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30/11/2007

Pour les esprits curieux...

Aller voir cequi se passe dans la tête d'un psy durant une séance quoi de plus excitant ? hé bien, c'est à cela et à bien d'autres choses encore que nous invite Mensonges sur le divan.
Irvin D. Yalom sait de quoi il parle car il est à la fois romancier et psychiatre.  Quand en plus l'action se déroule aux Etats-Unis et met en scène une avocate ,bien décidée à se venger du psy de son mari, la situation va devenir détonante !218Mwk1C4RL
Patients dissimulateurs,joueurs compulsifs, rivalités professionnelles, épouse communiquant par Ikebana interposé, les psys ne sont pas   à la fête chez Irvin D. Yalom mais lelecteur se régale !
Tout le mondement à tout le monde mais le romancier agence sa narration avec maestria et on ne s'ennuie pas une minute.
Les personnages ne sont pas caricaturaux,mais simplement humains, on sourit beaucoup car le plus malin n'est pas forcément celui qui croit avoir toutes les cartes en main...
Le style fait mouche :  "Je parie que tes fantasmes et les siens dansent un menuet moite dans le monde des  fantasmes ", une satire au vitriol de la judiciarisation de la société américaine où l'on "rappelle" des patients comme des véhicules potentiellement dangereux, le plaisir est total est en plus,il vient de sortir en poche !

l'avis enthousiaste de Cuné.

29/11/2007

Trop de lecture peut nuire...

Emprunté un peu par hasard à la médiathèque, Un esprit jaloux s'est révélé être plutôt une bonne surprise.
Renouant avec la veine des  contes horrifiques du XIXème siècle anglais, dont il maîtrise parfaitement les codes, ce roman se déroule denos jours et met en scène une jeune américaine venue étudier en Grande-Bretagne. Férue de Henry James (elle termine sa thèse sur Le tour d'écrou),Sallie va rapidement  se faire embaucher comme gouvernante d'enfants par un homme séduisant dont elle tombe presque219eKPotbQL immédiatement amoureusecar sa voix "évoquait un Mr  Rochester ou u Max deWinter. Elle vous évoquait le danger, degrandes  demeures en proie aux flammes, des cris de passion éternelle portés par lesvents de la nuit". L'ambiance est donc mise en place.
Mais A.N. Wilson se joue des clichés et très rapidement  nous comprenons que Sallie a de sérieux problèmes psychologiques et la machine va s'emballer mais certainement pas comme nous nous y attendions.Les nerfs du lecteur sont mis à rude épreuve  et même si une explication logique est donnée à desphénomènes apparemment inexplicables,l'auteur ne nous rassure que pour mieux nous précipiter dans l'horreur et nous faire envisager les faits d'une toute autre manière par une manipulation astucieuse.
La narration est brillante et maline et il n'est pas besoin d'avoir lu James pour  apprécier ce joli tour de force.

28/11/2007

La championne du monde de la non-histoire d'amour

Toujours fâchée ,Aurore a été exilée chez ses grands-parents, le temps de laisser souffler sa famille et le temps de se métamorphoser au point de s'étonner elle même. 214WbKuKmQL
L'ado ronchon et drôle (parce que chez  les autres...) se juge "Nulle  désagréable et fainéante" mais  constate que "mes amies me préfèrent en limace. Mon avenir est dans les choux".
Marie Desplechin mêne les trois premiers quarts  de son livre à  un rythme  effréné et les phrases drôles jalonnent le parcours de  la transformation d'Aurore. Cela s'essouffle  un peu ensuite mais  les réflexions  de  notre  ronchon préférée (ches les autresn j'insiste lourdement) nous mettent le sourire aux lèvres. En prime nous assiterons même à une sorte de miracle mais je n'en dis pas plus. A lire en cas de morosité tenace, des chocolats à portée de main.

lecture tandem avec Chiffonnette !

PS:Bizarrement, je viens de demander à mes élèves (tous des garçons de plus de 16 ans) de brosser leur autoportrait, à de rares exceptions près, tous se trouvent beaux et agréables à vivre, beaucoup affirment plaire aux filles. Je ne m'étais pas rendue compte de la chance que j'avais ! :))  mais bon, je  ne suis plus une fille et ce depuis longtemps, heureusement !

27/11/2007

Emue par les mues

41W0ESA9TZLPoursuivant ma découverte de la collection "les mues" chez Intervista, c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai  dévoré d'une traite Le syndrome Godzilla , de Fabrice Colin.
Deux couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de Daniel que son biologiste de père  emmène autour du monde, au fil de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à vis  de ces arrachements successifs mais va s'attacher à faire  la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses amants  Je voulais détruire le  monde". Cette violence qu'ils vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.

