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19/07/2008
Le meilleur moment de l'année
Les livres voyageurs circulent,, ceux qui ont fait halte chez moi se reposent un peu (pas envie de les abîmer), d'ailleurs cette année je suis vertueuse,je ne glisse dans mes poches que "quelques" livres...*
Pour faire plaisir à Tamara,nous avions décidé de relancer le feuilleton de l'été mais nos "charmants" voisins ont déménagé. Quel dommage !
Je vous souhaite un bel été, à bientôt !
* Version culturelle : pour fêter les 50 ans du livre de poche, version officieuse pour mieux tromper l'Homme et tâcher de passer en douce les pavés...
04:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (21)
18/07/2008
jeu de massacre
L'Oncle est le raté de la famille-paraît que chaque famille a le sien-tant du point de vue affectif que professionnel. Divorcé d'une polonaise, il enchaîne les boulots improbables , ce qui donne lieu à une série de descriptions satiriques de l' Entreprise, de l'édition,de l'armée, sans oublier un hilarant cours de l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres,schémas à l'appui, car bien sûr l'Oncle deviendra enseignant.
L'alcool, les femmes demeurent ses meilleurs amis/ennemis, les psychiatres en prennent pour leur grade mais c'est surtout sur la famille et les mères de famille que le narrateur de Mammifères tire à boulets rouges dans une réjouissant jeu de massacre.
Pierre Mérot enchaîne les morceaux de bravoure et livre un portrait drôle et féroce de notre époque. A lire quand on a le moral dans les tongs, comme dit Val !
06:07 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8)
17/07/2008
Un livre-montagnes-russes-des-émotions.
" Elle a un super souci, cette brave dame, elle a l'Alzheimer.
C'est une maladie vraiment conne, qui est comme le Canada Dry.
Tu as l'air d'être en pleine forme, tu parles comme si tu étais en pleine forme, tu marches partout, et tu peux même te promener dans la rue sans que personne ne s'en rende compte, mais c'est un leurre.
A l'intérieur, c'est du gruyère, c'est du brouillard, c'est du vent dans de la solitude, avec une odeur de souffrance". Celui qui écrit ainsi c'est Ron l'infirmier. Il sait de quoi il parle car il a roulé sa bosse de service psychiatrique en service d'urgence,de poste libéral ou en hôpital, il a soigné des enfants, des vieillards, des riches -qui collectionnent les tableaux comme d'autres les ennuis -aux pauvres dont les fenêtres sont murées.
C'est donc un tableau de l'Humanité qui nous est brossé ici, une humanité qui souffre de maladie, de solitude et surtout de la déshumanisation des soins de santé.
Comment ne pas être révolté devant une infirmière libérale qui annonce tout d e go à un malade qu'elle ne le soignera plus car il n'est pas rentable ? Que dire devant ce maire qui refuse une tombe à une personne de la Maison d'Accueil Spécialisée en se justifiant ainsi :"Humainement, c'est pas possible" ? Heureusement ,il y a des ilôts de tendresse,d'émotion, des moments où la connerie est battue en brèche, où l'infirmier se dit qu'il a été juste dans son approche, qu'on lui a donné le temps de faire son travail correctement, avec empathie.
La chambre d'Albert Camus et autres nouvelles, comme autant de petites fenêtres ouvertes sur l'émotion.
Merci à Amanda pour le prêt.
L'avis de Cuné
06:04 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (11)
16/07/2008
"Je saute du car comme un bouchon de champagne."
D'abord, couper les pages.Prendre son temps pour ne pas abîmer le papier lisse et doux.Prendre son temps pour découvrir ces "photographies de vie" comme les appelle joliment l'auteure dans sa dédicace.
Est-ce la même narratrice qui court de texte en texte,sont-elles multiples ou démultipliées comme les images d'un kaleïdoscope ? L'enfance en tout cas est au coeur de ces textes qui disent le quotidien, un quotidien charnel et sensible: "...voir leurs regards s'attarder sur mon pantalon bon marché, puis glisser sur moi comme sur une page vide."
Antigone, car c'est elle, met en lumière ces instants de vie , passés ou présents avec un charme tout particulier qui fait qu' aussitôt la première lecture finie,trop goulue, de Un jour, je serai grande ! ,nous n'avons qu'une envie : recommencer. Et cette fois savourer...
