants remèdes . A prendre ou à laisser. Je me suis régalée !
Une parfaite journée parfaite, Martin Page, points seuil 2010, 112 pages de jais. (noires et brillantes).
Merci Lou (qui elle n'avait pas aimé mais lui avait laissé sa chance , la preuve ! et vous emmènera vers plein d'autres lecteurs séduits .
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : martin page
01/07/2010
La sexygénaire n'a pas dit son dernier mot
Elle a beau le répéter à longueur de temps, l'amour pour elle c'est fini, on se doute bien qu'elle craquera un jour ou l'autre. Elle ? Marie, une fringante et toute fraîche sexagénaire doté d'un chat, d'un fils et d'une belle-fille qui vont bientôt la rendre grand-mère, sans oublier une jeune invitée française à demeure.
Marie se rebiffe contre les idées toutes faites concernant la vieillesse. Pas question pour elle d'apprendre une langue étrangère ou de partir crapahuter à l'autre bout du monde ! Elle aborde la soixantaine avec enthousiasme mais aussi un peu de mélancolie.
Malgré son prénom, Marie est bien anglaise (merci d'avoir vérifié dans la VO Juliette !:) mais je n'ai pas trouvé dans ce livre l'impertinence que j'espèrais.
C'est sympathique en diable, sans prétention mais traduit à la truelle. Ainsi je ne connaissais pas les fleurs de cercueil mais plutôt celles de cimetière, les conducteurs ne me flashent pas mais m'adressent plutôt des appels de phares, sans oublier un fâcheux"Je relaxe sans dire un mot".
Remarquons au passage que le titre original est bien moins imagé que le français, n'est pas sexy qui veut !
Un roman qui ne révolutionnera pas la littérature, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande, à lire impérativement au soleil et quand on a dépassé la quarantaine.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : virginia ironside, nan j'ai pas encore soixante ans ! mais je me renseigne