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06/07/2010
La mémoire courte / Le noir qui marche à pied
"Zondi était bien forcé d'admettre qu'il était un soldat d'élite, mais que le champ de bataille n'était plus à la mesure des hommes de bonne volonté."
Zondi est noir et sa qualité d'inspecteur lui permet de côtoyer toutes les couches sociales de cette Afrique du Sud qu'il "aimait de toute son âme et de ses tripes mais [...] détestait de toute sa tête."
Paradoxe qui court aussi bien dans La mémoire courte que dans Le noir qui marche à pied. Pas de politiquement correct en effet dans ces réflexions de l'inspecteur Zondi qui se déconnecte souvent de la réalité pour se lancer dans des analyses sur le fonctionnement de cette société qui se cherche et où l'égalité n'existe pas , même si ça n'a pas seulement à voir avec la couleur de la peau.
Les clichés existent de part et d'autres et ont la vie dure. Le décalage entre la vison des uns et la réalité des autres est immense : " Zondi était fasciné par le témoignage naïf de ce Blanc ignorant et primitif qui lui décrivait le monde où il avait passé toute son enfance comme un cloaque sale et inquiétant, truffé de pièges et de bandes rivales alcooliques qui auraient passé leur temps à s'entreégorger et à se dépouiller. Pour lui Soweto avait toujours été "la maison"; l'endroit où il y avait le sourire de son père et de sa mère, son école primaire et la boutique où il allait chercher du pain ou des petits sachets de thé quand sa mère l'envoyait faire des courses."
Chacun en prend pour son grade, aussi bien les Blancs qui se terrent dans leur villas bunkérisées que les Noirs qui se veulent des assistés permanents...
Et les intrigues dans tout ça ? Amateurs d'analyse de poils de nez et de raclures d'ongles ou de scénarios au cordeau, passez votre chemin ! Nous ne sommes pas dans une série américaine, comme les répètent à plusieurs reprises notre héros , même si lui même sacrifie un peu à la thématique obligée du bel homme qui fait passer son boulot avant une histoire de couple qu'on sent dès le premier volume vouée à l'échec.
Les intrigues naviguent entre violence extrême et relations bon enfant entre flic et voyous, passant d'un aspect à l'autre avec un naturel déconcertant. On se croit chez Maigret et on bascule chez Thilliez.
Le plus surprenant étant peut être que l'auteur, Sud-Africain d'expression anglaise écrit directement en français, un français hérité de ses ancêtres huguenots et protège soigneusement son identité afin de garder sa liberté de parole.
Une découverte décapante. Deux romans parus initialement chez Phébus et sortis chez Points Seuil.
A lire dans l'ordre pour profiter de l'évolution du personnage.
Laurent, ils sont pour toi ! Je te les apporte ...bientôt !
06:01 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : louis-ferdinand despreez, afrique du sud
Commentaires
Je vais regarder s'ils sont à la bibliothèque, çà me changerait des nordiques.
Écrit par : Aifelle | 06/07/2010
Terminé les brumes et la neige, vive le soleil africain, je garde ça en réserve pour l'hiver histoire d'éprouver un petit décalage météo
Écrit par : Dominique | 06/07/2010
Un auteur qu'il va vraiment falloir que je découvre ;)
Écrit par : Stephie | 06/07/2010
Très alléchant, tout ça. Je trouve fascinant qu'il ait pris un pseudo français et écrive directement dans cette langue.
Écrit par : Melanie B | 06/07/2010
à toutes, je l'ai repéré grâce à Pascal Dessaint qui en avait parlé pour le marathon des mots de Toulouse . Et grâce à mon homme qui m'avait réveillée (très) tôt juste pour que j'entende Pascal Dessaint qui parlait sur France Inter...
Écrit par : cathulu | 06/07/2010
Pas forcément tentée mais ton enthousiasme est "presque" contagieux. Je suis encore parfois timide avec les thrillers...
Écrit par : antigone | 06/07/2010
Je le lalise pour l'après coupe du monde en Afrique du Sud !
Écrit par : Michel | 06/07/2010
En tant que fournisseuse officielle de PAL à L'Homme qui adore les polars, je note !
Écrit par : Theoma | 06/07/2010
Ahhh une autre idée de lecture pour cet été : merci !
Écrit par : Kikine | 08/07/2010
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