L'avis de la tentatrice Lily

26/11/2007

Fêlures

Trois amies de longue date, Gwen,Beatrijs et Veronica ont pris l'habitude de se retouver pour les vacances dans la grande ferme de Timo et Gwen, avec conjoints et enfants.51Bmaw9WSzL
Mais cette année, la donne a changé : Gwen est morte, laissant un veuf désemparé et deux petits garçons, Beatrijs arrive flanquée de son nouveau compagnon et de sa "belle-fille en location",une gothique pur jus, et Gwen ne s'habitue pas à  n'avoir donné naissance qu'à une seule petite au lieu de jumelles comme précédemment.
Nous suivrons l'évolution de ces personnages de l'été à l'hiver, dans une ambiance étrange,distillée à la fois par le malaise qu'engendrent le comportement des nouvelles" pièces rapportées"et les actions des enfants qui vont jouer le rôle de révélateurs.
Renate Dorrestein excelle d'habitude à instaurer des ambiances lourdes mais là , bizarrement, Tant qu'il y a  de la vie, par sa volonté de croire à l'espoir à tout prix, n'y parvient pas totalement. Les  personnages sont traqués dans leurs replis les plus intimes mais la présence de Leander, le nouveau compagnon de Beatrij ,de par sa profession ,( médium?) ne rend guère crédible l'histoire.  Un autre fait  qui demeure inexpliqué, laisse également le lecteur sur sa faim, mais  l'auteur ,par sa volonté de  montrer que  rien n'est stable  en ce monde, ceci justifie donc cela.
Il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon moment de lecture dans la campagne néelandaise en compagnie  de personnages sympathiques et attachants.

23/11/2007

Promesses non tenues

2 euros pour découvrir ou redécouvrir un auteur, , ce spetits éloges, je les glisse  dans mon sac en cas d'attente intempestive...21Xd5F3oK9L
Je doisdire  qu'il ne me  restera  pas  grand chose  des cités évoquées par Valentine Goby dans son Petit éloge des grandes villes. L'impression désagréable que l'auteure se regarde écrire, des descriptions qui restent à la surface et ne laissent aucune empreinte...
Bilan moins mitigé pour Pierre Pelot et son Petit éloge de l'enfance.21nVO_bFs1L
De Pelot j'avais lu il y a  bien longtemps et dans un genre très différent , l'été en pente douce (adapté au cinéma avec la lumineuse Pauline Laffont).
Sur le thème rebattu de l'adulte qui revient mettre ses pas dans les traces deson enfance, pelot réussit à nous rendre  présents, par un style  à la  fois littéraire et charnel,  lespaysages de  l'Est de la France.  Néanmoins, si on  admire la subtilité d ela narration (les paysans sont patients et matois), on étouffe parfois dans des longueurs aussi touffues que la forêt dans laquelle a erré le  narrateur enfant.
Quant à  Gaëlle Obiégly,  en entamant son Petit éloge de la  jalousie , j'ai d'abord pensé du style "Tiens,  on dirait du Duras, la poésie en moins". Mais rapidement  ses  récits de scènes  de film ou de  roman, entremellée d'interventions de la narratrice  m'ont paru de plus en plus ardues . Quand  les expressions  désignant les21IGXFNQuhL différents protagonistes sont devenues extrêment répétitives, que je me suis perdue dans les liens qui unissaient les personnages (impression que les mêmes mots tournaient dans la même sphère, comme les boules du loto ou les pensées du jaloux), le mal de tête a commencé  à poindre  et j'ai lâchement lâché les jaloux à leur jalousie, jurant mais un peu tard qu'on ne m'y prendrait plus.

22/11/2007

L'amour au temps du cancer

Dans les  années 70, "Love story", film propret, lacrymal et guimauve, mettait en scène un Roméo et une Juliette à la sauce américaine que la leucémie  de l'héroïne  allait promptement séparer.
Rien de tel dans le roman fortement autobiographique de Ray Kluun,En plein coeur.51r7Ut0jZRL
Carmen, Stijn et leur petite Luna  forment une famille  sympathique de bobos à qui tout sourit jusqu'à ce que le cancer du sein de Carmen vienne les frapper de plein fouet.
De nombreux romans traitent du même thème mais en génral nous avons le point de vue de l'héroïne (  je pense  en particulier au très beau crabe sur la banquette arrière).Ici les événements sont envisagés du point de vue du conjoint car il s'agit " de notre cancer"  et de ses répercussions sur leur couple.
Pas de bons sentiments faux-culs  dans ce roman mais  une approche frontale de la maladie, tant par les  soignats que par le  narrateur qui ne se donne pas le beau rôle sa "monophobie aiguë" (en clair ses aventures extra-conjuguales) lui  servant d'exutoire à ce qu'il  vit  chez lui. Et pourtant, comparé  à  d'autres hommes qui fuient lâchement devant les épreuves il sera là  jusqu'au bout...
Les souffances tant physiques que morales de Carmen ne nous sont pas épargnées mais sans aucun voyeurisme  et l'organisation de la mort de carmen (l'euthanasie à la maison étant possible aux Pays-Bas) est un moment poignant.
Un thème difficile mais un point de vue original  et fort.

l'avis de Cuné que je remercie encore .

