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18/08/2009

La peine du menuisier

"Le Menuisier ne parlait pas."

Le Menuisier,  nous l'apprendrons au fur et à mesure du récit, c'est le père de la narratrice, cette enfant née tardivement au sein d'un foyer où l'amour circule mais pas forcément les mots. Nous sommes dans les années  cinquante, en Bretagne , dans une famille modeste , où la mort est toujours présente , que ce soit par les photos des disparus ,la proximité du cimetière ou les décès que l'on ne cache pas aux enfants.legall.jpg
La narratrice, devenue adulte et ayant réussi à devenir  professeur, ce qui la place un peu en porte -à- faux  par rapport à ses  origines, ressent toujours un profond malaise par rapport à celui qu'elle ne désigne que par sa fonction, comme si elle voulait le tenir à distance. Pourquoi ?
Elle sent  confusément qu'elle appartient à un lieu "où je n'ai pas  vécu mais dont l'histoire circule ne moi, dans ce corps exhibé, élastique et souple,  insolent  de jeunesse  et de fraîcheur." mais également qu'un secret pèse sur la famille paternelle, empesant leurs relations. Il lui faudra beaucoup de temps pour remonter au jour cette hstoire familale dont elle est prisonnière car "Nous ne sommes  pas seulement les héritiers d'un patrimoine génétique, mais d'un nombre infini d'émotions transmises à notre insu  dans une absence  de mots, et plus fortes que les mots."
En phrases sobres, comme gravées dans le granite breton, Marie Le Gall  nous emprisonne dans cette atmosphère étrange et envoûtante. On pense parfois au roman d'Annie Ernaux, La  place, pour  ce qui est du décalage entre la modestie  des origines et l'ascension sociale de la jeune femme mais Marie Le Gall privilégie  davantage cette recherche obstinée et patiente du secret familial afin d ecomprendre La peine du Menuisier., qui est aussi la sienne.Un premier roman lent et fascinant. Une langue superbe.

 

La peine du menuisier, Marie  Le Gall, editions Phébus,282 pages denses et graves.

Sortie le 20 août .

Merci Cuné !

Le très joli billet que Cuné lui a consacré.