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07/12/2009
L'argent, l'urgence
"Votre vie perforée soudain d'un vide."
Une créatrice, parce qu'elle se soumet aux rêves des autres (L'argent, l'urgence), parce qu'elle aime un homme prétendument trop fragile , "un homme à élever" , intègre une grande entreprise qui va peu à peu laminer sa personnalité, la rendre au sens propre malade. Bientôt ses rêves se réduiront à cela :
"Errer, ne parler à personne, marcher jusqu'à tomber dans un sommeil qui guérit de tout,dormir jusqu'à ce que votre esprit se défroisse, se déplie, se détende, se remette à vivre. Vous souriez. Ce matin ça a marché. Debout tôt.Deux heures. Presque le voyage."
Il lui faudra longtemps pour admettre que ce travail que tous lui envient (ses amis, l'homme à élever), qui lui apporte une sécurité financière qu'elle ne recherche même pas, (elle sait se contenter de peu) mais qu'elle s'impose elle même pour apurer des dettes (dont on devine qu'elles ne sont pas forcément les siennes), que ce travail donc est en train de la détruire lentement mais sûrement.La description des rapports de force au sein de l'entreprise est d'une violence contenue mais par-là même totalement efficace.
Impossible également de trouver refuge dans son atelier "sa chambre à soi" comme disait Virginia Woolf, son espace intime ayant été colonisé par l'homme à élever dont elle mettra aussi longtemps à reconnaître la toxicité. Pas facile de lutter contre ce qui est présenté comme positif par la société et le discours ambiant, que ce soit le travail ou l'amour...
Hésitations, rythme haché , parenthèses enfermant la voix intérieure de l'héroïne, seul endroit où elle ose exprimer ses vraies pensées ,miment ici l'asphyxie qui peu peu la submerge et détruit sa force créatrice. Force créatrice qui, pourtant n'a pas dit son dernier mot...
Un récit hypnotique et salvateur simultanément. Une écriture à découvrir de toute urgence.
L'argent, l'urgence, Louise Desbrusses, P.O.L, 2006 170 pages denses.
Merci à Anne
ainsi qu'à Aifelle
et Antigone.
Laure n'a pas aimé, et c'est son droit !:).
05:54 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : louise desbrusses, argent trop cher, monde de l'entreprise, création
Commentaires
Je suis enchantée que tu sois entrée dans l'univers de cette romancière dont je veux lire absolument un autre titre. J'ai été complètement scotchée par celui-ci, quel talent et avec du quotidien pur et dur ! C'est celui-ci qui t'a tiré une larme ?
Écrit par : Aifelle | 07/12/2009
Aifelle, moi aussi j'ai envie d'en lire d'autres mais ce n'est pas celui-ci qui m' a fait pleurer, il m'a "juste "oppressée physiquement !:)
Écrit par : cathulu | 07/12/2009
Rhô, diablement alléchée je suis ! (je pense à Delphine de Vigan avec son portrait du travail si destructeur dans Les heures souterraines, mais ça à l'air plus dans le ressenti ici ? avec une écriture moins traditionnelle, on dirait...? )
Écrit par : cjeanney | 07/12/2009
bonjour Cathulu, je fais un petit tour de ma blogosphère lecture préférées pour vous inviter à venir me voir sur le blog que je viens d'ouvrir. N'hésite pas à me laisser un petit mot. Viens rendre visite à : http://lordeschambres.over-blog.com
Tu seras la bienvenue.
Pour "l'argent, l'urgence" je suis encore très hésitante, j'en ai lu beaucoup de critiques mais ça m'a l'air tout de même bien déprimant. Je me trompe ?
Bonne journée à toi.
Écrit par : l'or des chambres | 07/12/2009
Bon après le compte rendu d'Aifelle et le tien, je n'ai plus d'excuse, je vais aller le rechercher dans mon fatras. Bonne journée.
Écrit par : ptitlapin | 07/12/2009
Cjeanney, je n'ai pas lu ce Vigan dont tu parles mais pour avoir lu le précédent le style de Vigan est plus classique que celui de Desbrusses.
Bonne soirée L'or de chambres et merci !
Ptitlapin, quelle chance de l'avoir sous la main !:)
Écrit par : cathulu | 07/12/2009
Je suis impatiente de le lire, mais j'ai quelques lectures qui m'attendent avant cela et je n'ai pas ton rythme hélas !
Écrit par : sylire | 07/12/2009
Et encore tu n'as pas entendu la lecture qu'en fait Louise Desbrusses!
Moment inoubliable pour moi.
Écrit par : Anne | 08/12/2009
Ce titre signifie encore beaucoup de choses pour moi...il donne une sacrée envie d'aller de l'avant, je trouve !! ;o)
Écrit par : antigone | 09/12/2009
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