21/11/2007

Ils nous en font voir de toutes les couleurs !

Michel Pastoureau, historien et anthropologue et Dominique Simonnet,romancière et essayste,dialoguent autour des couleurs et c'est savoureux !21OwzMj3UXL
Le petit livre des couleurs,beaucoup plus facile à lire que Bleu de Michel Pastoureau, lui aussi sorti en poche, est truffé d'informations concernant le  bleu consensuel,le rouge, le blanc,le  vert,le jaune (dont Pastoureau annonce le  grand retour), le noir,et les  demi-couleurs (gris pluie, rose bonbon).
Ce livre est une mine d'informations ! On  y apprend que les maillots de foot en France  sont devenus verts ou jaunes sous l'influence des pays d'Amérique latine , que le petit chaperon rouge, blanche-neige ou  encore  le corbeau et le renard peuvent s'interpréter par les trois couleurs de  base anciennes que sont le rouge,le noir et le blanc...et que d'ailleurs ,longtemps les mariées  ont été vêtues de rouge.
Avec ce petit livre nous ne regarderons plus les couleurs qui nous entourent  de lamême manière!

20/11/2007

l'amour sous les bombes

"Combien de temps allait-on encore laisser cette guerre tout gâcher? On avait été tellement patient. A vivre dans l'obscurité. A vivre sans  sel, sans parfum. A ne se nourrir que de petites rognures de joie, comme des croûtes de fromage..."41WoNTSEH_L
La  guerre, c'est la seconde guerre mondiale , toile de fond de Ronde de nuit de Sarah Waters.La guerre vécue à Londres, principalement par des femmes bien décidées à survivre et à profiter de chaque instant, la proximité de la mort aiguisant leur sensations et leurs sentiments amoureux.Un monde où les femmes ont pris la place des hommes partis au front et où elles affrontent la souffrance et la mort.
Trois grandes parties nous font remonter le temps (1947, 1944, 1941)  et dévoilent progressivement les mystères de chaque personnage. Je dois dire que j'ai été bluffée par l'art de l'auteure qui fait ainsi rebondir le  récit, détruisant au fur et à mesure les hypothèses que j'avais échafaudées, sans que cela sonne faux , bien au contraire,car cela donne une  densité encore plus grande au récit.
On suit dans un Londres parfaitement reconstitué, où les détails  de la  vie quotidienne sonnent justes, les pérégrinations et les amours de Julia, Helen et Kay. On souffre avec Viv, amoureuse d'un père de famille lâche (et à qui j'aurais volontiers donné une paire de baffe), Viv qui sait déjà que tout est joué pour elle qui vient d'un milieu modeste : "On essaie  de faire quelque chose  de notre  vie ,et la  vie nous en empêche, nous fait des croche-pieds". Viv qui a un frère sensible et plein de mystères aussi...
Un très beau portrait de Londres et de ses habitants , secrétaires acharnées, ambulanciers courageux ou prisonniers hauts en couleurs...Un monde  grouillant de vie malgré les bombes.Une écriture sensible et délicate, d'une grande puissance évocatrice , un récit plein de rebondissements, Sarah Waters est vraiment une très grande romancière.Normal ,elle est anglaise !

19/11/2007

Un drôle de p'tit bonhomme

Herman a 10 ans.Herman est entouré d'une famille aimante, un père grutier qui lui fait croire qu'il peut voir l'Amérique,une mère affectueuse qui lui tricote des bonnets de laine, un grand-père malicieux qui ne quitte plus son lit mais écoute attentivement et conseille son petit-fils. Herman vit dans un monde où l'imaginaire et la poésie  sont très présents mais la réalité va le frapper de plein fouet car ce p'tit bonhomme va perdre tous ses cheveux.9782253119371
Etre chauve à 10 ans et devoir affronter les regards des autres voilà qui n'est pas facile. Les rapports s'en trouvent faussés et souvent le gamin réagit avec agressivité ou prend de la distance parlant de lui en utilisant le pronom "on"  ce qui crée des dissonances dans le texte.
Dans un premier temps,histoire personnelle oblige, je suis restée en retrait par rapport à ce roman de Lars Saabye Christensen, dont j'avais adoré Le demi-frère. Puis le texte a infusé en moi et je me retrouve la gorge serrée en train d'écrire  sur ce texte sans sensiblerie qui montre aussi des parents désorientés par rapport à la souffrance  psychique de leur fils et je me dis  que je me suis bien faite avoir une nouvelle fois par cet auteur !
En prime, vous saurez tout sur les différents estomacs de la vache, sujet que j'avais appris  il y a  bien longtemps et qu'Herman révise pour l'école.
Pour voir la photo de l'auteur c'est chez Gachucha