PS: Nous n'allons pas lui mettre la pression mais son texte "Si je devais...
écrire un roman, je commencerais par fermer les yeux un moment."
nous espérons qu'il lui donnera des idées...Ferme les yeux Antigone pour mieux ouvrir les notres.
16 pages précieuses à glisser contre son coeur, parues au Editions du petit véhicule.
Désolée, je n'ai pas retrouvé les billets d'Anne et Bellesahi :(
L'avis de Florinette
06:07 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (10)
15/07/2008
"Les balances à crabes orange devant la maison. La rangée de goélands argentés."
Moïra,"Dure comme un galet", "dure, obstinée" tente de tisser un lien avec sa soeur cadette dans le coma suite à une chute inexpliquée.
"Amy,c'est moi qui te parle,je veux que tu le saches. Ce ne sont pas des mots pris dans des livres,, ou des magazines. C'est moi qui les dis, moi qui me suis toujours si rarement exprimée par des mots, les mêmes que tout le monde mais par des nombres, par des symboles, des marques sur la peau. [...] Mais ces mots , ils sont aussi dans ma tête. c'est la voix de mon esprit, qui ne se tait jamais, et ce sont mes pensées: vives, miroitantes comme des écailles de maquereau. Elles surgissent par éclairs dans mon cerveau pendant que je marche, ou que je lis. Que je plante des jacinthes,agenouillée dans l'herbe de la pelouse. Que je ferme els fenêtres de cette chambre quand je sens venir la pluie."
Moïra remonte le cours du temps, petit à petit les pièces du puzzle s'emboîtent et l'on comprend pourquoi la narratrice ,toute sa vie s'est "tenue à la frontière" de l'amour, de l'amitié, de la vie.
Une voix mesurée, calme et dense qui se fraie un chemin en nous. Un style imagé, dont on pourrait quasiment extraire des haïkus, charnel et placé sous le signe de l'eau. Une vraie et belle découverte. Un livre magique.
Avis de tempête Susan Fletcher 444 pages.
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15)
14/07/2008
Je vous le fais "ancien combattant" de l'écriture.
Couvert de prix et de louanges, doté d'une construction "diabolique", Garden of love de Marcus Malte m'a, dans un premier temps mise mal à l'aise par son incipit (début) où la violence des hommes semble toujours sur le point de l'emporter sur la seule et unique femme qui les tient en respect par la force de son regard.
J'ai certes admiré la construction du roman, mise en abîme, jeux de miroirs etc mais tout cela m'a semblé bien artificiel. Quant aux personnages, j'en ai soupé des flics à la dérive, pour qui la frontière entre flic et voyou est de plus en plus floue, le tout avec une bonne dose d'auto-complaisance dans la déchéance.
Alors, non, désolée, j'ai eu beau retourner le problème dans tous les sens, vouloir sauver quelque chose de cette lecture, mais rien, aucun passage, aucune phrase n'a retenu mon attention.
Merci à Amanda pour le prêt.
L'avis de Florinette qui vous mènera chez beaucoup de ceux qui ont aimé.
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
13/07/2008
Petits rappels en passant...
Est sorti en poche : La maison du retour de Jean-Paul Kauffman. Voici ce que j'écrivais à sa sortie :
Le livre de Jean-Paul Kauffmann ,la maison du retour, s'inscrit dans la
série de livres consacrés aux maisons à laquelle ont déjà participé
Catherine Clément, Philippe Delerm, Didier Decoin.
Il s'agit pas ici d'une maison familiale mais d'une maison "sas de
décompression" entre une captivité de plusieurs années et un retour à
une vie "normale " ou du moins pacifiée.
Perdue au milieu des pins,cette maison est abîmée tant par son
abandon de plusieurs années que par son lourd passé: elle a abrité
durant la seconde guerre mondiale un bordel destiné aux officiers
allemands. C'est pourtant elle qui sera choisie et sa rénovation par
deux artisans quasi muets mais surprenants accompagnera la
reconstruction de Kauffmann.
L'auteur évoque très peu sa détention sauf pour souligner
l'importance qu'avait prise là-bas la lecture mais paradoxalement,de
retour en France cette boulimie a disparu et dorénavant il semble leur
préférer les arbres, à la fois enracinés et tendus vers le ciel...Des
arbres aux livres et réciproquement...
