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30/09/2009
Le pigeon voyageur
"Les femmes adorent les lettres, et qu'espérer de mieux que de recevoir une lettre par pigeon !"
Les pigeons voyageurs ne rentrent au pigeonnier que s'ils s'y sentent bien. Cette nécessité Yair Mendelsson la ressent aussi, lui que la maison de sa riche femme rejette et rudoie. Il lui faudra donc trouver sa propre demeure, aidée en cela par Tirza son amie d'enfance et un peu plus...Parallèllement nous remontons le temps cinquante ans en avant, en 1948, durant la guerre d'indépendance d'Israël et découvrons une histoire d'amour entre deux colombophiles: un jeune garçon, que son aspect poupin fait surnommer le Bébé et une toute jeune fille. Comment ces deux histoires vont se rejoindre par-delà les années, c'est tout le secret du roman de Meir Shalev, un roman plein de candeur et d'innocence, un roman lumineux et serein malgré les temps troublés qu'il décrit.
Cotoyant parfois le conte avec son personnage d'entrepreneur qui surgit pour aplanir toutes les difficultés Le pigeon voyageur est un texte subtil et chaleureux, et comment résister à une telle description? : "Une maison où tu te sentiras comme dans un cocon, une maison qui apaise et désaltère. Une maison qui te construira comme tu la construiras, qui te guérira comme tu la guériras, avec qui tu t'entendras pour changer le toit et le sol, installer des cloisons, ouvrir des fenêtres et des portes, pleins de reconnaissance l'un pour l'autre."
Un grand merci à Clarabel pour le prêt !
Le pigeon voyageur, Meir Shalev, Editions des deux terres, 549 pages lumineuses.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : meir shalev, amour, trouver sa demeure
29/09/2009
Les radis bleus
Même s'il réclame des mots simples pour la poésie, Pierre Autin-Grenier sait utiliser les mots précis qui disent le travail à la campagne,le passage des saisons, dans ce journal poétique. Tour à tour bougon et ironique, facétieux et grave, Pierre Autin-Grenier chahute son lecteur, ne le laisse pas en repos mais sait toujours le séduire au détour d'un paragraphe, le nombre de pages cornées en témoigne...
Juste quelques passages, histoire de vous donner envie à votre tour...
"Lundi 27 juin, St Fernand
Le bonheur toujours menace et parfois même d'obscènes bouffées de bonté m'amène comme une odeur d'ail rance dans la bouche. me voici à deux doigts de prêter cinq sous aux indignets et trouver bien du talent à tous mes amis.Mon Dieu ! comment se sauver de ces choses horribles ? !..."
"Jeudi 15 décembre Sainte Ninon
Dormir était un vrai chantier ambulant, on se roulait dans le sommeil comme dans un champ de patates douces, on se lovait au creux des souches en lérots rêveurs, on s'enveloppait dans des manteaux de marmotte pour voyager les yeux fermés dans des contrées immobiles. Il nous arrivait de dormir debout et cela nous allait bien."
D'autres citations chez Antigone, la vile tentatrice ! :)
Les radis bleus, Pierre Autin-Grenier, Folio.
06:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : pierre autin-grenier
28/09/2009
La patience de Mauricette
"Je recycle la souffrance."
Un cahier jaune où elle écrit pour sa thérapeute.Un panier vert dans lequel elle trimballe de drôles de trésors. La tentation serait grande de résumer Mauricette à ces deux objets. Mais quand elle disparaît de l'hôpital où on soigne sa santé mentale, son ami Christophe Moreel va prendre conscience de la richesse de la personnalité de cette femme de soixante quinze ans, beaucoup moins ordinaire qu'il n'y paraît à première vue...
