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22/08/2009
Regarder le soleil
"Nous avons trop de respect pour le chagrin, dit-il .Il faut que ça s'arrête un jour."
Ce pourrait être en dehors du temps tant ce qui est décrit est intemporel. L'histoire se déroule dans un ranch de l'outback australien où un fermier vient de faire une chute de cheval. Sa femme devient progressivement aveugle et si elle parvient dans un premier temps à faire tourner l'exploitation, à la mort de son époux, sa maladie empirant aussi, elle perd tout à la fois le contrôle de sa vie et de sa fille, Chloé. cette dernière en profite alors pour explorer toute cette étendue sauvage qui les entoure.
C'est par une série de chapitres que nous découvrons progressivement l'histoire de cette famille atypique où les émotions passent plus par le regard que par les mots. "Je n'arrive pas bien à ne pas la regarder ."pense Chloé de sa mère tandis que sa demi-soeur affirme : "Son oeil te suit, même si elle ne regarde pas . Sans que tu le remarques, elle l'accroche à toi et il se balade avec toi, où que tu ailles, comme la bardane."
Intensité des sensations, observation tout aussi intense de la mère dans ce qu'elle a de plus intime, de plus charnel: "ça se passe maintenant , je le sais. En ce moment-ci se forment les nouveaux petits vaisseaux. Ils se développent le long de l'humeur vitrée, se ramifient en tous sens, mais ne valent rien."Amour absolu qui ne dira jamais son nom.
Il se dégage du roman d'Anne Provoost une poésie étrange et sourde sans que pour autant on verse dans l'abstraction.On s'attache à ces personnages qui acquièrent progressivement un arrière plan, une histoire qui nous les rend plus proches,moins éthérés et c'est beaucoup trop vite qu'on termine ce roman sur une image à la fois banale, dans sa quotidienneté, et forte. Un roman puissant.
Regarder le soleil, Anne Provoost, traduit du néerlandais (Flandre) par Marie Hoogje, Fayard, 266 pages intenses. Parution le 26 août.
Ce roman vient de recevoir en Flandre le prix triennal de la prose.
06:05 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : anne provost, australie, rapports mèrefilles, cécité
Commentaires
ça ressemble à du Coetzee... Pourtant je ne me sens pas spécialement attirée...
(oui, je suis tombée du lit ce matin !)
Écrit par : Papillon | 22/08/2009
Merci pour cette référence , Papillon, référence qui m'échappait !:)
Oui mais c'est quand même moins pesant. Et bravo, tu es tombée du lit mais très réactive !:)
Écrit par : cathulu | 22/08/2009
Les phrases que tu cites sont tès belles,et j'aime ta conclusion, je note.
Écrit par : gambadou | 22/08/2009
Tu ne lâches plus les néerlandais ? ;o)
Écrit par : Lilly | 23/08/2009
Tu as l'air touchée par ce roman... Bonne pause Cathulu !
Écrit par : antigone | 23/08/2009
Lilly, j'aime beaucoup ce pays, va savoir pourquoi!:)
Merci, Antigone !
Écrit par : cathulu | 23/08/2009
Ce que tu dis me tente, en plus j'aime beaucoup la couverture. Bonne pause Cathulu :-))
Écrit par : Aifelle | 25/08/2009
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