De très belles pages,un récit émouvant mais non dénué d'humour
(voir le portrait de ses voisins), un des livres que j'ai préféré cet
été.
ci vous trouverez les liens d'autres blogueurs qui en parlent.
En poche aussi : la disparition de Richard Taylor.
06:20 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (14)
12/07/2008
Entre deux averses ...
Quelques photos et un grand merci à Florinette ! Des marque-page tout à fait appropriés avec ces oiseaux et ces phares pour mes lectures actuelles!
06:11 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (10)
11/07/2008
"Sous le signe de la nature"
Envie d'une petite balade à Toulouse? alors suivons les traces Félix Dutrey , un flic pas comme les autres , tour à tour sombre et plein d'humour, entouré par une belle bande de frappadingues qui pratiquent leur métier avec une once de dérision pour ne pas se laisser bouffer par la cruauté d'un monde où on peut tuer à cause d'un pot de moutarde, un monde où les animaux et les plantes ont de moins en moins de place.
Le cycle de Félix Dutrey est en effet placé par Pascal Dessaint sous le signe de la nature car l'auteur est très concerné par les problèmes environnementaux. Très présents dans le roman polyphonique Mourir n'est pas la pire des choses, ils le sont un peu moins dans les deux suivants :Loin des humains, au rythme plus lent mais qui creuse davantage la psychologie des personnages et les liens qui les lient. On les retrouve enfin dans Tu ne verras plus où la mort d'un taxidermiste nous entraînera dans un drôle d'univers où l'on trouve des poissons sous les jupes des touristes.
Dessaint évoque également au passage les dégâts causés par la catastrophe AZF car à se préoccuper des problèmes de la nature on ne peut pour autant pas faire abstraction de ceux des hommes, leur destin étant liés.
Une belle promenade en compagnie d'un petit Paul mangeur de fleurs.
le site de l'auteur
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
10/07/2008
"Quand on n'attend plus, on meurt."
La Hague. La narratrice, employée par le Centre ornithologique, est venue y compter les oiseaux et petit à petit , elle s'est fondue dans le paysage, se faisant accepter par les habitants de cette région âpre et belle à la fois.
L'arrivée de Lambert va réveiller "la meute des fantômes " et mettre à mal "Les questions, les réponses, ce complexe tricotage de mensonges et de vérités. Les choses dites en décalé, celles dites seulement en partie et celles qui ne le seront jamais. Toutes les teintes du contre-jour."
Pas de certitudes donc dans ce roman de l'entre-deux, entre ciel et mer, dans ce moment que l'on se donne "entre bientôt et maintenant", dans cet endroit où arbres et vieux et se confondent...
Claudie Gallay dans Les déferlantes nous peint le portrait de deux solitudes, de deux êtres en déséquilibres : Lambert qui veut des certitudes et la narratrice qui est taraudée par le vide,"J'ai serré les poings. Comprendre quoi ? Qu'un jour on se réveille et qu'on ne pleure plus ? Combien de nuits j'ai passées, les dents dans l'oreiller,je voulais retrouver les larmes, la douleur,je voulais continuer à geindre. Je préférais ça. j'ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m'a envahi le corps, j'étais devenue un manque,un amas de nuits blanches, voilà ce que j'étais, un estomac qui se vomit, j'ai cru en crever, mais quand la douleur s'est estompée, j'ai connu autre chose.
Et c'était pas mieux.
C'était le vide."
ce creux au coeur des statues de Raphaël, qui depuis dix ans," cherche à sculpter le désir ".
Claudie Gallay, elle, dans un paysage traversé parle fantôme de Prévert, sculpte le manque avec des mots âpres et denses, sculpte l'espace des phrases.
Une remontée vers la lumière, non pas fulgurante, mais pas à pas , où les personnages marchent tous vers leur destin,s'extraient ou non de la gangue de pierre qui les emprisonne, apprennent ou non à marcher à deux. "Les Indiens Hopi disent qu'il suffit de toucher une pierre dans le cours d'une rivière pour que toute la vie de la rivière en soit changée.
Il suffit d'une rencontre."
Un livre qui peut changer le cours de notre vie ? En tout cas un livre précieux et nécessaire.
Encore plus réussi que celui-ci.
L'ayant emprunté à la médiathèque, j'attendrai sagement sa sortie en poche pour le relire.
L'avis de Marie
06:03 | Lien permanent | Commentaires (29)