Entrecroisant passé et présent, Lucien Suel brosse le portrait d'une personne, marquée par la souffrance dès l'enfance mais qui trouve refuge dans les mots et dans la poésie en particulier. Débusquant les alexandrins dans les phrases de la vie quotidienne, jouant avec les mots, les triturant, les faisant rouler dans sa bouche, tout comme son "noyau de souffrance. Je le suce et le roule entre les gencives depuis des années. Quelquefois je le prends dans ma main et je la referme. Il est caché dans ma paume je regarde les taches de vieillesse sur le dos de ma main et je remets le noyau dans ma bouche." ,Mauricette recèle bien des trésors et des originalités littéraires...Ses mots partent parfois en roue libre, comme ses pensées, mais l'humour n'en n'est jamais absent : "Le mou des veaux, les mots de vous" et ce n'est certainement pas un hasard si Mauricette avait entrepris une anthologie regroupant les phrases où apparaît le mot "veau" comme un écho au livre de Lucien Suel et Patrick Roy Têtes de porcs moues de veaux (merci, Cath!). L'émotion est aussi au rendez-vous avec cette personnalité aux multiples facettes, qui "se conduisait dans l'univers moderne comme une femme des cavernes. Une femme d'avant l'invention des horloges et des tranquillisants ."Je marche avec les yeux au plafond.""et qui s'estime elle même être son pire tribunal...Ce pourrait être lourd et étouffant, c'est poignant, lumineux et plein de joyeuses surprises car l'écriture de Mauricette est d'une richesse poétique inouïe Un livre aux très nombreuses pages cornées, bien sûr. Un livre qui résonne longtemps en nous et qu'à peine fini on a envie de rouvrir pour mieux le savourer, plus lentement cette fois. Un gros gros coup de coeur !
La patience de Mauricette, Lucien Suel, La table ronde, 233 pages lumineuses.
L'avis des viles tentatrices Pagesàpages et Bellesahi
Le site de l'auteur.
Un coup de coeur passion pour Ptitlapin !
L'avis de Dasola, qui en dit un tout petit peu trop sur le livre !:)
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : lucien suel, amour des mots, maladie mentale, souffrance, nord
25/09/2009
En retard pour la guerre/ ultimatum
1991. Israël vit sous la menace d'une attaque chimique irakienne. Des masques à gaz sont distribuées à la population à qui l'on enjoint aussi de fabriquer des chambres hermétiques pour se protéger. Dans cette atmosphère de fin du monde, certains font la fête, d'autres s'apprêtent comme Tamar à donner la vie, d'autres enfin comme Constance, la narratrice, jeune étudiante française, se sentent en complet décalage , en retard pour la guerre. En retard pour tout d'ailleurs. A vingt-cinq ans, Constance n'a pas terminé ses études, vit de petits boulots, et n'arrive pas à se dépêtrer de l' "amour grimaçant" qu'elle éprouve pour un peintre, qui la malmène et voudrait se faire entretenir par elle.Peut être est-ce aussi parce que la jeune fille se sent engluée dans des souvenirs glauques...
De Valérie Zenatti j'avais déjà lu et aimé Quand j'étais soldate (pas de billet) et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé une narratrice à la fois en empathie avec ce pays si particulier et en même temps en léger décalage, ce qui lui permet une vision à la fois amusée et tendre.On trouve dans ce roman une écriture à la fois légère et précise, de fort jolis passages comme celui-ci ""Il faudrait avoir le pouvoir de s'inventer des souvenirs, des vrais, on les créerait à rebours pour s'y blottir, et ce ne seraient pas juste des histoires racontées le soir, dans le noir, pour se consoler, se rassurer...", des personnages hauts en couleurs comme ce boutiquier qui appose sporadiquement cet écriteau sur la porte: "Fermé pour raisons personnelles qui ne regardent que le propriétaire", le tout scandé par des chansons de Serge Gainsbourg...Un roman tendre.
Ultimatum/En retard pour la guerre, Valérie Zenatti, Points Seuil 2009, 172 pages.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : valérie zenatti, guerre, israêl
24/09/2009
Loving Frank
"Quelle perte cela aurait été de ne pas l'avoir rencontré ou de ne pas avoir connu son amour ! pensa Mamah."
Quand Mamah Borthwick Cheney quitte son mari et ses enfants pour vivre son amour avec l'architecte Frank Lloyd Wright, lui même marié et père de six enfants, c'est le scandale. La presse s'en donne à coeur joie et l'Amérique puritaine se repait de ces articles outranciers. La vérité est toute autre: les amants sont certes emportés par la passion mais aussi taraudés par la culpabilité. Le tout se terminera d'une manière tragique et brutale, presque invraisemblable.
Rien n'a beaucoup changé entre le début du XXème siècle et notre époque. la presse est toujours à l'affût des histoires d'amour lucratives et semble toujours prête à tout pour vendre ses feuilles de choux. Mais c'est surtout le portrait , tout en nuances, que brosse ici Nancy Horan dans cette fiction historique de Martha (dite Mamah) Borthwick Cheney qui a retenu toute mon attention. Trilingue dès la maternelle, ayant fait de solides études, ayant enseigné, dirigé une bibliothèque, cette femme disposait d'un potentiel et d'une personnalité que son mariage semble avoir complètement mis sous cloche. Pourtant comme le lui dira sa soeur "Tu avais tout. Un mari fantastique qui t'adorait, deux beaux enfants en bonne santé. La liberté. Aucun souci financier. Une gouvernante et une bonne. Tu n'avais pas besoin de travailler et Edwin n'exigeait jamais rien de toi. As-tu conscience de tout ce que tu as abandonné pour Fank Wright ? Le genre d'existence dont rêvent la plupart des femmes, y compris les féministes !".
Mais à vouloir vivre selon ses convictions , Mamah, en tant que femme et en tant que mère, devra payer le prix fort, car être la compagne d'un génie de l'architecture ne va pas sans contreparties négatives...
Un livre puissant , plein de vie, mais aussi très pessimiste...
les avis enthousiates d 'Amanda, Cuné, Fashion.
un coup de coeur pour Esmeraldae !
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : nancy horan, mamah borthwick cheney, frank lloyd wright, féminisme, passion, tragédie
23/09/2009
Petit éloge de la vie de tous les jours
"Ces gens dont je souris témoignent seulement de ce que je suis" est-il écrit en 4 ème de couv'. Et de nous infliger d'affligeants dialogues "croqués sur le vif" avec une mère qui se gargarise du prénom de son fils "Sean" prononcé "Chaune", d'un boucher qui fait preuve d'un humour lourdingue à devenir illico végétarien, sans oublier deux hommes endimanchés, qui dissertent à n'en plus finir sur la différence entre "cuit" et "à point". Entre temps, on sera allé voir un champ de pommes de terre, on aura écouté des gens éméchés opposer les mérites respectifs des vaches du département de l'Aisne contre celle des Ardennes, ou subi le dialogue d'un vacancier relatant un repas pantagruélique qui ne lui aura coûté que cent francs à un interlocuteur dont la principale intervention se résume à "tain".
On aurait juste envie de prendre à son compte un paragraphe de l'auteur et de l'appliquer à son livre : "Pendant ce temps, je me travaillais l'appétit aux boulettes maison.Elles étaient molles comme des chiques de bouse et contenaient moins de chair que de vieux pain trempé à l'eau. Chaque bouchée m'inspirait la même et unique pensée :
"Un pas de plus vers la mort."
Allez plutôt faire un tour Au bar des habitudes ou dans La belle maison !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : franz bartelt, bof, mouais, on passe, schtroumpf grognon le retour
22/09/2009
La tournée d'automne
Cette fois, c'est décidé, il n'y aura pas de Tournée d'automne de la bibliothèque itinérante conduite par le Chauffeur. Plus de livres brinqueballant dans ce vieux camion laitier transformé en paradis des livres pour les petits villages de la Côte Nord québécoise. D'ailleurs le tuyau qui lui permettra d'en finir est soigneusement planqué dans un des coffres du-dit camion.Mais il y aura Marie, Marie tout en douceur qui va bientôt prendre place à ses côtés, Marie qui va lui réapprendre à regarder le monde et en particulier les oiseaux qu'elle peint.
Au long de ce récit nous croiserons une troupe de musiciens -jongleurs, des chats, un saint-bernard dans un side-car, un écrivain qui ne peut recommencer à écrire que quand il déteste son précédent roman et toute une flopée de lecteurs qui font circuler les livres pour le plus grand plaisir du Chauffeur...Le tout dans une Nature belle et sauvage qui donne immédiatement envie d'aller observer les baleines ou tout simplement d'admirer le Fleuve dont on ne peut toujours voir l'autre rive...Un enchantement !
La tournée d'automne, Jacques Poulin, Babel 1996 , 191 pages douces.
Oserais-je avouer que ce livre- emprunté de surcroît- était dans ma Pal depuis 2 ans !:)))
Vous avez été très nombreux à le lire, vous trouverez tous les billets ici !
Lu cet été dans le cadre du défi "objectif PAl" lancé par Antigone ,et de mon propre défi secret "soyons en phase avec les saisons", d'où la programmation !:)
06:00 Publié dans challenge des saisons | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : jacques poulin, amour des livres, amour tout court
21/09/2009
La donation
"Et nous lui en voulions de démolir chaque jour notre vie."
A l'occasion d'une donation entre vifs, la narratrice commence une lettre à ses parents pour les remercier.N'y parvient pas. En effet lui reviennent en mémoire les souvenirs d'une enfance sous le signe de la Psychose Maniaco Dépressive maternelle, où la narratrice et sa soeur souffraient en quelque sorte de "PMD passive, un peu comme on parle de tabagisme passif." Et de s'interroger sur les sens de ce don :
"La donation est-ce aussi cela? La transmission du gène du doute. Du doute de soi, vertigineux. Je me suis toujours interrogée sur la réalité de ce sombre héritage. J'ai souvent voulu lire une étude sur le psychisme des enfants de mères maniaco-dépressives". Sondant les mots, citant des auteurs comme autant de bornes sur un chemin marqué par le doute, la narratrice interroge aussi sa propre filiation: quelle mère est-elle pour ses filles ?
Une écriture toute en retenue, l'auteure tient à distance ses sentiments par différentes stratégies, qui peuvent parfois agacer, mais réussit ici un roman à la fois cruel et tendre.
La donation, Florence Noiville. Livre depoche. 118 pages.
L'avis de Solenn
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : florence noiville, psychose maniaco-dépressive, rapports mèrefilles
20/09/2009
Un copain de plus
Tout le troupeau est en émoi et se prépare avec fébrilité :trois nouveaux moutons vont arriver !Mais les réjouissances tournent court quand chacun se rend compte que les nouveaux-venus sont...noirs ! Seul Robert , l'agneau, ira à la rencontre d'Olga car il espérait trouver un nouveau copain et même si elle "n'est qu'une fille", il ne sera pas déçu par les aventures dans lesquelles l'agnelle va l'entraîner !
Réussir à traiter d'un seul coup du racisme et du féminisme , sans pour autant tomber dans le didactique ennuyeux, voilà qui n'est pas donné à tout le monde et Agnès Laroche gagne son pari haut la main! Ses personnages sont malicieux et astucieux et les dessins pleins d'humour et de fraîcheu de Philippe Bucamp accentuent l'aspect délicieusement champêtre de l'histoire.
A lire sans hésitation avant de l'offrir à un petit lecteur ! (5/ 7 ans).
Un copain de plus, Agnès Laroche, Philippe Bucamp, Editions Talents hauts, collection Livres et égaux.
16:30 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : agnès laroche, philippe ducamp, amitié, racisme, féminisme
19/09/2009
Jaune, dit-elle...
Il aura fallu qu'Antigone m'envoie une carte à fond jaune jaune pour que je me décide !
(Dans les pots jaunes des joubarbes, dans le pot vert, des doigts de sorcière...)
Jaune, dans la salle de bains, principalement
donc, pour commencer la journée de manière tonique !
La suite à qui veut !:)
14:16 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : tag